Centrafrique, déception à déception sans tribalisme

Date: Mercredi, 11 Jul 2001

Bonjour à toutes et tous,

Je suis franchement déçu par les prises de position des uns et des autres au sujet de ce qui passe en ce moment en Centrafrique , ce beau pays que j'aime tant. Toute ma vie j'ai lutté pour l'avènement d'un Centrafrique débarrassé de tout ce qui pouvait le polluer. J'ai sacrifié ma jeunesse, mes enfants pour ce pays. Et aujourd'hui, à 53 ans, je me rends compte que je me suis trompé dans les choix que j'ai faits. J'en veux un peu au Colonel Mbongo de m'avoir entraîné dans cette aventure, mais le colonel pouvait-il savoir à quel point les fils de ce pays avaient de grandes capacités de nuisance ? J'ai été, dans les années Bokassa ce que Mbongo appelait en langage militaire l'estafette des FORCES ARMEES. Je puis affirmer aujourd'hui que MBONGO, MANDE, LINGOUPOU, KOLIGNAKO et MANDABA voulaient effectivement renverser BOKASSA pour mettre à le tête de l'Etat un certain ANGE PATASSE alors ministre du Développent rural sans tenir compte de son appartenance ethnique. J'ai personnellement participé à un pique-nique organisé par le Colonel MBONGO sur une île au large de Bangui auquel PATASSE était convié et où il devait être informé de ce qui se tramait. Je possède des photos de ce pique-nique. Quelqu'un a informé BOKASSA et par mesure de sécurité c'est à moi que le Colonel MBONGO a demandé de ramener PATASSE à son domicile. PATASSE était accompagné d'une de ses copines d'origine camerounaise qui habitait chez MALENDOMA.

PATASSE était perçu par tous comme étant l'homme de la situation et cela était vrai. J'ai connu KOLINGBA par le canal de MBONGO en même temps que j'avais été présenté à GUIPY qui avait un grade inférieur. Après la mort de MBONGO j'ai continué la lutte en créant avec Jean-Marie BASSIA un des premiers partis d'opposition à BOKASSA. Nous avions été rejoints par d'autres dont LUTHER MBATOUBE. J'ai personnellement financé la création du MLPC par l'intermédiaire de Emmanuel YOKA avec lequel nous jetions les tracs du MLPC à bord de ma propre voiture et tout cela au temps de BOKASSA. C'est par l'intermédiaire de YOKA que j'ai fait la connaissance de MAZETTE avec lequel j'ai lié un indéfectible lien d'amitié. J'ai participé à Yaoundé avec FRANCOIS PEHOUA, JONAS YOLOGAZA, AUGUSTE TENEKOEZOA à la préparation du séminaire national de réflexion et le discours de DAVID DACKO qui annonçait le pluralisme politique en Centrafrique a été entièrement préparé à Yaoundé par notre équipe. J'ai été avec MAZETTE les animateurs du secrétariat permanent du CONSEIL POLITIQUE PROVISOIRE (CPP) et c'est moi qui ai signé la lettre adressée au gouvernement de Simon Narcisse BOZANGA annonçant la création de ce CPP qui regroupait le MLPC, le FPO-PT, le candidat indépendant PEHOUA et le parti de MAIDOU HENRI. On devrait retrouver aujourd'hui cette lettre historique dans les archives nationales, car c'est la création du CPP qui avait eu raison de DACKO et surtout de Simon Narcisse BOZANGA (SINABOZ)

J'affirme ici qu'il n'a jamais été question de tribalisme dans nos rangs. Alors qu'est-ce qui se passe aujourd'hui ?

J'avais travaillé avec KOLINGBA en toute indépendance en gardant mes relations avec ce qui était alors l'opposition. Il ne pouvait en être autrement. PATASSE était mon beau-frère par alliance, je considérai MBAIKOUA comme un père, MAZETTE était mon ami et j'avais une copine 100% MLPC.

En 1982 après le coup d'état manqué j'ai été envoyé à MOUNDOU par KOLINGBA pour persuader l'adjudant chef BOBET de rentrer a Bangui avec tous les gens qui étaient avec lui. Sur ma route, j'ai rencontré KOSSI BELLA à PAOUA déguisé comme c'est pas permis. C'est mon ami et mon homonyme. Nous avons fait la route jusqu'à MOUNDOU en passant par GOREE ou nous avons passé la nuit dans une grande case mise à le disposition du MLPC par les tchadiens. Mes discussions avec BOBET avaient été houleuse. Je n'avais pas réussi à le convaincre. A mon retour à Bangui j'avais fait tout ce qui était en mon pouvoir pour faire libérer les militants du MLPC arrêtés au lendemain du coup d'état. Je dois dire aujourd'hui un grand merci à François GUERET alors Haut Commissaire d'Etat et à Jean-Louis GERVIL-YAMBALA. François GUERET et moi avions dressé la liste des prisonniers grâce aux renseignements fournis par Charlotte FAYANGA. Nous avions préparé nous mêmes le projet de décret que nous avons fait signé directement par KOLINGBA sans passer par le canal habituel. Le document signé a été donné en main propre au ministre de la justice qui devait faire procéder rapidement à l'élargissement des prisonniers. Tout l'état major personnel de KOLINGBA n'a appris cette libération que par les ondes de radio Bangui. Tout le monde avait été pris de court. C'est un des coups dont je suis particulièrement fier. Par contre j'ai été pris de court par l'enlèvement de BOZIZE. Je passais mon temps à dissuader les uns et les autres de ne pas attenter à la vie de Patassé à LOME sans me soucier du cas BOZIZE. En 1993 j'ai écrit une lettre ouverte au Président KOLINGBA et j'avais tout naturellement demandé à mon ami MAZETTE de le faire distribuer. Cette lettre est toujours d'actualité.

J'affirme ici que KOLINGBA avait toujours été contre une atteinte à l'intégrité physique de PATASSE. Je crois qu'il y'a un énorme malentendu entre les deux hommes. KOLINGBA par mon intermédiaire et celui de GASTON KONGOLO a personnellement (bien qu'indirectement) assuré la protection de PATASSE lorsqu'il était Chef d'Etat Major des FACA. C'est moi qui gardait les armes et c'est encore moi qui envoyait les soldats mis à ma disposition par KOLINGBA toujours par l'intermédiaire de KONGOLO pour assurer discrètement la sécurité de PATASSE et aussi de ABEL GOUMBA.

Je dis cela aujourd'hui parce que je trouve assez surprenant ce qui se passe en ce moment.

Bien à vous.

Denis MBALLA


Actualité Centrafrique - Dossier 5