Election présidentielle au Tchad (2001): large participation


Les Tchadiens devront patienter pour connaître les résultats du 1er tour

(AFP, N'DJAMENA, 21 mai 2001 - 14h04)

Après avoir massivement voté dimanche, sans incidents majeurs malgré des problèmes d'organisation, les Tchadiens devront patienter plusieurs jours avant de connaître les résultats du premier tour de l'élection présidentielle.

En attendant, certains partis ont commencé à dévoiler lundi matin des résultats partiels. C'est le cas du Mouvement patriotique du salut (MPS) qui fait état, par la voix de sa direction de campagne, de la victoire à 65% de son candidat, l'actuel président Idriss Deby, dans l'ensemble des huit arrondissements de la capitale.

Le candidat Deby serait également en tête dans 21 des 22 bureaux de Bongor (200 km au sud de N'Djamena) et dans la ville de Biltine (extrême est du Tchad), selon cette même source jointe dans la matinée par un journaliste de l'AFP.

De son coté, le président de la Fédération action pour la RépubliqueNgarledjy Yorongar a affirmé avoir remporté 80% des voix dans son fief de Moundou (sud) et être "nettement en tête" dans les 6ème et 7ème arrondissement du sud de la capitale.

"Globalement, les tendances nous sont favorables", a-t-il indiqué à l'AFP.

Les autres candidats n'avaient pas encore réuni à la mi-journée leurs propres estimations.

Les 36 observateurs internationaux déployés dimanche à N'Djamena et dans deux autres villes du pays, Abéché (est) et Faya-Largeau (nord) se sont déclarés "globalement satisfaits" des opérations de vote.

"Le scrutin s'est déroulé dans le calme, la sérénité et la discipline et a connu une participation honorable", a précisé à l'AFP leur porte parole et ancien secrétaire général de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), le Nigérien Idé Oumarou.

"Nous n'avons pas constaté de cas délibéré de fraude", s'est-il félicité tout en estimant que "par leur participation massive, les Tchadiens ont pris conscience de l'enjeu du processus électoral".

M. Oumarou a regretté néanmoins "une organisation laissant parfois à désirer" et l'insuffisance de formation du personnel électoral".

La Commission électorale nationale indépendante (CENI), qui a supervisé les opérations de vote, a, selon le code électoral, jusqu'au 3 juin pour annoncer les résultats provisoires. Les chiffres définitifs doivent être proclamés avant le 18 juin par le Conseil constitutionnel.

L'ensemble des frontières, qui avaient été fermées samedi à minuit (23h00 par le ministre tchadien de l'Intérieur, M. Abderahman Moussa, ont été officiellement réouvertes lundi à midi (11h00 GMT), a-t-il annoncé dans un communiqué.

Plus de 4,5 millions d'électeurs tchadiens étaient appelés aux urnes pour le premier tour de cette seconde élection présidentielle au suffrage universel de l'histoire mouvementé du Tchad. Un second tour sera éventuellement organisé le 1er juillet.

Le président sortant Idriss Deby fait figure de favori de ce scrutin grâce à l'implantation nationale et des moyens dont dispose son parti. Durant sa campagne, il a affirmé qu'il serait élu "sans nul doute" au premier tour.

Ses principaux challengers sont M. Wadal Abelkader Kamougué de l'Union pour le renouveau et la démocratie (URD), qui avait déja recueilli plus de 30% des suffrages au second tour de la présidentielle de 1996 et le candidat de l'Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR), Saleh Kebzabo, arrivé en 3ème position au premier tour avec 8,6% des voix.

M. Yorongar, adepte du fédéralisme pourrait également réaliser un score honorable, selon les observateurs.

En cas d'un éventuel second tour, Idriss Deby devra composer avec le front, pour le moment soudé, de ses adversaires, signataires début mai d'un accord de désistement mutuel des voix.


Présidentielle tchadienne: le Tchad en bref

Le Tchad, qui vote dimanche pour élire son président de la république pour les cinq prochaines années, est un pays de 1.284.00 kilomètres carrés, coincé entre le Niger (ouest), la Libye (nord), le Soudan (est), la République centrafricaine (sud) et le Cameroun (sud-ouest).

Le pays compte 6.610.870 habitants concentrés pour la plupart au Sud, où la végétation est plus fournie et le climat plus clément, le Nord étant plutôt désertique.

L'histoire du Tchad est caractérisée par une instabilité endémique depuis le premier coup d'Etat de l'ère post-coloniale intervenu en 1975 avec le renversement de François Tombalbaye.

Cette histoire est jalonnée de coups de forces qui ont successivement porté au pouvoir Wadal Abdelkader Kamougé, Goukouni Weddeye, Hisséne habré et l'actuel président Idriss Déby.

Ce pays fait présentement face à une rébellion animée au Nord par Youssouf Togoimi à la tête du Mouvement pour la Démocratie et la Justice au Tchad (MDJT).

Le Tchad est considéré comme un des pays les plus pauvres du monde. Jusqu'au lancement récent des chantiers d'exploitation du pétrole de Doba et de l'or, le pays ne disposait d'aucune ressource stratégique et les autorités doivent consacrer les maigres revenus à l'effort de guerre qu'impose la rébellion.

L'économie repose essentiellement sur l'agriculture (coton et arachide) et l'élevage. Ce secteur constitue une part importante au Produit Intérieur Brut (PIB) car il occupe environ 80% de la population et représentait en 1998 38% du PIB, selon une étude du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).

[-0- PANA Ndjaména, Tchad (PANA) -- JSG/AC 19mai2001]

 


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