Centrafrique: la population de 
Grimari en rage contre la force française Sangaris. Pâques à 
Bambari
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Centrafrique: la population de 
Grimari en rage contre la force française Sangaris
Par AFP, 21/04/2014 à 10:24
Grimari (Centrafrique) - "On pensait que Sangaris était venue nous aider, mais ils assassinent nos enfants". A Grimari, bourgade du centre de la Centrafrique, la population accuse la force d'interposition française d'avoir tué des civils, ce qu'elle nie, invoquant la légitime défense.

L'auteur des propos est une 
vieille femme en pleurs. Hystérique alors que cinq cadavres sont recouverts 
d'une couverture à quelques mètres d'elle, elle arrache son débardeur, lève les 
bras au ciel, torse nu, et se met à hurler. 
Son désespoir est à la mesure 
de la colère des chrétiens de Grimari. Près de 5.000 d'entre eux se terrent 
depuis une semaine dans la paroisse de la ville, alors que l'ex-rébellion Séléka 
(pro-musulmans, au pouvoir entre mars 2013 et janvier 2014) et les milices 
anti-balaka s'affrontent, avec Sangaris comme pacificateur. Mais ils sont 
désormais en rage contre l'armée française. 
Un barrage sommaire, fait de 
quelques bouts de bois, est destiné à empêcher Sangaris de passer, là où 
quelques jours plus tôt, un blindé léger français assurait justement leur 
protection. 
"Ce matin, les Sangaris ont tué cinq civils, qui étaient partis 
chercher leurs affaires dans leurs maisons. Ils ont pris peur quand les Sangaris 
sont arrivés, mais ils les ont quand même tués. Sangaris Séléka 
!", vitupère Fabrice Kossingou, un instituteur. 
Derrière lui, une vingtaine 
d'hommes se montrent très remontés. L'un d'eux hurle : "Ils ont décapité nos frères !" 
Quelques centaines de mètres 
plus loin, une vingtaine d'habitants entourent cinq corps ensanglantés. Trois 
des cadavres, dont l'un aux yeux entrouverts, portent les gris-gris typiques des 
anti-balaka, censés les rendre invulnérables aux balles et aux armes blanches. 
Ces milices composées 
majoritairement de chrétiens mènent depuis plusieurs mois une lutte sans merci 
contre l'ex-rébellion Séléka, mais aussi contre les civils 
musulmans.  
Les deux autres dépouilles ne 
portent aucun signe du genre. "Le premier est mon 
fils, l'autre son ami. Ils dormaient à la paroisse", dit Jean-Pierre Bongo, vieil homme aux bras ballants et à 
l'ouïe faible. 
Pour les habitants du 
quartier, ces deux derniers, qui étaient "cachés 
sous un matelas", n'avaient rien à voir avec les 
anti-balaka  
- "Tirs de riposte" - 
Un typhon semble avoir ravagé 
la petite case de terre. Des douilles jonchent le sol. Un sommier est retourné, 
sous lequel "il y a encore le sang, regardez 
!", pointe-t-il. 
"Tout ça, ce sont des impacts de balle", affirme un voisin en montrant des trous dans une plaque de tôle 
et dans la façade, près de la porte d'entrée. "On 
n'a pas besoin de ça ici", peste un autre 
habitant du quartier. 
Interrogée, l'armée française, 
stationnée à quelques centaines de mètres de là, présente une version 
complètement différente des faits. 
"La force a fait une riposte à des tirs effectués par des 
anti-balaka", affirme le capitaine Daniel, aux 
commandes de la force dans la petite ville. 
"Si une personne a une arme et qu'elle nous tire dessus, la riposte 
est immédiate. C'est de la légitime défense." 
Et de réfuter toute idée 
d'accident concernant les deux civils présumés. "Ce n'est aucunement une bavure. Les armes (des anti-balaka) sont 
là. Il y en a pléthore", remarque-t-il. 
Deux autres anti-balaka, 
reconnaissables à leurs gris-gris, ont été blessés, que l'AFP retrouve dans le 
centre de santé voisin.  
L'un, allongé sur un brancard, 
l'épaule gauche bandée, du carton en guise d'oreiller, respire dans une sorte de 
clapotis rauque. "Il a vomi du sang. On ne sait 
pas s'il va y rester", constate Pascal Bouclou, 
secouriste de la Croix-Rouge locale. 
Le second, qui présente une 
blessure profonde au mollet gauche, fait semblant de dormir, mais ses yeux 
s'ouvrent parfois. 
"Les Sangaris ont tué deux innocents", déplore Maxime Gbolo-Kouzou, le chef du quartier. Interrogé sur 
ce qu'il pense des anti-balaka, sa réponse fuse: "ils ne font rien à la population. Ils cherchent les Séléka pour en 
découdre avec eux. Or les Séléka font peur à la population depuis décembre 
2012". 
A la sortie de Grimari, l'AFP 
croise une patrouille Séléka en uniforme. Quelques kilomètres plus loin, une 
soixantaine d'anti-balaka, portant tous de vieilles armes, certains coiffés d'un 
chapeau de feuilles, avancent à la queue leu leu, le visage fermé. 
Dix minutes plus tard, une 
demi-douzaine de véhicules de la force Sangaris rentrent à Grimari, où la nuit 
promet d'être longue. 
Par  AFP - lexpress.fr
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Centrafrique : les soldats 
français accusés d'avoir tué des civils
Publié le 21 avril2014, 13h12  
leparisien.fr

Grimari (Centrafrique), 
le 20 avril 2014. Les habitants de cette ville du centre accusent les forces 
françaises d'avoir tué leurs «fils». Les soldats tricolores parlent eux de 
riposte.| (AFP/MIGUEL 
MEDINA) 
Un barrage sommaire, 
confectionné de bric et de broc, empêche ce lundi les soldats français de passer 
à Grimari (Centrafrique), au nord-est de la capitale Bangui. Quelques jours plus 
tôt, c'est pourtant un blindé léger de l'opération Sangaris qui assurait la 
protection de la population. «On pensait que Sangaris était venue nous aider, 
mais ils assassinent nos enfants», accuse une vieille femme en pleurs. 
Près d'elle, cinq cadavres sont 
recouverts d'une couverture. Selon les chrétiens de cette bourgade du centre, 
les forces françaises ont tué ces civils. L'armée tricolore, elle, invoque la 
légitime défense.
Depuis une semaine, près de 5 000 chrétiens se terrent 
dans la paroisse de Grimari, alors que l'ex-rébellion Séléka (pro-musulmans, au 
pouvoir entre mars 2013 et janvier 2014) et les milices anti-balaka 
s'affrontent, avec la force française comme pacificateur. Mais ils sont 
désormais en rage contre l'armée française. Sur les cinq personnes abattues, 
«les Sangaris ont tué deux innocents», affirme Maxime Gbolo-Kouzou, le chef du 
quartier. Selon les habitants réfugiés dans la paroisse, les deux morts 
n'étaient pas des anti-balaka. «Le premier est mon fils, l'autre son ami. Ils 
dormaient à la paroisse», dit Jean-Pierre Bongo, un vieil homme aux bras 
ballants.
«Ce 
n'est pas une bavure»
L'armée française donne une 
version bien différente des faits. «La force a fait une riposte à des tirs 
effectués par des anti-balaka», assure le capitaine Daniel, aux commandes de la 
force française dans la petite ville. «Si une personne a une arme et qu'elle 
nous tire dessus, la riposte est immédiate. C'est de la légitime défense», 
défend-t-il. Et de réfuter toute idée d'accident concernant les deux civils 
présumés. «Ce n'est aucunement une bavure. Les armes (des anti-balaka) sont là. Il y en a 
pléthore», assure le soldat français.
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Centrafrique: 
pour Pâques, appel au calme dans la cathédrale de Bambari, 
menacée

Célébrations de 
Pâques à la cathédrale Saint-Joseph à Bambari, en Centrafrique le 20 avril 2014 
(Photo Miguel Medina. AFP)
Chants entraînants, guirlandes 
artisanales et boubous fleuris ... L’allégresse, de rigueur dans la cathédrale 
de Bambari pour Pâques, n’a pas fait oublier les menaces du quotidien en 
Centrafrique, le prêtre appelant au calme alors que des milices se rapprochent 
de cette ville du centre du pays.
Le bâtiment futuriste, dont la forme 
arrondie et pointue n’est pas sans rappeler une soucoupe volante singulièrement 
posée en terre africaine, était plein à craquer pour la messe 
dominicale.
Bien plus d’un millier de fidèles 
sont arrivés parés de leurs plus beaux atours : maillots de foot ou pagnes, 
parfois à l’effigie du pape ou de la vierge Marie. 
Se détachant au milieu de la foule, 
un petit bonhomme, 2 ans tout au plus, le regard fixe dans son smoking noir à 
rayures, trois fois trop grand pour sa taille 
minuscule.
Point de cantiques psalmodiés comme 
dans la lointaine Europe. A Bambari, la foule chante, sourit, frappe dans ses 
mains, au son tropical d’une guitare, d’une basse et de percussions. De petites 
danseuses en robes vertes et jaunes, mouchoir fleuri à la main, roulent leurs 
épaules et se déhanchent en rythme devant l’autel.
Mais l’atmosphère paisible est 
trompeuse et l’abbé Thibault rappelle ses ouailles à la réalité de la 
Centrafrique d’aujourd’hui.
«Puisqu' aujourd’hui le Christ est 
ressuscité, il faut oublier tout ce qui s’est passé avant», lance-t-il.
«Les jeunes doivent écouter les 
anciens car ils ont de l’expérience. Ceux-ci doivent être des modèles (...) Que 
Dieu réunisse tous ses disciples, divisés pour l’instant.»
Et d’informer la foule 
qu'«un prêtre a été tué» vendredi. Six balles l’ont fauché alors qu’il roulait à 
moto dans le nord du pays, selon une source 
sécuritaire.
Plus d’un an après un 
coup d’Etat, la Centrafrique vit dans le chaos. A 
- «On ne veut pas la 
guerre» - 
Les anti-balaka disent 
venger les chrétiens des sévices que leur ont infligés les Séléka quand ils 
étaient au pouvoir entre mars 2013 et janvier 2014, mais ils commettent à leur 
tour des atrocités.
Chrétiens et surtout 
musulmans craignent que ces combats, transposés au coeur de Bambari, n’apporte 
leur cortège de pillages, de destructions, de morts, toutes communautés 
confondues.
«Maintenant, les 
musulmans disent que si les anti-balaka viennent leur faire du mal, ils vont se 
retourner contre les chrétiens pour rendre les coups», s’inquiète à la sortie du 
culte Camille Pandjikoro, un cultivateur de 53 ans, au col de chemise 
rapé.
«On ne veut pas la 
guerre, on ne veut pas de mal», observe sa soeur Madeleine Nguéréthanga, 
ménagère de 50 ans, engoncée dans un joli boubou bleu. Ses enfants, âgés d’une 
vingtaine d’année, sont interdits de sortie. «On leur ordonne de rester à la 
maison pour ne pas qu’ils créent des problèmes.»
Mathias René Mati, 
agriculteur de 44 ans, demande aux jeunes de «ne pas réagir comme ceux de Bangui 
par rapport aux musulmans», afin d’éviter les tueries qui ont fait des centaines 
de morts, peut-être des milliers, dans la capitale.
«Il n’y a pas de 
problème chez les vieux», musulmans comme catholiques, affirme-t-il. «C’est 
plutôt chez les jeunes» que le bât blesse, d’où de fréquentes réunions pour 
calmer les esprits, ajoute l’homme, le cou ceint d’un foulard 
rouge.
Fin de la messe, les 
mères d’enfants gesticulant ou endormis sur leur épaule quittent la cathédrale, 
juste derrière les pères, que précède la croix portée par les enfants de 
choeur.
Une jeep de Sangaris, 
la force d’interposition française en Centrafrique, passe devant le bâtiment, 
saluée par une myriade d’enfants bondissants. Comme pour rappeler qu’après cette 
trêve de Pâques, la dure réalité reprend ses droits à 
Bambari.