Quand faire un peu de ménage s’avère nécessaire.
Si l’on n’est pas d’accord 
avec les points de vue de l’adversaire politique ou autre, l’on a tout à fait la 
liberté d’exprimer clairement son désaccord et les fondements de celui-ci, sans 
arriver au point de manquer de respect à l’endroit de l’adversaire en question. 
Les sobriquets et quelques fois les insultes sont les exemples de ce manque de 
respect et de courtoisie qui empêche la démocratie centrafricaine d’être sevrée 
des langages hérités du Km5, puis d’acquérir ses lettres de noblesse. Si des 
désaccords d’opinion sont de cours dans la vie publique, ceux-ci devraient 
tourner essentiellement autour des grandes idées politiques, de la détermination 
des priorités, et, des stratégies de mise en application des politiques Ces 
désaccords ne devraient aucunement porter sur la comparaison des traits 
physiques ou moraux de l’adversaire à des personnages fictifs ou réels, bouffons 
ou pas. Les idées peuvent être tournées et retournées. L’individu quant à lui, 
ne peut volontairement opérer la métamorphose de ses traits physiques pour 
plaire à autrui, sauf si celui-ci fait appel à la chirurgie esthétique. Enfin, 
ceci pour rappeler simplement que tout le débat à propos des mauvaises décisions 
politiques que l’on combat devrait reposer sur une forme de civilité, acceptée 
par tous les membres des partis politiques centrafricains, partis qui voudrait 
être logés à la même enseigne que les autres grands partis politiques influents 
d’Afrique ou d’ailleurs. Alors de grâce, appelons Patassé, Patassé et le 
Professeur Goumba, Professeur Goumba. Voyez-vous ce que je veux dire?
La démocratie consiste à exposer des grandes idées politiques et à les débattre 
au sein des cellules des quartiers, pendant les réunions ou congrès de parti, au 
cours des débats publiques, etc. La démocratie consiste également à savoir 
écouter ce que disent les autres, à prendre dans leurs argumentations ce qu’il y 
aurait de positif et de constructif, afin éventuellement de réviser ses 
convictions ou de renforcer ses propres positions. Malheureusement ces grandes 
idées que l’on attendait des partis politiques en Centrafrique s’étaient 
limitées à la contestation d’un chef d’état, mal dans sa peau, avait été le 
fantasme de la prédominance d’une tribu particulière sur les autres, avait été 
la mise en place de magouilles par les hommes proches du pouvoir pour détourner 
les fonds publiques, etc. Le culte de la personnalité, le despotisme des chefs 
de partis et les coups d’état militaires avaient été certains maux parmi 
d’autres, qui avaient empêché la Centrafrique d’être un pays où il fait bon 
vivre. Aujourd’hui tous ces maux et d’autres n’autorisent pas à la Centrafrique 
à faire le saut du progrès économique et social ou encore le saut dans 
l’antichambre des pays en développement 
Les gouvernements du MESAN, du RDC et du MLPC avaient apporté la discorde dans 
le pays, à travers les actions de leurs militants, des membres de leurs bureaux 
politiques et de leurs chefs, Même si nous sommes contre le principe du coup 
d’état militaire qui est une manifestation anti-démocratique, nous sommes 
cependant satisfaits que Patassé ait été chassé du pouvoir; il l’avait bien 
mérité selon nous. Aujourd’hui encore certains membres du MLPC de Bangui ou 
d’ailleurs refusent la défaite personnelle puis l’exil de Patassé qui avait fait 
des promesses au peuple centrafricain lors de ses campagnes électorales, et, 
qu’il n’avait pas respectées. Il n’y a pas encore longtemps, certains militants 
du RDC s’étaient comportés de la même manière quand Kolingba avait perdu les 
élections. Patassé avait été un mauvais chef pour le MLPC (c’est notre opinion) 
et pour le peuple qui l’avait choisi (posez donc la question autour de vous). Le 
peuple demandait des comptes à Patassé que celui-ci s’était refusé à rendre, 
parce qu’il avait été élu démocratiquement, disait-il. Pour conserver le 
pouvoir, celui-ci avait fait entrer sur le territoire des forces étrangères pour 
mettre le peuple centrafricain dans les fers. N’avait-il pas annoncé au cours de 
ses campagnes politiques sous Dacko qu’il était opposé à la présence des troupes 
étrangères dans le pays? Il avait fait entrer de son propre chef et avec le 
soutien des militants et autres barons du MLPC, les troupes libyennes et celles 
du rebelle congolais Bemba sur le territoire centrafricain. Bref, les militants 
du MLPC qui soutiennent encore Patassé trouvent-ils convenable que celui-ci ait 
dit une chose et ait fait autrement. Eh bien que ceux-ci le suivent donc dans 
son exil, s’ils pensent que celui-ci n’est pas remplaçable à la tête du MLPC à 
Bangui! Mais enfin, réalisent-ils que Patassé n’est pas le MLPC, ni son 
président à vie, et, n’est autre qu’un militant de parti au même titre que tous 
les autres? Il serait donc bien acceptable de penser que les militants de ce 
"grand parti", comme certains aiment à le dire, fassent une croix sur Patassé, 
élisent un autre leader plus charismatique, afin de discuter des grandes idées 
qui mettraient en place une Centrafrique paisible et prospère. Si aujourd’hui 
encore certains militants du MLPC n’arrivent pas à accepter le bilan evident 
d’échec, à se mettre d’accord sur l’application des termes des statuts de leur 
parti, et, à organiser les élections des membres d’un nouveau bureau politique, 
l’on se demanderait bien pourquoi ces militants prétendent toujours être 
capables de gérer les affaires de l’état qui s’étaient avérées plus complexes! 
La Centrafrique a besoin de partis politiques capables des exploits du phénix, 
afin de continuer la recherche de nouvelles idées politiques pertinentes, la 
pérennité et le dynamisme du grand mouvement démocratique centrafricain, et, de 
définir les voies possibles pour le développement du pays. Faire de la politique 
ne signifie pas vouer un culte à un individu particulier pour des raisons 
d’appartenance régionale, tribale ou autre. Et Patassé s’était trompé en pensant 
que son élection au suffrage universel était une fin en soi. Les résultats 
médiocres de sa politique n’avaient donc rien pour surprendre. J’espère que 
Bozizé et les autres prétendants sauront saisir l’occasion pour ne pas faire les 
mêmes erreurs! 
Nous sommes désolés d’avoir cherché à faire la leçon. Il fallait bien qu’enfin 
quelqu’un dise quelque chose sur ces écarts de langage et ces querelles qui n’en 
finissent plus. Et si vous pensez autrement, faites le donc savoir; cela 
pourrait aider le processus démocratique à reprendre racine en Centrafrique.
Jean-Didier Gaïna
Virginie, Etats-Unis d’Amérique
(28 janvier 2004)