Les 70 millions de Maghrébins s'engagent dans le mois sacré de jeûne du Ramadan

Trente millions d'Algériens et dix millions de Tunisiens se sont engagés lundi dans le mois sacré de Ramadan précédant de 24 heures leur trente millions de voisins marocains qui ne commenceront à jeûner qu'à partir de mardi. AP

En dépit des efforts de l'Organisation de la conférence islamique (OCI), les pays musulmans ne sont en effet toujours pas parvenus à unifier la date de début et de fin du mois de carême, eux-mêmes décalés d'environ deux semaines, année après année, par rapport au calendrier grégorien.

Dans chaque pays, les autorités religieuses (ministère des affaires religieuses en Algérie et Maroc, "mufti" de la République en Tunisie) fixent donc ces échéances en fonction de l'apparition du croissant lunaire, décelée à l'oeil nu.

Le mois de Ramadan, qui succède à celui de Chaabane dans le calendrier musulman de l'Hégire, est marqué par l'interdiction de boire, manger, fumer ou d'avoir des relations sexuelles du lever au coucher du soleil.

Pour répondre à la fatigue physique ou nerveuse qui accompagne cette abstinence, la plupart des administrations mais aussi des services du secteur privé adoptent un horaire continu permettant aux salariés de regagner leur domicile dès 15H00 ou 16H00.

Au crépuscule, le jeûne est rompu lors d'un repas particulièrement riche et animé, pris le plus souvent en famille ou entre amis qui peut se prolonger dans une ambiance festive jusqu'à une heure avancée.

Au Maroc, la fondation Hassan II pour l'étude du Ramadan, livre chaque année ses recommandations scientifiques pour passer un jeûne "en bonne santé et dans la bonne humeur". Troubles gastro-intestinaux, maux de tête, somnolence et irritabilité, notamment chez les fumeurs, accompagnent en effet ce jeûne religieux dont sont dispensés les malades, les enfants, les femmes enceintes ou indisposées.

Egalement période de grande ferveur religieuse avec l'accomplissement des cinq prières quotidienne et l'organisation de causeries sur l'Islam, le Ramadan est suivi dans les trois pays du Maghreb de façon quasi-systématique, au moins en public. Par crainte des remontrances de leur entourage ou de tracasseries policières, les rares Maghrébins qui continuent de manger et de boire pendant cette période le font à domicile ou partent en vacances à l'étranger.

En Algérie et en Tunisie, bien que le code pénal soit muet à ce sujet, le jeûne est strictement observé, à l'exception de la Kabylie où certains restaurants et cafés restent ouverts pendant la journée, ou de certains grands pôles touristique, comme l'île de Djerba.

Même constat au Maroc où la pression et le contrôle du corps social sont très forts, y compris dans les grandes métropoles comme Casablanca ou Rabat où la plupart des restaurants restent fermés dans la journée et où la vente d'alcool est strictement limitée aux ressortissants étrangers.

En Algérie, tension islamiste oblige, le mois de Ramadan est également associé depuis près de dix ans à une flambée de violence terroriste (1.200 tués en 1997, environ 150 en 1998 et le même nombre en 1999). Avant ces épisodes tragiques, le Ramadan était pratiqué de façon beaucoup plus décontractée: "Il y a 15 ans, il était encore possible de fumer et de boire sur le campus d'Alger", se souvient Samir, 35 ans, chef d'entreprise.
(AP, Rabat, 27/11/2000 - 18:56)

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