Villepin en Afrique pour tenter de convaincre les indécis
par Saliou Samb

CONAKRY (Reuters), 11 mars 2003 08:07 - Le chef de la diplomatie française, Dominique de Villepin, a terminé lundi en Guinée une tournée éclair en Afrique sans qu'aucun de ces trois pays siégeant au Conseil de sécurité de l'Onu ne prenne clairement parti dans la crise irakienne.

L'Angola, le Cameroun et la Guinée, visités au pas de charge par le ministre français des Affaires étrangères, font partie des six pays "indécis" du Conseil au sujet d'un projet anglo-américano-espagnol de résolution qui ouvrirait la voie à une intervention militaire contre Bagdad.

Luanda, première capitale visitée lundi par Villepin, a fait savoir qu'elle ne cèderait à aucune pression dans la crise ouverte de l'exécutif de l'Onu.

Yaoundé n'a fait aucun commentaire officiel après le passage du chef de la diplomatie française. Mais la radio publique a rappelé les remarques de l'ambassadeur du Cameroun auprès de l'Onu, qui a dit la semaine dernière que l'Irak n'avait d'une part pas saisi la dernière occasion de désarmer, mais qui a fait d'autre part savoir que le Cameroun était contre la guerre.

La Guinée, qui préside en mars le Conseil de sécurité, a également refusé de prendre position.

"LA FRANCE NE PEUT PAS FORCER SES AMIS"

Villepin a de son côté déclaré à la radio publique camerounaise: "Nous respectons la liberté et l'indépendance du Cameroun, de même que celle de l'Angola et de la Guinée. Nous avons une coopération très étroite car nous sommes amis, parce que nous souhaitons la paix et l'unité de la communauté internationale."

"Il est évident que la France ne peut pas forcer ses amis du Conseil de sécurité à ce sujet. Nous donnerons un exemple, et soulignons donc constamment notre opposition à cette résolution si elle est présentée dans les jours à venir", a-t-il ajouté.

Réaffirmant l'opposition de la France à toute nouvelle résolution qui autoriserait le recours à la force en Irak, à "la logique de guerre", Villepin a souligné en arrivant à Conakry "la responsabilité très importante" des membres du Conseil.

"La France voterait non à un projet de résolution qui ouvrirait la voie à la guerre, voterait non s'il y a une majorité de neuf voix pour cette résolution au conseil de sécurité et voterait non et mettrait son veto s'il y avait un blocage qui s'exprimait au niveau du conseil", a déclaré Villepin.

Même si une guerre en Irak n'aura aucune conséquence directe sur ces trois pays, rien ne permet de dire qu'ils resteront insensibles aux offres commerciales et financières que leur font Paris et Washington.

Les votes de ces trois pays africains pourraient bien dépendre de leurs relations économiques avec les deux camps et des perspectives de ces partenariats. La France est le pays qui offre la plus importante aide bilatérale à la Guinée. Les Etats-Unis sont, eux, le premier partenaire commercial de l'Angola, qui dispose d'importantes réserves de pétrole.

"Nous ne cédons pas aux pressions. Nous discutons au sein du Conseil de sécurité afin de pouvoir trouver la solution la plus viable et la plus justifiable possible", a déclaré aux journalistes à Luanda le ministre angolais des Affaires étrangères, Joao Bernardo de Miranda.

Pour être adoptée, une résolution doit recevoir le feu vert de neuf des 15 membres du Conseil de sécurité sans qu'aucun des cinq membres permanents n'y oppose son veto, ce que Paris et Moscou menacent de faire.


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