Emoi, Affabulation, et dénonciation de délit imaginaire antisémite dans le RER parisien (le film de l'événement)

Affaire du RER: la jeune femme remise en liberté et convoquée fin juillet
CERGY-PONTOISE (AFP), à 16:24 (15/07/2004)

Marie, la jeune femme qui a une agression antisémite dans le RER D, a été remise en liberté jeudi après-midi et elle comparaîtra le 26 juillet devant le tribunal correctionnel de Cergy-Pontoise pour "dénonciation de délit imaginaire".

La jeune femme de 23 ans, qui avait été placée en garde à vue mardi après-midi, a été présentée au parquet jeudi en milieu de journée. Elle est ressortie libre jeudi en début d'après-midi, a annoncé à la presse son avocate, Me Olfa Bati.

La jeune affabulatrice a été convoquée le 26 juillet devant le tribunal correctionnel de Cergy-Pontoise, a de son côté annoncé le procureur, Xavier Salvat, lors d'une conférence de presse.

Son compagnon, lui aussi placé en garde à vue mardi, a pour sa part été remis en liberté jeudi dans la matinée sans qu'aucune charge ne soit retenue à son encontre.

Mercredi matin, les enquêteurs avaient perquisitionné le domicile de son concubin à Louvres (Val d'Oise). Sur les indications de Marie, ils ont retrouvé les ciseaux avec lesquels elle s'est coupé elle-même les cheveux, le feutre marqueur qui a servi à dessiner les croix gammées sur son ventre, ainsi qu'une carte bleue que la jeune femme avait déclaré volée.

Elle a avancé plusieurs raisons à son affabulation. Selon la police, elle a notamment affirmé qu'elle "s'était engagée à acheter la voiture d'un ami", qu'elle "devait lui donner l'argent" le jour de la pseudo-agression alors qu'elle n'avait aucun fonds et qu'elle avait trouvé ce moyen pour éviter de se retrouver face à lui.

Lors de sa traditionnelle intervention télévisée du 14 juillet, le président Chirac, soulignant "une affaire regrettable à tous égards", a déclaré: "quand il y a manipulation, il faut que le manipulateur soit sanctionné". Comme on lui demandait s'il "regrettait de s'être précipité" pour dénoncer une fausse agression antisémite, le chef de l'Etat a dit: "je ne regrette pas".

Mercredi matin, la mère de Marie a demandé sur RTL que sa fille soit jugée, mais aussi soignée car elle est "fragile". Selon la mère, "elle a déjà été vue par des psychiatres", mais "on ne peut pas soigner quelqu'un contre son gré". Depuis 1999, Marie a porté plainte à cinq reprises pour des affaires de vol ou d'agression, dont aucune n'a abouti.

La jeune femme avait reconnu mardi, après son placement en garde à vue pour "dénonciation de délit imaginaire", avoir "affabulé" et "s'être elle-même porté les marques de coups de couteau, s'être coupé la mèche de cheveux et avoir tracé elle-même les croix gammées sur son corps", selon le procureur de la République de Pontoise.

Lors du dépôt de sa plainte, la jeune femme avait raconté avoir été agressée vendredi matin par six jeunes alors qu'elle se trouvait avec son bébé dans le RER D entre Louvres et Sarcelles. Son récit avait suscité une grande émotion dans tout le pays et des réactions indignées de la classe politique.


ENJEUX SOCIALISTES ET REPUBLICAINS

COMMUNIQUE DE PRESSE
Une France plurielle dans une République indivisble

La jeune femme qui a porté plainte pour une agression antisémite supposée vient d'avouer son mensonge après avoir été placée en garde à  vue, avec son compagnon, dans les locaux de la police judiciaire à  Cergy-Pontoise.

Sans attendre de connaître le mobile de l'affaire, sans mesurer les conséquences d'une telle accusation, cette information non fondée a été très largement relayée ­ suscitant ainsi l'emballement politique.

Dans cette affaire qui a failli discréditer quelques "citoyens présumés coupables", les zones d'ombre fortes doivent être clarifiées. Il est donc impératif de s'interroger sur la motivation première de cette médiatisation.

Ce n'est pas par l'instrumentalisation que l'on viendra à bout des discriminations, mais plutôt par la pédagogie et la sanction. La diversité de la population française dans la gestion de la chose publique et dans la représentativité politique permettra, sans conteste, de consolider la cohésion nationale.

Au lieu de s'exceller à monter, à la moindre occasion, une communauté contre une autre, les Françaises et les Français doivent oeuvrer à la complémentarité garante d'une "France plurielle dans une République indivisible".

Gaspard-Hubert Lonsi Koko
Le Président

Fait à Paris, le 13 juillet 2004


RER D: 4 jours après sa plainte, la jeune femme avoue avoir menti

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PARIS (AFP), mardi 13 juillet 2004, 20h47 - La jeune femme qui a raconté avoir été victime vendredi d'une agression antisémite sur la ligne D du RER a avoué mardi lors sa garde à vue qu'elle avait inventé cette histoire, provoquant un coup de théâtre dans cette affaire qui avait soulevé une vague d'indignation.

Après avoir dans un premier temps affirmé aux enquêteurs avoir été agressée en dehors du train, elle a finalement reconnu avoir inventé toute l'histoire, a-t-on appris de source policière.

Elle aurait notamment admis avoir dessiné les croix gammées sur son ventre avec l'aide de son concubin. Cet homme a lui aussi été placé en garde à vue.

La jeune femme, entendue par les enquêteurs de la PJ de Versailles à l'antenne de Cergy, a été placée en garde à vue vers 16h30 pour "dénonciation de délit imaginaire", a précisé à l'AFP le procureur de la République de Cergy, Xavier Salvat.

Il s'agit d'une infraction qui peut tomber sous le coup de l'outrage à personne dépositaire de l'autorité publique, puni d'une peine maximale de 6 mois de prison et 7.500 euros d'amende.

En décidant d'entendre à nouveau la jeune femme, les enquêteurs tentaient d'éclaircir des contradictions dans ses déclarations qui auraient été mises en évidence sur des écoutes (pratiquées dans le cadre de l'enquête de police judiciaire) où elle aurait déclaré à un proche avoir été dépassée par les événements, selon une source proche du dossier.

Lorsqu'elle a déposé plainte, la jeune femme a raconté aux enquêteurs avoir été agressée vendredi matin par six jeunes, dont quatre d'origine maghrébine, alors qu'elle se trouvait avec son bébé dans un train de la ligne D du RER, entre Louvres et Sarcelles.

Selon ses déclarations, les agresseurs, certains armés de couteaux, l'avaient d'abord bousculée puis, la croyant juive, lui avaient notamment dessiné des croix gammées sur le ventre devant des témoins qui n'auraient pas réagi.

L'analyse des bandes vidéo de la gare de Sarcelles - où étaient censés être descendus les agresseurs - n'a pas permis de les repérer.

En dépit d'un appel à témoin, les enquêteurs n'ont pas fait état de passagers venus se manifester.

La jeune femme avait déclaré lundi à la secrétaire d'Etat aux Droits des victimes Nicole Guedj qu'"il y aurait eu une vingtaine de personnes capables de voir la scène, notamment un jeune homme assis à proximité", et qu'un couple l'avait aidée à sa descente du RER.

Au cours des années passées, la jeune femme avait porté plainte à six reprises, notamment pour vols et pour une agression sexuelle dans le Val-de-Marne, sans que les enquêtes ouvertes n'aboutissent, selon une source proche de l'enquête.

"L'émotion qu'a déclenchée cette information réelle ou virtuelle est une émotion authentique", a déclaré le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, juste avant les aveux. "Restons prudents quant à l'information mais restons vigilants, car tout le monde sait que le racisme et l'antisémitisme sont des maux qu'il faut combattre avec l'énergie des pouvoirs publics mais aussi avec l'énergie des citoyens".

Le président du Conseil régional du culte musulman de Rhône-Alpes, Kamel Kabtane, a dénoncé "l'islamophobie ambiante qui règne aujourd'hui en France et où s'engouffrent tous les médias pour mettre en accusation la communauté musulmane".

Le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples) a déploré que cette affaire "ait jeté en pâture les populations des banlieues déjà stigmatisées".

"Si cette dame a commis un grave mensonge (...) cela ne doit pas nous empêcher de poser politiquement la question (de l'antisémitisme) parce qu'elle est grave, elle est au moins aussi grave que l'affabulation sinon plus grave et elle mérite d'être discutée", a déclaré le député UMP du XVIe arrondissement de Paris Claude Goasguen.


RER D : la jeune femme a menti

Mardi 13 juillet 2004, 19h08 (Europpe 1) - La jeune femme qui a porté plainte pour une agression antisémite supposée dans le RER D près de Paris a avoué lors de sa garde à vue avoir tout inventé. Depuis hier, les doutes persistaient sur la véracité de ses déclarations.

L'affaire du RER D s'effondre. Quatre jours de tempête autour d'un fait divers qui en fait n'existait pas. "C'est vrai, elle a avoué avoir tout inventé", a ainsi déclaré une source proche de l'enquête. La jeune Marie L. avait été placée mardi en milieu d'après-midi en garde à vue avec son compagnon dans les locaux de la police judiciaire à Cergy-Pontoise. Après la vague d'indignation provoquée par l'annonce de cette agression, supposée avoir eu lieu vendredi dernier, policiers et magistrats avaient appelé mardi à la prudence sur le scénario et les mobiles de l'affaire.


France: la jeune femme du RER D avoue avoir menti

PARIS (AFP), mardi 13 juillet 2004, 19h10 - La jeune femme qui a porté plainte pour une agression antisémite vendredi dans le RER D a avoué lors de sa garde à vue mardi après-midi qu'elle avait menti, a-t-on appris de source policière.

Après avoir dans un premier temps affirmé aux enquêteurs avoir été agressée en dehors du train, elle a finalement reconnu avoir inventé tout le scénario d'une agression antisémite, selon la même source.

Elle aurait notamment admis avoir dessiné les croix gammées sur son ventre avec l'aide de son concubin, toujours selon cette source.

Cet homme a lui aussi été placé en garde à vue.

La jeune femme, entendue par les enquêteurs de la PJ de Versailles à l'antenne de Cergy, a été placée en garde à vue vers 16h30 pour "dénonciation de délit imaginaire", a précisé à l'AFP le procureur de la République de Cergy, Xavier Salvat.

La jeune femme avait affirmé avoir été l'objet d'une agression à caractère antisémite perpétrée par six personnes, vendredi matin, sur la ligne D du RER entre Louvres et Sarcelles (Val-d'Oise).

L'analyse des bandes vidéo de la gare de Sarcelles - où seraient descendus les agresseurs - n'avait pas permis lundi soir de les repérer, avait indiqué une source proche de l'enquête, et les enquêteurs n'ont pas fait état de témoins spontanés, ce qui a suscité des interrogations.

Mardi, le préfet de police de Paris Jean-Paul Proust a déclaré qu'il y avait des "zones d'ombre fortes" dans les déclarations de la jeune femme. Mais, a-t-il ajouté sur la chaîne Public Sénat, il "faudra attendre la fin de l'enquête, peut-être dans quelques heures ou dans quelques jours", avant de tirer de quelconques conclusions.

Pour sa part, le ministre de la Justice Dominique Perben a déclaré à Strasbourg que tous les éléments seraient passés au crible et "vérifiés de manière systématique" dans cette affaire.

La secrétaire d'Etat aux Droits des victimes Nicole Guedj, qui accompagnait M. Perben à Strasbourg, a répété mardi qu'elle avait "trouvé sincère" la jeune femme lorsqu'elle s'est entretenue avec elle. "J'ai observé qu'elle pouvait être très traumatisée par les événement qu'elle décrit", a-t-elle encore dit. "Plus l'enquête pourra se dérouler avec sérénité et plus vite nous serons en mesure de connaître la vérité", a-t-elle conclu.

M. Perben et Mme Guedj étaient mardi matin à Strasbourg pour rencontrer les magistrats et les enquêteurs en charge des investigations sur les morts violentes en Alsace de deux fillettes et d'une jeune femme ainsi que les familles des trois victimes. Les soupçons se focalisent sur Pierre Bodein, dit "Pierrot le fou", un repris de justice qui avait bénéficié d'une libération anticipée.

Une source policière a indiqué mardi que la jeune femme avait déjà porté plainte à six reprises ces dernières années, notamment pour un vol à Paris et une agression sexuelle dans le Val-de-Marne. Les enquêtes ouvertes à la suite de ces plaintes n'ont jusqu'à présent abouti à aucune arrestation, a-t-on précisé de même source.

Outre l'agression elle-même, l'absence de réaction des voyageurs présents dans la rame au moment du drame avait suscité les réactions effarées des associations et de la classe politique dans son ensemble.


Agression du RER D: police judiciaire et procureur font le point sur l'enquête

PARIS (AFP),mardi 13 juillet 2004, 13h12 - Le chef de la Direction régionale de la police judiciaire (DRPJ) de Versailles et le procureur de la République de Cergy-Pontoise ont fait le point mardi sur l'enquête sur l'agression du RER D qui suscite des interrogations depuis lundi, a-t-on appris de source policière.

Le procureur de Cergy-Pontoise, interrogé par l'AFP, a gardé le silence sur l'évolution de l'enquête. "Nous sommes dans une phase où nous recueillons un certain nombre d'éléments d'ordre matériel", s'est-il borné à dire.

Lundi soir, deux responsables du syndicat de police Synergies-Officiers avaient fait état de "contradictions" dans cette affaire, évoquant "l'absence de témoins" et des "incohérences dans les déclarations" de la jeune femme qui a porté plainte pour agression.

L'analyse des bandes vidéo de la gare de Sarcelles -où seraient descendus les agresseurs- n'avait pas permis lundi soir de repérer les agresseurs, avait indiqué une source proche de l'enquête. Les enquêteurs n'ont pas fait état de témoins spontanés.

Une source policière a indiqué mardi que la jeune femme avait déjà porté plainte à six reprises ces dernières années, notamment pour un vol à Paris et une agression sexuelle dans le Val-de-Marne. Les enquêtes ouvertes à la suite de ces plaintes n'ont jusqu'à présent abouti à aucune arrestation, a-t-on précisé de même source.

La jeune femme a affirmé aux enquêteurs avoir été agressée vendredi matin par six jeunes, dont quatre d'origine maghrébine selon elle, alors qu'elle se trouvait avec son bébé dans un train de la ligne D du RER, entre Louvres et Sarcelles.

Selon ses déclarations, après s'être emparé de son sac, ses agresseurs, la croyant juive, lui ont coupé des mèches de cheveux, ont lacéré ses vêtements, et lui ont dessiné au marqueur des croix gammées sur le ventre devant des témoins qui n'ont pas réagi.

Les enquêteurs ont lancé un appel à témoin.

Ces premiers doutes affichés sur l'authenticité du témoignage de la jeune femme ont indirectement été relayés par plusieurs responsables politiques, selon France 2.

"J'espère qu'il n'y a pas de loup sur cette affaire", a ainsi glissé le président (PS) du conseil régional Ile-de-France Jean-Paul Huchon à Nicole Guedj, secrétaire d'Etat aux Droits de la victime, dans un aparté saisi et diffusé par la chaîne publique.

Même prudence de la part du député et ancien ministre de l'Economie Dominique Strauss-Kahn (PS): "Si c'est un coup monté, évidemment, ce serait critiquable en tant que coup monté (...) Mais ça ne changerait rien au fait que c'est la dixième ou la vingtième agression de ce genre".

Mme Guedj, qui a reçu la jeune femme pendant plus d'une heure lundi matin, avait appelé un témoin présumé des faits à se manifester.

Outre l'agression elle-même, l'absence de réaction des voyageurs présents dans la rame au moment du drame avait suscité les réactions effarées des associations et de la classe politique dans son ensemble.

Le délit de non-assistance à personne en danger est passible de cinq ans de prison maximum et 75.000 euros d'amende.

Les réactions se sont poursuivies lundi. Le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, a appelé les Français au "courage citoyen" pour "résister à la circulation" de la violence dans la société.

Mardi, interrogé sur l'enquête concernant l'agression de la jeune femme, Jean-François Copé, porte-parole du gouvernement, a souligné sur RTL que "l'explosion du nombre d'actes racistes et antisémites commis dans notre pays ces dernières années est une réalité que nous devons combattre".


La presse parisienne condamne unanimement l'agression antisémite

PARIS (AFP), lundi 12 juillet 2004, 7h46 - La presse parisienne de lundi relaie unanimement l'émotion suscitée par l'agression antisémite d'une jeune mère de famille dans le métro suburbain parisien et interpelle l'opinion face à la montée de cette "gangrène" dans le pays.

Pour les éditorialistes, cette agression survenue vendredi sur la ligne du RER D s'inscrit dans un contexte lourd, marqué par la recrudescence des actes racistes en France, et au lendemain d'un appel du président Jacques Chirac à un "sursaut" pour défendre les valeurs de la République.

"Antisémitisme, une histoire française", titre en Une le quotidien Libération (gauche), qui parle d'un "fait divers monstrueux parce qu'il confirme la gangrène qui se répand dans la société française".

"Antisémitisme, antisionisme, anticapitalisme mêlés comme aux pires heures de l'histoire (...), voilà qui devrait finir de déssiller les yeux sur la réalité des manifestations antisémites dans la France d'aujourd'hui", écrit l'éditorialiste du journal.

Libération fustige également, comme tous les autres quotidiens parisiens, l'indifférence des passagers témoins passifs de l'agression de cette jeune femme par une bande de jeunes banlieusards qui l'avaient prise pour une juive.

"Si personne n'est tenu de jouer au héros, face à une bande armée, rien n'excuse l'indifférence (...) qui ramène là encore aux heures sans gloire d'un pays qui a laissé sa police raffler les juifs et prétendait alors ne rien savoir de leur destinée", écrit le journal.

Le journal populaire Aujourd'hui/Le Parisien, consacre aussi sa première page à cette "révoltante agression". "Une fois encore, une fois de trop, la France se retrouve confrontée à l'ignominie d'une agression antisémite", écrit-il.

Le Figaro (conservateur) évoque longuement l'affaire du "train de la haine" et dénonce la passivité de témoins qui n'ont pas eu "le courage minimum" de tirer le signal d'alarme. "Leur silence est terrifiant, comme si la société française ne voulait pas voir ce qui se passe sous ses yeux", estime le journal dans son éditorial.

Pour L'Humanité (communiste), "Aucune colère ne peut expliquer et encore moins justifier que des actes de stigmatisation et de violence soient commis contre des hommes et des femmes, au prétexte d'événements qui leurs sont étrangers, fussent-ils les plus dramatiques, au Proche-Orient ou ailleurs".


Indignation et "effroi" après l'agression antisémite d'une jeune femme

PARIS (AFP),dimanche 11 juillet 2004, 20h14 - "Effroi" devant une agression "barbare", "ignoble": la classe politique et les associations de défense des droits de l'Homme ont condamné l'agression antisémite d'une jeune femme vendredi dans le RER, nombre d'entre eux fustigeant également l'indifférence des témoins.

Le président Jacques Chirac, qui avait appelé jeudi les Français "au sursaut" face à la recrudescence d'actes antisémites et racistes, a exprimé son "effroi", demandant que les auteurs de "cet acte odieux" soient retrouvés, "jugés et condamnés avec toute la sévérité qui s'impose".

Le ministre de l'Intérieur, Dominique de Villepin, a précisé avoir "donné instructions aux services de police pour retrouver les auteurs dans les plus brefs délais".

"Au nom du gouvernement", le ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy a déclaré que l'antisémitisme et le racisme sont les "pires dérives mortelles pour notre démocratie", tandis que le président de l'Assemblée, Jean-Louis Debré, assurait que "l'ensemble des députés" partageait "cette révolte devant ces actes ignobles".

Le président de l'UMP, Alain Juppé, a dénoncé une "agression odieuse et barbare", le président de l'UDF, François Bayrou, la qualifiant de "honteuse, brute, lâche et veule". Anne Hidalgo (PS) a condamné "l'ignoble agression", alors que la secrétaire nationale du PCF, Marie-George Buffet, pointait des actes "barbares". Le maire socialiste de Paris, Bertrand Delanoë, a condamné "l'agression sauvage et antisémite".

Nombreux ont fustigé, comme le député (Verts) de Gironde, Noël Mamère, "l'apathie et le silence des passagers qui ne sont pas venus en aide à cette dame", accompagnée de son bébé et agressée dans le RER par six jeunes gens qui lui ont dessiné des croix gammées sur le ventre.

Ces passagers "sont-ils devenus sourds, au lendemain de l'appel du chef de l'Etat, à Chambon-sur-Lignon ?", s'est interrogé Jean-Michel Rosenfeld (PS), adjoint au maire du 20e arrondissement de Paris.

L'Union des étudiants juifs de France constate aussi "avec tristesse combien la passivité des passagers du RER tranche avec l'appel du président de la République à la responsabilité jeudi au Chambon-sur-Lignon".

Pour la LICRA, "le constat est lourd: témoins passifs, voire indifférents, à l'opposé de la vigilance demandée par le chef de l'Etat". "Le temps est venu de la mobilisation de tout le pays pour affronter ceux qui menacent la paix civile en commettant des actes antisémites barbares", ajoute-t-elle.

Pour le MRAP, "l'insoutenable indifférence de voyageurs qui ont assisté à cette profanation morale sans réagir" doit "interpeller les consciences individuelles et collectives".

Nicole Guedj, secrétaire d'Etat aux Droits des victimes, "choquée d'apprendre qu'aucun des passagers de la rame n'est intervenu", a appelé les témoins à se manifester.

L'ancienne ministre PS de la Justice, Elisabeth Guigou, a proposé la création "d'un comité de lutte contre les actes antisémites qui rassemblerait les partis politiques, les associations". Le président du Conseil régional d'Ile-de-France Jean-Paul Huchon (PS) a appelé l'ensemble des élus franciliens à se rassembler lundi à 18h00 dans l'hémicycle du Conseil régional en vue de concourir à "un sursaut civique et citoyen".

Le PCF a appelé "à un rassemblement de protestation", lundi à 18h00, au métro Belleville à Paris (20e).


Ils agressent une femme et lui dessinent des croix gammées sur le ventre

VERSAILLES (AFP),samedi 10 juillet 2004, 23h23 - Six hommes ont violemment agressé, vendredi matin dans le RER D, entre Louvres et Sarcelles (Val-d'Oise), une jeune femme de 23 ans qu'ils croyaient juive, avant de lui dessiner des croix gammées sur le ventre, a-t-on appris samedi de sources policières.

Les six agresseurs, d'origine maghrébine et armés de couteaux, ont coupé les cheveux de la jeune femme, accompagnée de son bébé de 13 mois, puis ont lacéré son tee-shirt et son pantalon, avant de dessiner au feutre noir trois croix gammées sur son ventre.

Le président Jacques Chirac a exprimé son "effroi" et demandé que les auteurs de "cet acte odieux" soient retrouvés, "jugés et condamnés avec toute la sévérité qui s'impose".

"J'apprends avec effroi l'agression à caractère antisémite dont ont été victimes une jeune femme et son enfant en région parisienne dans la journée de vendredi", a déclaré le chef de l'Etat, dans un communiqué de l'Elysée.

"Je lui exprime, ainsi qu'à tous les siens, ma vive émotion et ma profonde sympathie. Je demande que tout soit mis en oeuvre pour retrouver les auteurs de cet acte honteux afin qu'ils soient jugés et condamnés avec toute la sévérité qui s'impose", a poursuivi le président de la République.

Le ministre de l'Intérieur, Dominique de Villepin, a condamné "avec la plus grande fermeté" cette agression "ignoble". Le Ministre a précisé qu'il a "donné instructions aux services de police pour retrouver les auteurs dans les plus brefs délais" de cette agression "qui a été aggravée de gestes racistes et antisémites".

Les six jeunes hommes, qui étaient montés dans le train à la gare de Louvres, avaient commencé par bousculer la jeune mère, puis lui avaient dérobé son sac à dos, qui contenait ses papiers d'identité.

C'est en voyant qu'elle avait une adresse dans le XVIe arrondissement de Paris - où elle n'habite plus - qu'ils auraient déduit qu'elle était juive, ce qui n'est pas le cas, a-t-on précisé de sources policières.

"Dans le XVIe il y a que des juifs", avait alors lâché un des six hommes, avant que le groupe ne commence à agresser la jeune femme, a-t-on précisé de mêmes sources.

Les agresseurs avaient ensuite pris la fuite en renversant la poussette, faisant tomber le bébé à terre, et en emportant le sac de la victime qui contenait, outre ses papiers d'identité, sa carte bancaire et une somme de 200 euros.

La police judiciaire de Versailles (Yvelines) a été saisie de l'affaire.


Une jeune femme et son bébé agressés dans le RER D

PARIS (AP),samedi 10 juillet 2004, 23h09 - Le président de la république Jacques Chirac et le ministre de l'Intérieur Dominique de Villepin ont fait part samedi soir de leur "émotion" après l'agression "à caractère antisémite" dont a été victime une jeune femme, accompagnée de son bébé de 13 mois, vendredi dans le RER D, dans le Val d'Oise.

Cette jeune femme, dont l'identité n'a pas été révélée, a été attaquée vendredi matin vers 9h30 par un groupe de six jeunes gens âgés de 15 à 20 ans, dont certains étaient maghrébins, dans le RER D, entre Louvres et Sarcelles (Val d'Oise), a-t-on précisé de sources policières.

Les agresseurs lui ont arraché son sac à dos et l'ont fouillé. Trouvant une carte d'identité portant une adresse dans le XVIème arrondissement de Paris -où la jeune femme n'habite plus- ils ont lancé: "dans le XVIème, il n'y a que des juifs", ajoutait-on de même source.

Le groupe l'a alors violemment bousculée et insultée, lui coupant les cheveux, "pour garder un souvenir", avant de lui tracer des croix gammées sur le ventre à l'aide d'un marqueur, le tout en présence d'autres voyageurs qui sont restés sans réagir.

Le bébé, bousculé, est tombé de sa poussette et les agresseurs se sont enfuis en emportant le sac, qui contenait également une carte de crédit et de l'argent. Ni la mère ni l'enfant n'ont été gravement blessés, mais la jeune femme, choquée, a porté plainte vendredi après-midi. L'enquête a été confiée à la DRPJ de Versailles, a-t-on ajouté de mêmes sources.

Condamnant "avec la plus grande fermeté cette agression ignoble qui a été aggravée de gestes racistes et antisémites", le ministre de l'Intérieur a "donné instruction aux services de police pour en retrouver les auteurs dans les plus brefs délais".

De son côté, Jacques Chirac a fait part de son "effroi" face à cette "acte honteux", et exprimé sa "profonde sympathie" à la victime et à sa famille.

Cette agression survient au lendemain d'un discours du chef de l'Etat au Chambon-sur-Lignon, prononcé à quelques jours de sa traditionnelle intervention du 14-Juillet, dans lequel il appelait chaque citoyen au "sursaut" face à toutes les formes d'intolérance et "au risque de l'indifférence et de la passivité au quotidien". AP

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