Droit d’ingérence pour que la paix revienne au Soudan (dossier)

La chasse à l’homme déclenchée depuis février 2003 contre les populations noires du sud Soudan par les hommes au pouvoir à Khartoum est si élaborée qu’elle est sans comparaison avec le passé y compris avec l’époque éculée de l’esclavage où des cohortes barbares musulmans, du haut de leurs chevaux, écumaient le ventre mou de l’Afrique, à la recherche de l’or, de l’ivoire et des esclaves.

Les moyens mis en œuvre aujourd’hui sont bien évidemment sans commune mesure avec ceux d’antan et sont terriblement efficaces :

Méthodiquement le pouvoir arabo-musulman de Khartoum procède au vu et su du monde entier au " nettoyage d’une race " : les Noirs et tout le long de la frontière ougandaise, congolaise ou zaïroise en passant par celle de la République Centrafricaine jusqu’au Tchad. Les villages noirs sont systématiquement incendiés, les puits et sources d’eau potable empoisonnés. Les populations en fuite sont poursuivies et massacrées, les femmes capturées réduites en bétail sexuel des militaires et miliciens arabo-musulmans. Les butins sont évacués vers Khartoum et le nord du pays.

Le bilan des 16 mois de conflit depuis février 2003 est estimé par les observateurs internationaux à au moins 10.000 morts et 120.000 réfugiés au Tchad. L’UNICEF évalue pour sa part à 500.000 enfants dénutris et malades. Leur vie serait gravement menacée.

Au total, les hostilités contre les Noirs du Soudan, animistes et chrétiens ont déjà fait 2 millions de morts.

Face à ce qu’il faut bien qualifier de crime contre la race noire, de crime contre l’humanité, les chefs d’Etat d’Afrique noire se terrent. L’opinion publique africaine sans voix ne se manifeste guerre et la jeunesse en bute aux potentats locaux, ignore tout du drame de leurs coreligionnaires soudanais.

L’Union Africaine qui a succédé à l’OUA (Organisation de l’Unité Africaine) s’étouffe dans ses contradictions internes. En 42 années d’existence ces organisations africaines n’ont jamais pris position contre le racisme, l’esclavage fait aux Noirs dans les pays arabo-musulmans d’Afrique du nord et au Moyen orient. On se souvient néanmoins du discours du président Mobutu Sésé Séko à une des tribunes de l’OUA à Addis-Abéba, dans lequel il s’interrogea sur la profondeur de l’amitié des Etats arabes qui traitaient leurs ressortissants Noirs en citoyens de seconde zone.

Le discours du dictateur du Congo-Zaïre demeura sans lendemain autant que nombre de ses déclarations de façade. Il n’en demeurt pas moins que jamais, Mobutu ne fut parti lié avec les autorités de Khartoum contre notamment le parti de John Garang, leader indépendantiste du sud Soudan.

Seul l’Ouganda du président Museveni qui semble avoir une certaine vision de l’Afrique prit fait et cause pour les démocrates Soudanais et l’état soudanais affranchi de toute religion Joseph Kabila, tombeur du maréchal Mobutu au Congo-Zaïre et Félix Patassé tombeur du général Kolingba en Centrafrique ont cru pouvoir se sortir des difficultés intérieures à leur pays en pactisant notamment avec les autorités du Soudan pour prendre à revers et pour circonscrire les opposants à leur régime respectif. Cette alliance contre nature n’a servi en définitive que les intérêts arabes et l’expansion de l’islam dans la sous région.

L’élite africaine absente des grands débats et des drames qui endeuillent le continent doit de se réveiller de son sommeil et ou de son désintérêt. Elle doit se manifester. Elle doit s’inviter à tous les débats et donner son point de vue sur la gestion actuelle du continent, sur le sort qui en est fait aux Africains sur leurs propres terres et partout où ils se trouvent.

L’élite et à plus forte raison, les intellectuels ne doivent attendre de personne, pas même les institutions internationales, le droit de s’ingérer dans les affaires africaines.

Il est temps d’agir pour la paix au Soudan, pour les droits à la vie et à la prospérité de tous les Soudanais.

Paris, le 16 juin 2004

JB PELEKET

1- A lire ou à relire :

Les forces armées du Soudan capturent de nouveau comme esclaves 188 femmes et enfants noirs africains (sangonet, 2000)

2- Lu dans les colonnes de Libération :

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