La guerre a commencé en Irak, trois séries de raids aériens sur Bagdad

BAGDAD (AFP), jeudi 20 mars 2003, 6h10  - Les Etats-Unis sont entrés en guerre contre l'Irak tôt jeudi, avec de premiers bombardements sur Bagdad, moins de deux heures après l'expiration de l'ultimatum américain pour un départ du président Saddam Hussein.

Le président George W. Bush a annoncé à 22h15 mercredi à Washington (03h15 GMT jeudi) le début des opérations militaires lors d'une brève allocution depuis la Maison Blanche. "En ce moment, les forces américaines et de la coalition sont dans les premières étapes d'opérations militaires pour désarmer l'Irak", a-t-il dit, ajoutant que "la seule façon de gagner le conflit est d'utiliser une force décisive".

Les bombardements, visant des cibles non immédiatement identifiées, ont commencé quelques minutes après le déclenchement des sirènes dans la capitale irakienne, vers 05H35 locales (02H35 GMT). La DCA irakienne est rapidement entrée en action. On pouvait entendre au loin de fortes déflagrations et voir des nuages de fumée s'élevant au-dessus de la périphérie de la ville. Les frappes ont duré à peu près un quart d'heure, puis le calme est revenu.

Environ une demi-heure après le premier raid, Bagdad a été frappé par un deuxième vague de bombardements visant le sud-est de la ville, peu après 03h00 GMT. Des tirs de DCA ont retenti. Une énorme boule de feu et une fumée noire se sont dégagées de cette zone. A 06H36 locale (03H35 GMT), une troisième série de raids a frappé Bagdad

Les premières frappes sur Bagdad ont été de nature limitée en prélude à des opérations militaires plus intenses, a indiqué un haut responsable du Pentagone. "C'est quelque chose de limité (...) Nous en sommes à une phase critique et nous sommes manifestement en train de préparer le champ de bataille".

Des missiles de croisière Tomahawk ont été tirés d'un croiseur, le USS Donald Cook, selon un porte-parole du Pentagone, le major Jim Cassella. Mais des responsables n'ont pas confirmé des informations de télévisions américaines selon lesquelles des bombardiers B-2, B-1 et B-52 ont été impliqués.

La chaîne de télévision américaine CNN a fait état du tir de plus de 40 missiles de croisière. La chaine NBC a précisé que ces premiers bombardements avaient également été réalisés par des avions bombardiers furtifs F-117.

Selon NBC, Saddam Hussein était la cible de la première vague de bombardements, frappes qui auraient été décidées sur la foi d'informations des services de renseignement américains selon lesquelles le président irakien se trouvait dans un bunker à Bagdad, où il dirigeait une réunion de sa direction militaire. Un bunker dans Bagdad a été frappé par une bombe perçante d'une tonne, spécialement conçue pour détruire ce genre d'abri, a précisé NBC. Aucune confirmation de ces informations n'était immédiatement disponible au Pentagone.

Le début des opérations militaires en Irak visait à "décapiter" le régime de Saddam Hussein, voire à tuer le président irakien, avec des missiles de croisière, a affirmé CNN. La thèse de la tentative de "décapitation" a été jugée "très exagérée" par un haut responsable américain.

La télévision d'Etat irakienne a annoncé que Saddam Hussein devait adresser jeudi matin un "important" discours à la nation.

A Sydney, le Premier ministre australien John Howard a annoncé que les forces spéciales australiennes stationnées dans le Golfe avaient commencé à participer à des combats en Irak.

Le commandement central américain installé au Qatar ne signalait cependant aucune activité opérationnelle quelques minutes après la fin de l'ultimatum, tandis que le porte-parole des forces américaines et britanniques massées dans le nord du Koweit, le commandant Chris Hughes, refusait de dire si ces forces allaient franchir rapidement la frontière irakienne. "Comme le président (Bush) l'a dit, ce sera au moment et à l'endroit de notre choix", a simplement indiqué le porte-parole.

"Nous sommes aussi prêts que l'on peut l'être", a répété le commandant Rumi Nielson-Green, un porte-parole militaire américain. L'armée américaine a annoncé, avant même que le conflit n'ait commencé, que 18 soldats irakiens avaient déposé les armes et traversé la frontière pour se rendre aux forces américaines dans le nord du Koweït.

Des avions américains et britanniques ont par ailleurs attaqué mercredi soir sept objectifs militaires dans le sud de l'Irak, mais cette opération est intervenue dans le cadre des "activités habituelles" de patrouilles alliées dans la zone d'exclusion aérienne du sud irakien, selon le ministère britannique de la Défense.

Les Etats-Unis ont déployé dans la région du Golfe et alentour 255.000 hommes, appuyés par plus de 700 avions, des hélicoptères, des navires et des chars. La Grande-Bretagne a mobilisé de son côté dans la région quelque 45.000 soldats pour le conflit qui s'annonce.

Sur le plan politique, George Bush s'est entretenu mercredi avec son principal allié, le Premier ministre britannique Tony Blair. Il a également fait parvenir une lettre aux dirigeants du Congrès américain pour les informer qu'en raison de l'impasse diplomatique, la guerre devait maintenant être envisagée pour assurer la sécurité des Etats-Unis. Tony Blair a déclaré de son côté devant la Chambre des Communes que le changement de régime en Irak était désormais un "objectif" de la guerre, et que les "responsables de haut rang" entourant Saddam Hussein seraient "tenus responsables de ce qu'ils ont fait".

De son côté, le ministre français des Affaires étrangères Dominique de Villepin a renouvelé devant le Conseil de sécurité ses critiques contre une offensive américaine en Irak, soulignant qu'elle risque "d'accroître les fractures dont se nourrissent les terroristes". "Il n'y a pas de légitimité à l'action américaine" en Irak, a-t-il insisté.


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