Les attaques et les combats du Congo démocratique se concentrent sur la frontière nord vers Centrafrique (Revue de Presse)

Les combats en République démocratique du Congo (RDC) prennent un tournant dangereusement grave pour la République Centrafricaine, tant sur le plan humain que militaire. Des milliers de réfugiés militaires et civils traversent le fleuve Oubangui pour trouver refuge en Centrafrique avec ou sans armes.

 

L'Ouganda amorce son retrait du Congo

Plusieurs centaines de soldats ougandais déployés au Congo pour y soutenir les rebelles opposés au régime de Laurent-Désiré Kabila ont commencé jeudi à faire leurs bagages pour rentrer chez eux, selon un porte-parole militaire.

Conformément aux accords de paix signés l'an dernier à Lusaka, l'Ouganda a donc amorcé le retrait de plus de 4.000 hommes postés dans la ville de

Buta, dans le nord-est du Congo, à 600km de la frontière ougandaise.

Au moins 450 soldats ont quitté la ville par avion mercredi soir, alors que 900 autres devaient partir jeudi, a précisé le commandant Phinehas Katirima, porte-parole de l'armée ougandaise. Les opérations de retrait se poursuivront jusqu'au départ du dernier des 4.000 hommes, a-t-il ajouté.

L'armée ougandaise était entrée en territoire congolais il y a deux ans pour apporter son soutien aux rebelles combattant le régime du président

Kabila, et venir à bout du même coup des rebelles ougandais opérant depuis le Congo.

En vertu des Accords de paix de Lusaka signés il y a un an, 5.537 observateurs de l'ONU devraient se déployer pour superviser le cessez-le-feu et le retrait des forces étrangères du pays.

Reste que, en mai et juin dernier, de violents affrontements entre forces ougandaises et rwandaises -pourtant d'anciennes alliées- ont encore fait plusieurs centaines de morts parmi les civils à Kisangani, troisième ville du pays.

Les deux pays avaient finalement signé un accord supervisé par les observateurs militaires des Nations unies prévoyant un retrait coordonné des deuxarmées.

Quelque 6.000 soldats ougandais vont néanmoins rester au Congo après ce retrait.

Pas moins de six pays sont impliqués dans la guerre au Congo, déclenchée quand les rebelles soutenus par le Rwanda et l'Ouganda ont tenté de renverser

le régime du président Laurent-Désiré Kabila. La Namibie, le Zimbabwe et l'Angola avaient alors envoyé des troupes pour soutenir Kabila.

Certains des chefs d'Etat des pays impliqués devraient se rencontrer ce week-end en Namibie pour discuter des difficultés du processus de paix.

Par Henry Wasswa - KAMPALA (AP, jeudi 3 août 2000, 18h03)


Vaste offensive de l'armée congolaise le long du fleuve Oubangui (témoins)

Les troupes gouvernementales de la République démocratique du Congo (RDC) ont lancé une vaste offensive le long du fleuve Oubangui dans la province de l'Equateur contre la rébellion armée congolaise, ont affirmé jeudi à l'AFP des témoins.

Cette offensive a permis aux Forces armées congolaises (FAC) de reprendre toutes les localités allant de Buburu, en face de la ville d'Impfondo (Congo-Brazzaville), à Imesse, une localité proche de Libenge, elle-même située en face de Mongoumba (80 km au sud de Bangui), ont-ils expliqué.

Ces témoins, qui voyageaient sur un bateau centrafricain transportant du carburant depuis Kinshasa, ont précisé à leur arrivée à Bangui que les troupes congolaises utilisaient des bateaux et des hors-bords équipés de mortiers et de mitrailleuses lourdes, soutenus par des chars et l'aviation.

Ils ont également affirmé que les FAC avaient bombardé en début de semaine la localité de Batanga, voisine de la ville de Libenge, avant de renforcer leur dispositif autour de cette dernière.

Devant cette "armada" des forces loyalistes, les rebelles du Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba se sont repliés à quelques kilomètres de Libenge qu'ils contrôlaient jusqu'à présent, ont ajouté les passagers du bateau.

Mardi, un officier centrafricain ayant requis l'anonymat a indiqué à l'AFP que le MLC renforçait ses positions à Libenge avec des éléments de Gemena et de Basangusu (province de l'Equateur), rappelle-t-on.

Depuis la reprise des combats dans cette région à la fin juillet, quelque 6.000 Congolais ont traversé l'Oubangui pour se réfugier à Zinga et Mongoumba, en Centrafrique, selon le Haut commissariat pour les réfugiés (HCR) de Bangui.

(AFP, Bangui, 3 juillet 2000 - 16h34)


Les Interahamwe multiplient les attaques dans l'est de la RDCongo

Les miliciens hutus Interahamwe, qui ont fui depuis 1994 le Rwanda où ils avait activement participé au génocide, intensifient leurs attaques contre les civils ces derniers temps dans l'est de la République Démocratique du Congo (RDC), contrôlé par les rebelles.

Les exactions de ces extrémistes hutus ont fait des dizaines de morts parmi les civils et plus d'une centaine de blessés au moins, durant le mois de juillet et jusque dans les faubourgs même de Goma, QG de leurs ennemis les rebelles congolais soutenus par l'armée rwandaise.

"La moyenne mensuelle des blessés par les Interahamwe dans les attaques de villages ou de véhicules sur les routes menant à Goma est variable mais, pour le seul mois de juillet, au moins 100 personnes ont été admises ici, blessées par balle ou à l'arme blanche", assure à l'AFP un responsable de l'hôpital général de Goma qui a requis l'anonymat.

Plusieurs sont toujours hospitalisés, certains encore en soins intensifs, rapporte le correspondant de l'AFP à Goma, siège du principal mouvement rebelle, le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD). Les combattants du RCD sont soutenus sur le terrain par l'Armée Patriotique Rwandaise (APR), qui avait chassé du pouvoir à Kigali en 1994, les Hutus qui avaient planifié le génocide et, du pays, les soldats et miliciens Interahamwe qui l'avaient perpétré.

Parmi ces rescapés à l'hôpital, un jeune homme de 22 ans a reçu une balle qui lui a traversé l'épaule et la gorge le 10 juillet à Saké, à 27 km au sud-ouest de Goma, au cours de l'attaque par les Interahamwe d'un camp de déplacés.

Selon plusieurs autres rescapés interrogés par l'AFP, 34 civils avaient été tués et des dizaines blessés. Le RCD, lui, avait fait état alors de 21 morts.

Dans une autre salle, un homme de 60 ans souffre d'une fracture d'un bras. "Les Interahamwe sont entrés de force chez moi le 26 juillet", raconte-t-il. "Me croyant mort après m'avoir tiré dessus, ils se sont mis à piller tout le village de Buhumba (12 km au nord de Goma)", se souvient-il.

Couché non loin de là, un homme de 36 ans "remercie Dieu" de l'avoir sauvé le 27 juillet lorsqu'il a été attaqué dans sa voiture. "L'attaque a eu lieu à Mugunga, à 4 km au sud de Goma, trois personnes ont trouvé la mort et une dizaine d'autres ont été blessées", se souvient-il.

Radio Goma (dirigée par le RCD) fait état ces dernières semaines d'attaques répétées des Interahamwe sur les routes de Rutshuru vers le nord, de Kitchanga ou de Mweso, à l'ouest de Goma, le chef lieu du nord-Kivu.

Certains quartiers périphérique de la ville, tels Mugunga et Lac vert, ont également fait l'objet d'attaques Interahamwe en juillet.

Au moins six civils ont été blessés dans la nuit du 29 au 30 juillet, lors de l'attaque de leur village de Rumangabo, à 50 km au nord de Goma, par environ 3.000 miliciens Interahamwe armés, ont affirmé des rescapés de l'attaque à l'hôpital de Goma.

Il n'y a pas eu de tués selon eux, mais ils ont assuré que les assaillants étaient venus pour piller et avaient violenté les habitants qui refusaient d'ouvrir leur porte.

Des attaques similaires ont eu lieu les 26 et 27 juillet dans la région de Goma, faisant au total 4 tués et 19 blessés, selon les autorités rebelles.

Des responsables de l'administration (rebelle) de la province et de la ville de Goma ont à plusieurs reprises affirmé que "la situation sécuritaire est préoccupante", avant d'inviter l'armée à "renforcer les postes militaires ou à en créer de nouveaux sur des sites stratégiques".

La rébellion accuse régulièrement le régime de Kinshasa de Laurent-Désiré Kabila d'armer et de soutenir logistiquement les Interahamwe dans l'est du pays.

(AFP, Goma - RDC, jeudi 3 août 2000 - 11h24)


Une base logistique pour la MONUC à Bangui

Le gouvernement de la République centrafricaine a mis à la disposition de la mission d'observation des Nations Unies en RDC (MONUC) une base logistique à l'aéroport de Bangui, a rapporté mercredi le bulletin d'information de la MONUC.

Selon la même source, une délégation de la MONUC, conduite par le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies Kamel Morjane, séjourne depuis mardi dans la capitale centrafricaine où elle doit discuter des relations entre les deux parties.

Par ailleurs, les autorités de RDCongo n'autoriseront plus aucun vol de la MONUC en provenance de l'étranger vers les provinces congolaises sans passer par la capitale Kinshasa, a indiqué la semaine dernière le commissaire général congolais à la MONUC, Léonard Ntwaremba, à l'ambassadeur centrafricain à Kinshasa Cissé Le Bernard.

La délégation de la Monuc, qu'accompagne M. Le Bernard, profitera de son séjour à Bangui pour présenter ses condoléances au président Ange-Félix Patassé qui vient de perdre son épouse.

(AFP, Kinshasa, 2 août 2000 - 23h06)

 


La RDC dément avoir lancé une nouvelle offensive

Une source militaire congolaise a démenti le lancement par des forces pro- gouvernementales d'une nouvelle offensive sur des positions des rebelles dans l'Est de la République démocratique du Congo.

Un porte-parole rwandais avait accusé le gouvernement congolais et ses alliés d'avoir lancé, au Kasai et dans le Nord-Kivu, une nouvelle vague d'attaques contre les rebelles soutenus par l'armée rwandaise, au mépris de l'accord de paix signé en 1999 à Lusaka.

"Nous n'avons pas engagé d'opération dans ce sens. Nous respectons les accords de Lusaka. S'ils disent cela, c'est parce que eux, ils planifient une offensive", a affirmé la source à Reuters.

Mercredi marquait le second anniversaire du début du conflit opposant les rebelles à dominante tutsie soutenus par le Rwanda et l'Ouganda aux forces du président Laurent-Désiré Kabila, appuyé par le Zimbabwe, la Namibie et l'Angola.

Un cessez-le-feu, signé l'an dernier par toutes les parties, n'a pas réussi à mettre fin au conflit.

Le conseiller à la présidence rwandaise, Patrick Mazimhaka, contacté mercredi par téléphone à Kigali, a fait état d'une intensification des attaques le long de la ligne de front séparant le territoire sous contrôle gouvernemental des régions du nord et de l'est aux mains des rebelles.

"Il y a des combats, il y a des infiltrations, des bombardements. C'est une offensive organisée. Tout le front est réactivé", a-t-il dit à Reuters.

Mazimhaka a déclaré que les affrontements sur le front sud - majoritairement contrôlé par les forces rwandaises et calme depuis plusieurs mois - se concentraient au Kasai sur un secteur s'étendant au nord du centre diamantifère de Mbuji-Mayi tenu par les forces gouvernementales.

Les combats se sont également intensifiés derrière la ligne de front dans la province orientale du Nord-Kivu, où le Rwanda affirme que des bandes de miliciens pro-gouvernementaux agissent avec le soutien du président congolais Laurent Désiré Kabila.

( Reuters, Kinshasa, mercredi 2 août 2000, 20h55)


Des Congolais continuent à se réfugier en Centrafrique, selon le HCR

Des Congolais de la province de l'Equateur, en République démocratique du Congo (RDC), ont continué à traverser le fleuve Oubangui pour se réfugier en Centrafrique, a rapporté mardi le Haut commissariat pour les réfugiés (HCR) à Bangui.

Ces nouveaux réfugiés se rendent dans les villes de Zinga et Mongoumba, situées sur le bord de l'Oubangui à environ 80 km au sud de Bangui, pour fuir les récents bombardements de l'armée congolaise sur la ville de Libenge (RDC), de l'autre côté du fleuve, a expliqué le délégué du HCR, Eusèbe Honsoku, sans préciser le nombre de réfugiés concernés.

Une mission du HCR s'est rendue mardi à Mongoumba pour évaluer la situation, a-t-on appris de même source.

"Les gens ont peur et continuent à traverser le fleuve", a indiqué M. Honsoku, précisant que les derniers bombardements sur Libenge remontaient au 29 juillet.

Depuis cette date, aucun bombardement n'a eu lieu sur la ville, ont indiqué à l'AFP des missionnaires catholiques de Bangui en relation avec leurs confrères de Mongoumba.

La situation militaire dans la province de l'Equateur reste stationnaire aux abords du fleuve Oubangui entre Zongo et Libenge, ont assuré de leur côté les autorités centrafricaines.

Un officier centrafricain ayant requis l'anonymat a cependant affirmé à l'AFP que le Mouvement de Libération du Congo (MLC, rébellion dirigée par Jean-Pierre Bemba) renforçait ses positions à Libenge avec des éléments de Gemena et de Basangusu.

Les combats qui se sont déroulés fin juillet entre les forces loyalistes et la rébellion pour le contrôle de Libenge ont contraint près de 6.000 Congolais, essentiellement des femmes et des enfants, à se réfugier en Centrafrique, rappelle-t-on.

Toute cette région (nord de la RDC et rive centrafricaine du fleuve Oubangui) compte environ 65.000 réfugiés, selon le HCR qui estime n'avoir accès qu'à 14.000 d'entre eux seulement.

(AFP, Bangui, 1er août 2000 - 19h59 )


 

...Selon le décret annoncé jeudi à la télévision d'Etat, Kinshasa reste la capitale et le Parlement de Lubumbashi sera officiellement installé le 7 août prochain.

En vertu de l'accord de paix signé l'été dernier à Lusaka (Zambie) mais qui n'a pas mis un terme aux combats, le gouvernement Kabila devait engager une période de dialogue national avec l'opposition et la société civile en vue de l'organisation d'élections. Mais Kabila a jusqu'ici refusé de coopérer avec le médiateur chargé de ce dialogue national, l'ancien président botswanais Ketumile Masire.

La rébellion contre Kabila n'a pas réagi à ces annonces. Mais elle avait déjà qualifié de ''coup d'Etat'' contre l'accord de Lusaka la désignation par Kabila de 240 des 300 membres de cette assemblée de transition.

Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est également inquiété de cette décision unilatérale du gouvernement de Kinshasa, estimant qu'elle ''ne respecte pas'' l'accord de Lusaka.

La guerre civile dans l'ex-Zaïre a débuté en août 1998, un an après le renversement du maréchal Mobutu Sese Seko par Kabila. Un accord de cessez-le-feu avait été signé le 10 juillet 1999 par Kabila, les différentes factions rebelles et les pays impliqués dans ce conflit aux dimensions régionales (Zimbabwe, Angola et Namibie soutenant Kabila, Rwanda et Ouganda soutenant les rebelles), mais n'a jamais été respecté.

(AP, Kinshasa, vendredi 21 juillet 2000, 18h33)


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