Un caillou situé en pleine mer appellé île Leila à Rabat et  île du Persil à Madrid jette un léger trouble dans les noces radieuses de Mohammed VI

 


Les noces de SM le Roi à partir de ce  vendredi à Rabat
 

Rabat, 08/07/02 - Le Ministère de la Maison Royale, du Protocole et de la Chancellerie communique:

"Le Ministère de la Maison Royale, du Protocole et de la Chancellerie annonce au peuple marocain que les festivités marquant le mariage béni de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L'assiste, auront lieu au Palais Royal à Rabat, à partir du vendredi 1er Joumada-I 1423 de l'Hégire, correspondant au 12 juillet 2002, conformément aux traditions de la glorieuse dynastie alaouite.


Puisse Dieu bénir le mariage de Sa Majesté, remplir Sa vie de joie et de bonheur, et combler le Souverain en la personne de Son Altesse Royale le Prince Moulay Rachid, de Leurs Altesses Royales les Princesses et de l'ensemble des membres de l'illustre famille royale.

 Dieu l'Audient exauce les voeux de ceux qui L'implorent".

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Maroc : noces royales entre tradition séculaire et modernité

AFP, Rabat - vendredi 12 juillet 2002, 21h59 - Les noces officielles du roi Mohammed VI et de Lalla Salma Bennani, une jeune informaticienne de 24 ans, ont été célébrées vendredi à Rabat dans un mélange de tradition séculaire et de modernité.

Plus de 300 journalistes et photographes nationaux et étrangers étaient accrédités pour couvrir les festivités qui comportaient notamment une grande célébration sur l'immense esplanade du Méchouar, devant la porte principale du palais royal de Rabat.

Un long cortège de groupes folkloriques, vêtus de costumes traditionnels et venus de toutes les régions du royaume, s'est dirigé vers cette grande place pour remettre des offrandes aux époux royaux - dattes, henné, bois de santal. Le frère du roi, le prince Moulay Rachid, a conduit ces cérémonies officielles, sous un soleil radieux.

Le roi et son frère le prince Moulay Rachid ont pris place dans une tribune séparée pour recevoir voeux et offrandes. La nouvelle Altesse royale Lalla Salma, épouse du souverain, est en revanche restée à l'abri des regards.

Plusieurs personnalités étrangères ont participé à la cérémonie du Méchouar parmi lesquelles ont été l'ancien président américain Bill Clinton, accompagné de sa fille Chelsea, le ministre afghan des Affaires étrangères Abdulah Abdullah et plusieurs émirs du golfe.

Des tribunes avaient été érigées devant le palais pour accueillir plusieurs milliers de dignitaires du régime, membres du gouvernement, ambassadeurs, responsables politiques, tous en tenue traditionnelle - djellaba blanche et babouches jaunes. Les conjointes, vêtues de caftans dorés, étaient également de la fête.

La nouvelle Altesse royale Lalla Salma, épouse du souverain, devait rester vendredi à l'abri des regards. Mohammed VI devait en revanche faire une apparition parmi ses nombreux invités - parmi lesquels aucune grande personnalité étrangère n'a été aperçue.

Répondant à un voeu du souverain, deux cents jeunes couples marocains, issus de différentes régions, ont été invités à célébrer leurs noces en même temps que le roi.

Des fêtes populaires, fantasias et un grand feu d'artifice étaient prévus en fin de soirée dans la capitale et dans ses alentours, pour couronner cette journée de célébration.

L'acte de mariage proprement dit de Mohammed VI avait été conclu le 21 mars dernier, dans l'intimité du palais royal de Rabat. Les célébrations, prévues initialement à Marrakech, avaient été reportées en signe de solidarité avec les Palestiniens.

Dans la capitale, les façades avaient été repeintes, les trottoirs remis à neuf et les parterres fraîchement fleuris. Les grands carrefours du centre ville étaient décorés de bouquets de drapeaux multicolores. De grands portraits de Mohammed VI ont remplacé pour l'occasion les panneaux publicitaires de la ville.

Les noces du roi Mohammed VI avec Salma Bennani, tout en respectant les traditions séculaires attachées aux mariages marocains, ont permis au souverain de faire passer un "message" de modernité.

Comme l'a souligné vendredi la presse marocaine, l'annonce publique du mariage royal et la révélation de l'identité de l'épouse du souverain ont constitué une rupture avec une tradition de secret.

"Pour la première fois dans l'histoire du Maroc, le mariage du roi est un événement populaire", a titré vendredi le journal Al Alam, en se félicitant, comme l'ensemble de la presse, du caractère public que Mohammed VI a décidé de donner à ses noces.

Le mariage au grand jour est "un signal fort de l'ancrage de la monarchie dans la modernité", a estimé de son côté Aujourd'hui le Maroc, tout comme son confrère Al Bayane qui parle des "signaux forts adressés à la société marocaine, invitée à intégrer ses saines traditions dans une modernité incontournable".

Mohammed VI, âgé de 38 ans, est installé sur le trône alaouite depuis le 30 juillet 1999, après le décès de son père Hassan II.


Nouvelle crise hispano-marocaine autour d'un îlot inhabité

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AFP, Madrid (Espagne), vendredi 12 juillet 2002, 18h33 - Le Maroc a occupé jeudi un îlot rocheux le long ses côtes méditerranéennes et refuse d'en partir en dépit des protestations de Madrid qui affirme qu'il s'agit d'une "rupture unilatérale" d'un statu quo hispano-marocain prévoyant que cet îlot demeurerait démilitarisé.

Embellie au contraire dans le dossier de Gibraltar, tout proche, Londres et Madrid sont d'accord sur le principe d'une souveraineté partagée sur Gibraltar, mais la population de ce territoire aura le dernier mot par référendum, a affirmé vendredi le ministre britannique des Affaires étrangères Jack Straw.

C'est la première fois que le chef de la diplomatie britannique reconnaît l'existence d'un tel accord de principe, évoqué par la presse depuis des semaines.

Il a ajouté que les deux pays étaient "plus proches que jamais de mettre fin à près de 300 ans d'un lourd passé".

A la veille du mariage du roi Mohammed VI, célébré à Rabat dans une atmosphère de fête, l'armée marocaine a installé un "poste de surveillance" sur cet îlot inhabité - appelé île du Persil à Madrid et île Leila à Rabat -, relançant la crise que traversent depuis plus d'un an les relations hispano-marocaines.

Après avoir observé vendredi matin les mouvements d'un patrouilleur marocain autour d'une autre île espagnole proche du Maroc, Madrid, craignant une nouvelle intervention, a décidé de renforcer les moyens militaires de toutes les unités espagnoles permanentes qui se trouvent sur ces îles. Il a également envoyé trois patrouilleurs autour de l'île du Persil où, selon des témoins interrogés par l'AFP, une dizaine de soldats de la marine royale marocaine étaient toujours sur les lieux à la mi-journée vendredi.

Le gouvernement de José Maria Aznar a condamné l'intervention des militaires marocains et a exigé que Rabat "prenne les mesures nécessaires pour un retour à la normale". Dans une "note verbale" adressée aux autorités marocaines, le gouvernement espagnol a estimé que la nouvelle situation représente une "modification du statu quo actuel et ne correspond pas à la volonté de maintenir des relations amicales". Il a demandé au Maroc de répondre "rapidement" à cette note.

Le vice-président du gouvernement, Mariano Rajoy, a affirmé que l'arrivée des soldats marocains sur l'îlot était un acte "incompatible" avec le traité d'amitié et de coopération de 1991 entre les deux pays.

Faisant preuve de fermeté, le Maroc a annoncé qu'il ne retirerait pas ses militaires, estimant que l'îlot de Leila avait été "libéré" en 1956, à l'occasion de la fin du protectorat espagnol sur le Maroc.

Rabat a en outre affirmé que la présence de militaires marocains sur l'îlot s'inscrivait dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et contre l'émigration clandestine.

Le statut de cet îlot, d'une superficie de 13,5 hectares, a été laissé dans l'ambiguité à la fin du protectorat espagnol. Il n'appartient administrativement à aucune communauté espagnole, et Mariano Rajoy, interrogé à plusieurs reprises par les journalistes vendredi pour savoir si Madrid considérait que l'îlot du Persil était sous souveraineté espagnole, n'a pas voulu répondre.

Il a seulement souligné que l'île bénéficie depuis 40 ans d'un "statut accepté par le Maroc et l'Espagne aux termes duquel ni le gouvernement espagnol, ni le gouvernement marocain n'occupera l'île. Ce statu quo a été jusqu'à présent respecté. De manière unilatérale, le Maroc a décidé de le rompre", a-t-il dit.

La nouvelle ministre espagnole des Affaires étrangères, Ana de Palacio, a qualifié l'affaire "d'incident sérieux", mais elle a mis l'accent sur la nécessité de rester "sereins" et de ne pas porter atteinte à une relation basée sur un "traité d'amitié, qui ne traverse pas une bonne période mais qui est en vigueur".

A Rabat également, en dépit de la fermeté affichée, on a indiqué de source autorisée que le Maroc n'avait "aucune intention de dramatiser" cette affaire.

A Bruxelles, un porte-parole de la Commission européenne a estimé que la présence de militaires marocains sur l'îlot était une "violation de l'intégrité territoriale espagnole" et une "question de souveraineté".

Ce nouveau litige est intervenu une semaine après que le ministère marocain des Affaires étrangères eut protesté auprès de Madrid contre la présence de cinq navires de la marine espagnole au large des côtes d'Al Hoceima (nord du Maroc), également sur la côte méditerranéenne.

Le chef de la diplomatie marocaine, Mohamed Benaïssa, avait convoqué l'ambassadeur espagnol à Rabat pour lui demander des explications sur "la présence inhabituelle de cette flotte dans les eaux territoriales marocaines".

Depuis un an, les relations entre Rabat et Madrid passent par des crises successives en raison notamment des positions espagnoles sur le conflit du Sahara occidental - jugées favorables aux thèses du Front Polisario -, sur l'émigration clandestine et sur la pêche.


Noblesse, chefferie, toponymie