Le MLC a "terminé" sa mission à Bangui aux côtés des forces loyalistes (Jean-Pierre Bemba)

Le chef rebelle congolais Jean-Pierre Bemba a ordonné jeudi le départ de ses troupes de Bangui, estimant que leur mission aux côtés des forces loyalistes centrafricaines après la tentative de coup du 28 mai était "terminée", a-t-il annoncé à l'AFP.
"Notre mission à présent est terminée. Ordre a été donné aux troupes de rentrer sur notre territoire", a déclaré par téléphone le chef du Mouvement de libération du Congo (MLC, rébellion) qui contrôle le nord et le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), frontalier de la Centrafrique.
"Nous sommes intervenus en République centrafricaine, précisément à Bangui, à la demande d'un pouvoir légitimement élu afin de rétablir les institutions républicaines", a ajouté M. Bemba.
Selon lui, un bataillon de 700 rebelles congolais sont venus soutenir l'armée centrafricaine contre les auteurs du putsch manqué du 28 mai. Ils étaient jeudi en train de quitter Bangui, dont le régime du président Ange-Félix Patassé a repris le contrôle total.
"Notre mission consistait à rétablir avec les forces loyalistes la paix, la sécurité et la stabilité de Bangui", a-t-il indiqué, assurant que ses hommes avaient notamment assuré la sécurité des bâtiments de l'ambassade de France, dans laquelle se trouvaient de nombreux Français.
De nombreux témoins ont cependant accusé les rebelles congolais d'avoir pillé et mis à sac certains quartiers de la capitale centrafricaine.
"Tous les cas d'indiscipline commis par nos troupes seront sanctionnés", a assuré M. Bemba.

(AFP, KIGALI, 7 juin 2001 - 10h25)


Kinshasa surpris par les relations entre la RCA et le MLC
(PANA, Kinshasa, RD Congo, Jeudi 7 Juin 2001

Le ministre congolais de la Communication et Presse, porte-parole du gouvernement, M. Kikaya Bin Karubi, a récemment exprimé la surprise de Kinshasa sur les relations que le régime centrafricain entretient avec le Mouvement le libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba.

Cette surprise est accentuée par le silence de la communauté internationale à propos de l'intervention à Bangui des troupes de cette fraction rebelle aux côtés de l'armée centrafricaine contre les mutins de l'ex-président André Kolingba.

Selon M. Kikaya, le gouvernement congolais rendra publique prochainement une déclaration sur ces relations et sur cette intervention de troupes rebelles congolaises à Bangui.

Sur le terrain dans la capitale centrafricaine, des sources médiatiques contactées mercredi à Kinshasa faisaient état d'une ""situation préoccupante"", principalement dans les quartiers sud- est de Bangui où l'on entendait encore des tirs à l'arme lourde de l'armée nationale qui poursuivait ses ratissages visant à déloger les groupes des mutins de leurs positions.

Des témoins sur place, interrogés mercredi par les mêmes sources, ont fait état de ""destructions des maisons et de pillages"" perpétrés par les forces du MLC de Jean-Pierre Bemba.

Ces dernières ont emporté tout sur leur passage, a affirmé un habitant de Bangui sur les antennes de la Voix de l'Amérique (VOA).

On rappelle que ces troupes avaient été appelées à la rescousse par le gouvernement de Bangui pour rétablir l'ordre après le putsch manqué des 26 et 27 mai dernier. Elles sont aujourd'hui accusées par des témoins sur place de commettre des pillages et exactions sur la population civile.

Dans les quartiers sud-est de Bangui, les pillages qui avaient repris le week-end et s'étaient poursuivis jusqu'en début de semaine visaient principalement les habitations des proches de l'ex-président Kolingba, ont affirmé mardi et mercredi des témoins.

Le porte-parole de la présidence centrafricaine, M. Prosper

Ndouba, indiquait mardi que le gouvernement de la RCA avait pris ""plusieurs mesures pour garantir la sécurité des biens et des personnes"" et démentait que les exactions soient dirigées contre des proches de Kolingba.

""La situation humanitaire est des plus déplorables"", a indiqué un autre témoin sur la VOA, relevant que plus de 40 à 50.000 personnes sont sur les routes, fuyant les quartiers sud- est vers la zone sud-ouest.

L'opinion centrafricaine à l'intérieur ou à l'extérieur du pays est inquiète de la situation à Bangui et se mobilise pour dénoncer ""ces forces extérieures qui pillent, violent et tuent une population sans armes prise en otage dans ce conflit"".

Des sources médiatiques ont annoncé à ce propos une mobilisation de la diaspora centrafricaine à Paris, Orléans et New York.

Un porte-parole de l'ONU cité par la VOA a affirmé à New York que l'organisation onusienne voulait éviter de gâcher le temps et les ressources investis en RCA par la communauté internationale.

""Si la situation se dégrade en Centrafrique, l'ONU sera obligée de remettre en question l'efficacité de son action dans ce pays"", a fait savoir la même source, rappelant que Kofi Annan vient de désigner l'ancien président malien, le général Amadou Toumani Touré comme son représentant dans la crise centrafricaine.

Ce dernier est chargé de se rendre sur le terrain ""d'ici à vendredi"" pour créer les conditions d'un dialogue politique, en appelant au calme les parties en conflit, a indiqué la même source.

On rappelle que M. Amadou Toumani Touré n'est pas étranger au problème centrafricain pour avoir conduit la force de paix en RCA, à la suite des événements survenus dans ce pays en 1996-97.


Actualité Centrafrique - Dossier 5