GBAGBO et GUEI A DEUX JOURS DU TOUR D'ELECTION PRESIDENTIELLE

En cas de fraude, le FPI se dit prêt à descendre dans la rue

M. Laurent Gbagbo candidat du Front populaire ivoirien (FPI) menace de faire descendre ses troupes dans la rue si l'élection présidentielle du 22 octobre prochain n'est pas transparente.
M. Gbagbo, que l'envoyé spécial de la PANA a rencontré à Gagnoa (275 km d'Abidjan) où il tenait un meeting géant, a ainsi réitéré l'avertissement qu'il avait lancé à "l'entourage" du général Guei qui, selon lui, avait mis en place un dispositif de fraude dans certaines casernes du pays.
"L'espoir de tout un peuple" (son slogan de campagne) qui se dit convaincu de l'emporter dès le premier tour, n'entend pas se "faire voler sa victoire".
Cet avertissement du leader des socialistes ivoiriens et les mises en garde répétées de son directeur de campagne et de Me Boga Doudou, numéro 3 du FPI, font suite aux rumeurs persistantes de fraude qui, de l'avis même de M. Guié Honoré, président de la Commission électorale (CNE), semblent avoir créé une véritable psychose. M. Gbagbo vient de recevoir, précise t-on par ailleurs, le soutien de ses camarades du Parti socialiste français avec lesquels il siège à l'Internationale socialiste.
-O- PANA (Abidjan, Côte d'Ivoire (PANA) -- MM/SG/BSD 20oct2000)

 

Gbagbo à Guei: "j'attends ton coup de fil le 22, à minuit!"

"Général Guei, Dieu te parle!". La paume de la main droite ouverte, le bras tendu vers le ciel tel un prédicateur, Laurent Gbagbo candidat du Front Populaire Ivoirien (FPI), debout sur l'estrade dominant la place qui porte son nom, interpelle le chef de l'Etat ivoirien candidat comme lui, à la présidentielle du 22 octobre prochain.
"Dieu te parle!, reprend le leader du FPI, et il te donne une seule alternative au soir du 22 octobre n: soit faire comme Diouf qui avait salué la victoire de Wade lors de l'élection présidentielle au Sénégal, soit t'accrocher au pouvoir et partir comme le président yougoslave Milosevic".
Pour son dernier meeting géant à l'intérieur du pays, "l'espoir de tout un peuple", (son slogan de campagne), a choisi d'aller vers les siens à Gagnoa au coeur du pays bété, mercredi, en fin d'après midi.
Devant une foule de "parents" estimée à une dizaine de milliers de militants, de sympathisants et de curieux, "l'enfant du pays" qui affiche visiblement la grande forme malgré les milliers de kilomètres déjà parcourus, sonne la charge en dénonçant les "fraudes qui se préparent à grande échelle dans certaines casernes".
Mettant en garde l'entourage de son principal adversaire, M. Gbagbo qui se dit certain que son "frère" Guei écoutera la voix de la raison, lui donne rendez-vous : "j'attends ton coup de fil le 22, à minuit", lance-t-il à l'endroit du chef de la junte qui a pris le pouvoir en décembre dernier.
Il n'en dira pas plus sur les rumeurs de "fraudes massives et généralisées" qui, à 72 heures du scrutin, secouent le landernau "frontiste". Le FPI, assure Gbagbo, n'entend pas "se laisser voler sa victoire".
S'il ne s'est pas éternisé sur le Général-candidat, le leader du FPI s'est, en revanche, attardé sur le cas de son ex-partenaire au sein du Front Républicain, l'ancien Premier ministre et leader du Rassemblement Des Républicains (RDR) M. Alassane Ouattara auquel il trouvera, au moins, "dix bonnes raisons" justifiant son élimination de la course à la présidentielles.
S'adressant en particulier aux dioulas (ethnie de M. Ouattara et de la grande majorité des militants et sympathisants du RDR) qui constituent une très forte minorité dans la région, le candidat du FPI a rappelé son enfance dans ce milieu qui, révèle-t-il, lui a "donné à manger".
Il n'y a pas de "guerre des religions en Côte d'Ivoire", a déclaré avec force le leader du FPI, invitant ses concitoyens au rassemblement afin "de sortir la Côte d'Ivoire du trou".
M. Gbagbo citera abondamment la bible tout au long d'un discours qui aura duré plus d'une heure d'horloge, affirmant qu'après "le déluge, il faut repartir à zéro".
Il a annoncé qu'il octroierait, annuellement, pendant cinq ans, une enveloppe d'un milliard de francs CFA à chacun des 58 départements de Côte d'Ivoire, dans le cadre d'une vaste politique destinée à "changer la vie des ivoiriens".
Le leader des socialistes qui n'a pas manqué d'aborder le délicat dossier des relations de son pays avec ses voisins de la sous région accusés d'ingérence dans ses affaires, retrouvera des accents nationalistes pour assurer, avec force que "la Côte d'Ivoire ne se mettra à genoux devant personne".
M. Gbagbo s'est engagé, au lendemain de sa victoire, à se rendre auprès de ses pairs de la sous-région pour leur expliquer qu'ils se sont "trompés en soutenant quelqu'un que les Ivoiriens ne sentent pas suffisamment ivoirien".
Exigeant désormais la réciprocité dans le cadre de la nouvelle coopération qu'il entend instaurer avec eux, il invitera les ivoiriens à aller dans tous ces pays pour "y exercer les activités que leurs ressortissants exercent chez nous".
Il a enfin catégoriquement démenti avoir passé un pacte avec le général Guei."Sur le fauteuil présidentiel, il n'y a pas de place pour deux", a-t-il dit à ce propos.
Le leader du FPI s'en est ensuite pris aux partisans de Guei qui seraient selon lui, à l'origine de cette "campagne d'intoxication".
M. Gbagbo a égrené un long chapelet de promesses (assurance maladie pour tous, écoles et livres gratuits, lutte contre la pauvreté etc), affirmant qu'il entend donner un signal fort à l'Occident en s'imposant au soir du 22 octobre pour remettre la "Côte d'Ivoire debout".
"Notre pays ne doit plus inspirer à certains la honte et la pitié", a-t-il encore déclaré.
-0- (Abidjan, Côte d'Ivoire (PANA) - PANA MM/OD/SG 19Oct2000)


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