Les syndicats annoncent des actions "d'envergure" à partir du 18 décembre 2000

Le durcissement des actions est annoncée. Le MLPC somme le gouvernement de régler au plus vite le problème des salaires. Les jeunes des quartiers de Bangui y compris MLPCistes, les étudiants, les enseignants, les travailleurs du privé tendent à rentrer dans la danse : le risque non seulement d'implosion mais d'explosion se précise. Tout tourne autour des salaires non payés. Tout tourne autour des millions de dollars qui ne reviennent pas en Centrafrique. La misère avec son cortège de maladies dites de "courte durée" alimentent quotidiennement les conversations. Des polémiques stériles voire attisés divertissent, détournent l'attention des véritables maux qui minent le pays bien placé pour la descente aux enfers.

Les principales centrales de la fonction publique centrafricaine, en grève depuis le 2 novembre, ont annoncé mercredi le lancement "d'actions d'envergure" à partir du lundi 18 décembre pour obtenir la satisfaction de leurs revendications salariales.

"Nous avons recensé un certain nombre d'actions proposées par la base", ont indiqué les dirigeants syndicaux à l'issue d'une assemblée générale de plusieurs heures qui s'est tenue à la Bourse du travail de Bangui.

"Ce seront des actions pacifiques de grande envergure, mais dures", ont ajouté ces dirigeants qui ont précisé qu'une liste de ces actions serait rendue publique au cours d'une nouvelle assemblée générale fixée pour samedi prochain, a-t-on appris de même source.

Les responsables de deux centrales syndicales ont néanmoins expliqué à un journaliste de l'AFP qu'ils préparaient des occupations de bâtiments ministériels, voire un "sit-in", devant le palais de la présidence à Bangui.

"Nous excluons toujours la violence, mais si la base l'exige, nous pourrons doser nos actions pour mettre le gouvernement à genoux", ont-ils affirmé par ailleurs.

L'ancien président David Dacko (1960-1965 et 1979-1981), qui assistait à l'assemblée générale, a pris la parole à sa demande avant d'être interrompu et conspué par des participants qui l'ont accusé d'être responsable de la "descente aux enfers du pays en acceptant de laisser le pouvoir aux militaires".

En 1981, le président Dacko avait laissé la place au général André Kolingba après avoir remporté une élection présidentielle contestée par l'opposition de l'époque.

Plusieurs dizaines d'élèves et étudiants centrafricains ont également tenté, sans succès, de prendre la parole. Devant le refus des dirigeants syndicaux, ces élèves ont jeté des pierres sur des véhicules de l'administration pour exprimer leur "mécontentement sur les mauvaises conditions d'enseignement dans les établissements publics", a constaté l'AFP.

La voiture du ministre de l'Intérieur, Maurice Regonessa, qui passait à proximité de la Bourse du travail, a également essuyé des jets de pierres.

Cette "coïncidence" a été interprétée par les syndicats comme un "montage" du parti présidentiel, le Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC, au pouvoir), pour discréditer et déstabiliser leur mouvement.

Depuis le 2 novembre, une grande partie des 17.000 agents de l'Etat centrafricain est entrée en grève pour réclamer le "paiement immédiat" de 12 mois d'arriérés de salaires, présenté comme condition préalable à toute négociation.

L'Organisation des femmes centrafricaines (OFCA), qui regroupe toutes les organisations non-gouvernementales féminines du pays, a par ailleurs annoncé mercredi à la radio nationale une "grande marche pacifique" le jeudi 14 décembre à Bangui, en signe de solidarité avec les fonctionnaires.

(Afp, Bangui, 13 décembre 2000 - 18h01)

Actualité Centrafrique - Dossier 3