Les frères Yalo "enlevés" et emmenés vers des lieux inconnus (avocat)

BANGUI, 3 jan 2004 (AFP) - 15h37 - Le colonel Danzoumi Yalo, chef de la sécurité rapprochée du président centrafricain, et son frère aîné Sani Yalo, tous deux arrêtés fin décembre, ont été emmenés samedi de leurs lieux de détention vers une destination inconnue, a indiqué leur avocat, parlant d'"enlèvements".

"J'étais allé ce (samedi) matin à la gendarmerie (où il est détenu, ndlr) pour rencontrer le colonel Danzoumi Yalo", a expliqué Me Mathias Morouba à l'AFP à Bangui. "Mais à ma grande surprise le +colonel Daz+ (surnom du colonel Yalo) n'était plus là".

"Aucune explication ne m'a été fournie à son sujet", a expliqué l'avocat, ajoutant que Sani Yalo, détenu lui à la Section d'enquête, de recherche et de documentation (SERD), police politique rattachée à la présidence, avait également été emmené vers un lieu non précisé.

"J'ai continué à la SERD où il m'a été dit que c'est le directeur général de sécurité présidentielle, qui est venu prendre Sani Yalo à bord de son véhicule, pour une destination inconnue", a-t-il affirmé.

"Je suis inquiet, parce qu'il s'agit ni plus, ni moins, d'enlèvements, et j'appelle ça des enlèvements, parce qu'aucun acte juridique n'autorise leur déplacement de cette façon. C'est très inquiétant pour leur sort", a poursuivi Me Morouba.

Danzoumi Yalo, bras droit du chef de l'Etat centrafricain François Bozizé du temps où il dirigeait la rébellion qui l'a porté au pouvoir le 15 mars dernier à Bangui et devenu depuis responsable de sa sécurité rapprochée, a été arrêté le 23 décembre, en même temps que son frère aîné, un homme d'affaires impliqué en 1999 dans un scandale financier qui lui avait valu d'être recherché sous l'ancien régime.

Tous deux étaient, lors de leur arrestation, accusés de complot, avait indiqué un membre de leur famille lors de leur interpellation.

Au début de cette semaine, le procureur du Tribunal de Bangui, Firmin Féïndiro, avait toutefois indiqué que les deux frères se voyaient reprocher la détention, le port et l'usage illégaux d'armes et munitions.

"Si on ne parle plus de coup d'Etat, mais de détention d'armes et munitions de guerre, c'est une infraction de droit commun. Donc leurs auteurs ne sauraient être traîtés de cette manière", a estimé l'avocat des frères Yalo.

"Ils sont encore innocents, la justice doit s'appliquer dans les normes. Pas de cette façon. Je crains pour leur vie", a-t-il ajouté.

Aucune inculpation formelle n'a été prononcée contre les deux hommes depuis leur arrestation.

Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 18