Election présidentielle au Bénin 2001: "Imposture" (pour Adrien Houngbédji) et "mascarade" (pour Nicéphore Soglo)


M. Houngbédji refuse de participer au second tour

(AFP, DJREGBE (Bénin), 19 mars 2001 - 14h50)

Le président du Parlement et candidat désigné au second tour de l'élection présidentielle au Bénin, Adrien Houngbédji, a refusé lundi de participer au scrutin du 22 mars, qu'il a qualifié "d'imposture".

La Commission électorale nationale autonome (CENA) a immédiatement annoncé qu'elle allait demander à celui qui est arrivé quatrième au premier tour, le ministre d'Etat Bruno Amoussou, de le remplacer.

M. Houngbédji, troisième au premier tour du 4 mars avec 12,63% des voix, avait été désigné par la Cour constitutionnelle pour se présenter contre le général Kérékou, après le désistement de Nicéphore Soglo, deuxième du premier tour.

"Il ne m'appartient pas d'apporter ma caution à la mascarade ou de légitimer cette situation d'imposture", a déclaré M. Houngbédji à l'issue d'une réunion avec son bureau politique et ses alliés dans un hôtel de Djrègbé, une localité située entre Cotonou et Porto Novo, la capitale politique du pays à une quarantaine de kilomètres au nord-est de Cotonou.

"Les motifs qui ont justifié la décision de M. Soglo n'ont pas disparu", a souligné M. Hougbédji, évoquant notamment des disparités concernant le nombre d'électeurs dans les chiffres publiés par la Commission électorale nationale autonome (CENA) et la Cour constitutionnelle, ainsi que certaines irrégularités.

"Les fraudes massives sont en passe d'être rééditées, la CENA n'a pas indiqué les mesures qu'elle entendait prendre pour y remédier, je ne peux rien faire d'autre que de rester dans la même logique qui est de ne pas participer", a-t-il déclaré.

M. Houngbédji avait appelé à voter Soglo au deuxième tour, avant que ce dernier ne se désiste, qualifiant lui aussi le scrutin à venir de "mascarade".

Interrogé par l'AFP par téléphone à Cotonou, le président de la CENA, Charles Djrèkpo, a déclaré que "la CENA va envoyer immédiatement une lettre à Bruno Amoussou, l'informant qu'il est candidat, puisque la Cour constitutionnelle nous a autorisés, en cas de désistement, à procéder à la désignation des autres candidats en fonction de leur placement au premier tour".

Concernant la durée de la campagne, qui devait se terminer mardi à minuit, il a répondu que "celle-ci dépendrait des négociations" avec M. Amoussou, ministre d'Etat (Premier ministre de fait), qui avait obtenu 8,59% au premier tour.

M. Amoussou devait organiser une réunion de son Parti social démocrate (PSD), a déclaré à l'AFP Emmanuel Gollou, secrétaire général du PSD. "Nous devrions donner une réponse en fin d'après-midi", a-t-il indiqué lundi.

Le désistement de M. Houngbédji risque de désorganiser une nouvelle fois le calendrier électoral, le deuxième tour ayant déjà été reporté du 18 au 22 mars, alors que se rapproche la fin officielle du mandat du président Mathieu Kérékou, fixée au 5 avril.

 

Présidentielle: le second tour fixé au jeudi 22 mars (selon le ministre de la Justice)

Le second tour de l'élection présidentielle au Bénin a été fixé par le gouvernement au jeudi 22 mars, a indiqué dimanche à l'AFP le ministre de la Justice, Joseph Gnonlonfoun.

"Nous nous sommes à nouveau réunis en conseil des ministres extraordinaire sous la présidence de M. Kérékou dimanche matin et nous avons fixé la date du second tour au 22 mars", a-t-il déclaré.

"Le décret a été transmis au président de la CENA", la Commission électorale nationale autonome chargée de l'organisation des élections.

Un conseil des ministres s'était déjà tenu samedi matin et avait proposé la date du 19 mars, mais ce délai avait été jugé insuffisant tant par la CENA pour préparer matériellement le scrutin que par le probable rival du général Kérékou, le président du parlement Adrien Houngbédji.

Suite au désistement vendredi de Nicéphore Soglo, arrivé second le 4 mars, M. Houngbédji avait été "repêché" par la Cour Constitutionnelle.

La constitution béninoise prévoit qu'en cas de désistement de l'un des deux candidats arrivés en tête au premier tour, c'est celui qui a terminé en troisième position qui peut concourir, en l'occurrence M. Houngbédji (avec 12,63% des voix).

M. Houngbédji a annoncé qu'il ferait connaître sa décision sur sa participation au scrutin dans l'après-midi.

"Je dois bénéficier des conditions qui sont celles de tout candidat dans un système démocratique quel qu'il soit", a-t-il expliqué à l'AFP.

COTONOU, 18 mars (AFP) - 13h04 -

 

Présidentielle: le second tour fixé au 19 mars

Le second tour de l'élection présidentielle au Bénin, qui était prévu dimanche, a été fixé par le gouvernement au lundi 19 mars, a appris samedi l'AFP de source proche de la présidence.

Le conseil des ministre a tenu samedi matin une session extraordinaire présidée par le président sortant Mathieu Kérékou, qui est candidat à sa propre succession.

Au terme de ce conseil, le gouvernement a décidé de convoquer les électeurs le 19 mars.

Selon la même source qui a souhaité garder l'anonymat, "le décret doit être publié incessamment et fait état de la volonté du gouvernement de respecter le délai constitutionnel qui fixe la date butoir pour le scrutin du second tour au 19 mars".

Pour faire face à la préparation matérielle du scrutin, la Commission électorale nationale autonome (CENA) avait demandé samedi matin au gouvernement de reporter le second tour jusqu'à mercredi ou jeudi.

La Cour constitutionnelle avait décidé vendredi que le président du parlement Adrien Houngbéji, arrivé troisième au premier tour du 4 mars, affronterait le président sortant Mathieu Kérékou au second tour, à la suite du désistement surprise de Nicéphore Soglo.

L'ancien président, arrivé second au premier tour, avait décidé peu auparavant de se retirer de la course, considérant qu'il s'agissait d'une "mascarade".

COTONOU, 17 mars (AFP) - 14h13 -

 

Le camp Kérékou appelle les partisans de M. Soglo au calme

L'état-major de campagne du président sortant Mathieu Kérékou a appelé vendredi soir les partisans de Nicéphore Soglo au calme, après le désistement de ce dernier du second tour de l'élection présidentielle.

"Nous voulons prier très respectueusement le candidat et ancien président Soglo d'en appeler à ses militants pour que les menaces, les préparatifs d'actes violents, les propos violents, cessent", a déclaré Lazare Séhoueto, directeur adjoint de campagne du général Kérékou.

"Nous demandons à Soglo, pour l'amour que je suppose qu'il a pour le pays, qu'il veuille bien aider ses militants, le pays, aider notre pays commun, à ne pas aller dans la direction que nous pourrions regretter", a ajouté M. Séhoueto lors d'une conférence de presse au siège de la direction de campagne à Cotonou.

Aucun acte de violence ou incident n'a été rapporté à l'AFP jusqu'à vendredi soir.

L'ancien président béninois Nicéphore Soglo a annoncé publiquement vendredi midi qu'il renonçait à concourir au second tour de l'élection présidentielle de dimanche, qu'il a qualifié de "mascarade", invitant ses sympathisants à ne pas participer au vote si l'élection est maintenue.

COTONOU, 16 mars (AFP) - 19h05 -

 

Nicéphore Soglo se retire de la compétition

L'ancien président du Bénin, M. Nicéphore Soglo, arrivé en seconde position du scrutin du dimanche 4 mars dernier, a annoncé vendredi son retrait de la compétion, qui devait le mettre en lice au second tour de dimanche face au président sortant Mathieu Kérékou.

M. Soglo a remis tôt vendredi sa lettre de désistement à la Cour Constitutionnelle qui venait de rejeter sa requête pour l'annulation du scrutin sur toute l'étendue du territoire national.

Le candidat avait à maintes reprises menacé de boycotter le second tour du scrutin si la haute juridiction n'accédait pas à sa demande de clarification des irrégularités liées au gonflement du nombre des inscrits sur les listes électorales, aux disparités entre les chiffres de la Cour et de la CENA et à l'annulation massive de ses suffrages dans les départements de l'Atlantique et du Littoral, son fief.

La loi prévoit qu'en cas de désistement d'un candidat, les suivants peuvent se présenter dans l'ordre de leur classement après le premier scrutin. Dans cette logique, Me Adrien Houngbédji, arrivé en troisième position et qui avait déjà appelé à voter pour M. Soglo, est constitutionnellement autorisé à remplacer son allié politique.

Cotonou, Bénin (PANA) - 16mars2001


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