Le professeur Abel Goumba déplore la suspension du RDC : "décision précipitée"

Par Jules S. Gueye (Envoyé spécial de la PANA - Bangui, 21 juin 2001 )

Le professeur Abel Goumba, député, président du Front patriotique pour le Progrès (FPP, opposition), a déploré la décision du gouvernement centrafricain de suspendre pour trois mois le Rassemblement démocratique centrafricain (RDC) de l'ex-général André Kolingba, principal instigateur de la tentative de putsch du 28 mai dernier.

La mesure de suspension du RDC avait été annoncée mercredi, rappelle-t-on.

Le PR Abel Goumba juge cette décision ""précipitée"". ""Notre souci premier doit être de tout faire pour ramener la confiance et le calme et non de prendre des mesures de nature à envenimer la situation"", a-t-il souligné, jeudi, dans un entretien avec la PANA.

""Le chef de l'Etat a dit lui-même que la tentative de coup d'Etat était l'action d'une personne et d'un groupe, il faut donc circonscrire le problème autour de ce noyau et non l'étendre à tout un parti"", a-t-il ajouté. Le RDC est le deuxième parti d'opposition. Il compte 19 députés sur les 108 de l'Assemblée nationale centrafricaine depuis la mort d'un de ses membres, Théophile Touba, tué durant

Le PR Abel Goumba a par ailleurs déploré les exactions contre les Yakomas, l'ethnie de M. André Kolingba. Le leader du FPP craint notamment, qu'acculés, ces derniers ne se réfugient dans les pays limitrophes pour développer une guérilla qui en péril l'ensemble de la sous-région. 


Des bureaux de l'Assemblée nationale saccagés
Par Jules S. Gueye (Envoyé spécial de la PANA - Bangui, 21 juin 2001)

Bangui, Centrafique (PANA) - Plusieurs bureaux de l'Assemblée nationale centrafricaine ont été mis à sac par des inconnus dans la nuit du mercredi à jeudi, a-t-on constaté sur place

Les visiteurs, qui ont déjoué la vigilance des soldats placés devant l'entrée, ont particulièrement visé le cabinet du président, Luc Apollinaire Dondon Konamabaye (MLPC, au pouvoir), les bureaux des 2ème et 3ème vice-présidents ainsi que de celui du secrétaire général.

De fait, la réunion entre les partis politiques et l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU, le général Amadou Toumani Touré, n'a pu commencer à l'heure prévue, 10 heures locales (9h GMT).

Le fait que rien n'ait été emporté par les visiteurs a intrigué certains leaders politiques qui ont refusé pénétrer dans les locaux, n'écartant pas l'hypothèse d'une bombe.

La réunion, qui sera transférée ailleurs, se tiendra sans les représentants du Rassemblement démocratique centrafricain (RDC) et l'ex-général André Kolingba, dont la suspension pour trois mois a été annoncée mercredi.


Centrafrique: M. Patassé suspend le RDC et s'en prend à nouveau à la France --par Joseph Benamssé
(AP, Bangui, 21 juin 2001 -- 16h43)

Le président centrafricain Ange-Félix Patassé a prononcé jeudi la suspension pour trois mois du parti de l'ancien dictateur André Kolingba et fait interpeller plusieurs de ses sympathisants réunis devant le siège du Rassemblement démocratique centrafricain (RDC).

Depuis le putsch raté du 28 mai, le régime accuse le général Kolingba -aujourd'hui introuvable- d'en être l'auteur et d'avoir été soutenu par la France, ce que cette dernière dément. Certains affirment que Kolingba, au pouvoir entre 1981 et 1993, est mort ou s'est réfugié au Congo voisin. Sa tête a en tout cas été mise à prix pour 25 millions de francs CFA (250.000FF).

La suspension du RDC a été prononcée le temps que les autorités enquêtent sur le coup d'Etat raté. Dans les jours qui l'ont suivi, les forces gouvernementales ont mené des opérations de ratissage dans la capitale et jusqu'au camp Kassaï, la principale caserne de la ville, qui se sont soldées par plusieurs dizaines de morts.

M. Patassé a par ailleurs menacé de porter plainte contre la France devant la Cour internationale de justice (CIJ) à La Haye, accusant Paris d'avoir fait livrer des armes aux mutins. Toutefois, ni la CIJ, ni la France n'étaient au courant jeudi d'une telle initiative.

Le 8 juin dernier, le ministère français des Affaires étrangères avait fait savoir que "les allégations mettant en cause la responsabilité de la France dans les événements qui se sont déroulés" à Bangui "sont dénuées de tout fondement". Il avait rappelé que la France avait condamné "avec force et dès la première heure la tentative de coup d'Etat perpétré contre les autorités légitimes" de la République centrafricaine.

L'élection de M. Patassé en 1993 a mis fin à 12 ans de dictature sous le général Kolingba dans cette ancienne colonie française qui est l'un des pays les plus pauvres d'Afrique. Depuis 1996, il a déjà fait face à trois grandes mutineries au sein de l'armée, essentiellement motivées pour une question de soldes non payées. Il est à noter que le président Patassé avait reçu à l'époque le soutien des troupes françaises. Le chef de l'Etat avait été réélu en 1999, bien que l'opposition ait dénoncé un scrutin entaché de fraudes. AP


Actualité Centrafrique - Dossier 5