Syrte, lieu de naissance de la nouvelle Unité Africaine


Les dirigeants africains vont revenir ici le 1er mars avec la détermination renouvelée de donner libre cours à une idée dont le temps est venu -celle de l'Union Africaine- dans le cadre de leurs efforts ininterrompus pour cimenter l'unité et l'intégration continentales.

Celui qui a donné un coup de fouet à cette idée, suggérée par les premières générations de dirigeants africains, est le chef de l'Etat libyen, le Colonel Mouammar Kadhafi, qui a déployé des ressources importantes pour la réalisation de cet idéal.

Cela a commencé comme un rêve il y a 17 mois (en septembre 1999) à Syrte, dans cette ville du centre de la Libye, où l'Acte Constitutif de l'Union Africaine a été élaboré. Il a par la suite été adopté par le Sommet de l'OUA de juillet 2000 de Lomé, la capitale togolaise.

Le reste appartient maintenant à l'histoire, car après la signature de cet Acte par plus de 44 des 53 Etats membres de l'OUA, les Africains attendent maintenant avec impatience la ratification de l'article 33 de cet Acte, pour que l'Union devienne opérationnelle.

Ce n'est pas par hasard que Syrte a été choisie pour abriter cet évènement qui va faire date dans l'histoire politique de l'Afrique. Cette ville sereine de nomades, qui accueille actuellement 500.000 personnes, et qui n'est pas éloignée du Golfe, est la préférée de M. Kadhafi.

Le fait que Syrte, situé à 450 km de la capitale libyenne, Tripoli, occupe une place spéciale dans le coeur du Guide de la Révolution de 1969 est indubitable, comme en témoigne son excellent réseau routier, l'atmosphère engageante créée par la proximité de la mer et l'architecture des bâtiments.

Alors que les délégués se rendent à Syrte en provenance de Tripoli pour assister au 5-ème Sommet extraordinaire de l'Union Africaine à Syrte, ils sont acceuillis par des slogans encourageants dans des rues décorées de drapeaux et de portraits des dirigeants africains.

Les routes mènent au Complexe Ouagadougou, du nom de la capitale du Burkina Faso où, en juillet 1998, le 34-ème Sommet de l'OUA a pris la décision historique de passer outre l'embargo imposé en 1992 par les Nations Unies contre la Libye.

Ces sanctions comprenant un embargo aérien, maritime et terrestre avaient été infligées à Tripoli par le biais d'une Résolution du Conseil de Sécurité appuyée par les Etats-Unis, à la suite de la destruction en plein vol d'un appareil de la Pan Am, qui avait fait 270 victimes au dessus de la ville écossaise de Lockerbie.

Il a été dit et écrit beaucoup de choses sur cette affaire de Lockerbie, pour laquelle deux libyens ont été jugés aux Pays- Bas, le verdict de ce procés étant l'emprisonnement à vie pour l'un des suspects et l'acquittement pour l'autre.

Tripoli a qualifié ce procès d'injuste et de conspiration politique de l'Occident, mais il ne constitue qu'une partie de l'histoire des relations houleuses entre la Libye et les pays occidentaux, particulièrement les Etats-Unis.

De toute évidence, l'affaire de Lockerbie, qui a figuré au menu des discussions des réunions préparatoires des Ambassadeurs accrédités à l'OUA et de la 73-ème session du Conseil des ministres de l'Organisation, qui se sont tenus à Tripoli, va sûrement retenir l'attention des dirigeants africains présents à l'occasion de Syrte II.

Mais le Complexe Ouagadougou ultramoderne, qui a coûté plusieurs millions de dollars avec une capacité d'accueil de 6.467 sièges, est assez spacieux pour absorber tout échauffement des esprits susceptible de survenir au cours des délibérations des leaders africains qui vont méditer sur l'avenir de leur continent marginalisé.

"Une personne nécessiteuse est un esclave de fait", peut-on lire sur certaines des banderoles qui ornent le mur de marbre du hall principal du complexe. Une autre rappelle que "l'unité africaine est un idéal pour lequel nos pères et nos grand-pères se sont battus et ont souffert le martyre", alors qu'un autre slogan décrit la démocratie comme "le pouvoir du peuple et non une expression populaire".

En plus d'abriter l'organisation de réunions internationales, l'immense complexe est le siège du Congrès Populaire du Peuple Libyen, basé sur le système socialiste dont la cause est embrassé par M. Kadhafi dans son Livre Vert.

Mais, alors que les dirigeants africains arrivent pour le Sommet des 1er et 2 mars, le monde entier a les yeux braqués sur le Complexe Ouagadougou d'où devrait sortir une décision qui pourrait changer la destinée de l'Afrique et de ses ressortissants

(Syrte, Libye (PANA) -0- PANA PE/FJG/MA 28fév2001)

Actualité internationale et africaine 2