Retour au calme à Bangui note le général Amadou Toumani Touré, et vers une dissolution de la formation politique RDC du général Kolingba


Le parti du général Kolingba suspendu trois mois avant dissolution
(AFP, Bangui, 2O juin 2001 - 19h28)

Les activités du Rassemblement démocratique centrafricain (RDC, opposition), un parti fondé par le général André Kolingba, auteur du coup d'Etat manqué du 28 mai, ont été suspendues pendant trois mois par un arrêté ministériel rendu public mercredi.

Le RDC est suspendu pour "atteinte à la sûreté intérieure de l'Etat" et "troubles à l'ordre public", indique cet arrêté du ministère centrafricain de l'Intérieur lu à la radio nationale.

"Une procédure de dissolution du parti sera engagée devant les tribunaux compétents", tandis que "les locaux dudit parti politique sont déclarés fermés jusqu'à nouvel ordre", précise le texte officiel.

La dissolution du RDC avait été recommandée le 13 juin par le président de l'Assemblée, Luc Appolinaire Dondon Konomabaye, estimant que le général Kolingba avait réclamé "la paternité du coup d'Etat manqué".

Première formation politique de l'opposition, le RDC comprend officiellement 20 députés sur les 109 parlementaires à l'Assemblée nationale. Il ne reste toutefois plus que 18 députés élus sous l'étiquette RDC depuis le décès courant mai de Janvier Ngokouzou et l'exécution, au lendemain de la tentative de putsch, de Théophile Touba, soupçonné d'avoir participé à cette opération.

Parti unique de 1986 à 1991, le RDC a été fondé par l'ex-président Kolingba (1981-1993), aujourd'hui en fuite et dont la tête a été mise à prix par l'actuel chef de l'Etat Ange-Félix Patassé.


Le général Amadou Toumani Touré salue le retour au calme à Bangui
(AFP, Bangui, 2O juin 2001 - 19h05)

L'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU en RCA, le général Amadou Toumani Touré, s'est "réjoui" mercredi du retour au calme à Bangui et du "dégel" des relations entre Bangui et Kinshasa après la tentative de coup d'Etat du 28 mai.

"Je dois dire que je me réjouis du retour du calme à Bangui et je pense que la normalisation n'est pas seulement nationale, elle est aussi internationale", a déclaré l'ancien président malien dans un entretien à la radio associative N'Deke Luka.

L'envoyé spécial de l'ONU, arrivé le 12 juin dans la capitale centrafricaine pour atténuer les tensions dans le pays nées de ce putsch manqué, a également salué les mesures prises par le ministre de la Défense et le chef d'Etat major de l'armée pour garantir la sécurité et la tranquillité de la population.

"En tant que soldat, j'approuve ces mesures", a-t-il dit, manifestant tout de même des inquiétudes quant à leur application par "certains soldats qui, dès qu'ils soulèvent le coude, se mettent à tirer pour troubler la quiétude de la population".

Le chef d'état-major des Forces armées centrafricaines (FACA), le général François Bozizé, avait annoncé le 17 juin la mise en place d'un "contrôle physique" des militaires centrafricains et décidé d'organiser des patrouilles militaires de jour comme de nuit.

L'envoyé spécial de l'ONU a enfin noté le "dégel entre la RCA et la République démocratique du Congo (RDC)": "j'ai appris qu'une délégation de Kinshasa est venue à Bangui et a rencontré le président Ange-Félix Patassé. Il faut que les frères continuent à se parler pour lever toute équivoque", a-t-il déclaré.

Dès l'annonce de la tentative de coup d'Etat, le régime de Bangui avait reçu l'appui militaire du mouvement rebelle congolais de Jean-Pierre Bemba, s'attirant la colère à peine voilée de Kinshasa qui avait convoqué le 4 juin l'ambassadeur centrafricain en RDC pour s'expliquer sur ce soutien militaire.


Le président de l'Assemblée nationale réclame une commission d'enquête
(AFP, Bangui, 19 juin 2001 - 18h25)

Le président de l'Assemblée nationale en Centrafrique, Luc Appolinaire Dondon Konamabaye, a "vivement recommandé" mardi la création d'une commission parlementaire d'enquête sur la tentative de putsch manqué du 28 mai, a rapporté la radio nationale centrafricaine.

Cette commission devra avoir deux "missions": établir les "responsabilités des uns et des autres, surtout en ce qui concernerait certains de nos collègues", et "aider à la normalisation et à la pacification des relations publiques", a expliqué le président de l'Assemblée.

"L'examen du rapport de cette commission sera du ressort de la justice", a précisé M. Dondon Konamabaye, qui s'exprimait à l'ouverture d'une session extraordinaire de l'Assemblée.

La création d'une éventuelle commission parlementaire d'enquête doit faire l'objet d'un texte de loi conformément à la Constitution, soulignent les observateurs.

Le président de l'Assemblée semble par ailleurs convaincu de l'implication de plusieurs députés dans le putsch avorté. Vingt députés - sur les 109 que compte le Parlement - appartiennent au Rassemblement démocratique centrafricain (RCD, opposition), le parti de l'instigateur du putsch, l'ex-général André Kolingba, aujourd'hui en fuite.

Depuis la reprise du contrôle de Bangui par les forces loyalistes, un seul élu du RCD, Théophile Touba, a été victime des opérations de "ratissage" des forces loyales au président Ange-Félix Patassé.

Le député avait été arrêté et exécuté par des hommes armés non identifiés qui le soupçonnaient, selon des sources militaires et policières ayant requis l'anonymat, d'avoir participé activement à l'organisation du coup d'Etat.

La capitale Bangui a par ailleurs retrouvé mardi une partie de ses activités normales, grâce notamment à la réouverture de certains établissements scolaires et bureaux administratifs, a constaté le correspondant de l'AFP.

Les contrôles sur la voie publique sont néanmoins toujours visibles, en particulier sur les avenues Boganda et Dacko où des militaires fouillent systématiquement les sacs des voyageurs à la recherche d'armes cachées.


Actualité Centrafrique - Dossier 5