1er
Discours du Président réélu, Faustin Archange Touadera
[18 janvier 2021]
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DISCOURS
DE SON EXCELLENCE MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, CHEF DE L’ETAT,
Faustin
Archange Touadera
A
LA SUITE DE SA REELECTION A LA MAGISTRATURE SUPREME DE L’ETAT
Centrafricaines,
Centrafricains ;
Mes
Chers Compatriotes ;
La
Cour Constitutionnelle vient de me proclamer réélu au premier tour de l’élection
présidentielle du 27 décembre 2020, à 53, 16%.
Cette
décision de la plus haute juridiction de notre pays clôt définitivement le
contentieux électoral et doit marquer la fin des incidents qui ont émaillé le
processus électoral.
Je
ne saurais comment vous exprimer toute la gratitude que me cause le
renouvellement de votre confiance.
Permettez-moi
de rendre grâce à Dieu, le seul et unique dispensateur du pouvoir temporel qui,
dans sa souveraineté et, à travers vos suffrages, m’a renouvelé sa grâce
imméritée pour présider à la destinée de notre peuple.
A
vous, mes chers Compatriotes, je viens, avec humilité du cœur, vous exprimer mon
premier sentiment qui se résume en un seul mot : MERCI.
Merci
du fond du cœur, pour la confiance renouvelée.
Je
vous félicite pour les sacrifices consentis pour sauver notre démocratie en
construction et l’Etat de droit.
Ces
élections, organisées dans un contexte particulièrement difficile, ont révélé
aux yeux du monde la vitalité de notre démocratie, la résilience et la maturité
du peuple centrafricain.
En
effet, avec courage et détermination, vous avez bravé l’angoisse causée par le
COVID-19, les appels au boycott, les intimidations, les désinformations, les
menaces, les violences aveugles des ennemis de la paix et de la démocratie, pour
aller massivement exercer votre droit civique, celui d’élire vos
dirigeants.
J’ai
encore à l’esprit l’image de files interminables d’hommes, de femmes, de jeunes
et surtout de personnes de troisième âge qui ont bravé les tirs nourris des
balles, les menaces à mains armées, les injures, les mutilations, les atrocités,
pour aller aux urnes, le 27 décembre 2020.
Pendant
la campagne électorale, j’ai pu apprécier et mesurer le courage et l’engagement
de la jeunesse, de la femme centrafricaine à tourner définitivement la page
sombre du passé qui a caractérisé notre pays en bravant l’adversité pour
consolider nos acquis démocratiques.
Vos
bulletins de vote, tout le monde le sait aujourd’hui, ont été des armes
redoutables contre les attaques des ennemis de la paix, contre la barbarie. Vos
bulletins de vote ont constitué un rempart pour notre démocratie menacée
d’extinction et pour notre unité nationale retrouvée. Et il en sera ainsi
désormais pour tous les changements de régimes dans notre pays. Les coups d’Etat
sont définitivement bannis de notre pays. Mais ces élections, vous le savez,
nous le devons aussi et surtout à la mobilisation et au soutien sans faille de
l’ensemble de la communauté internationale, en faveur de la démocratie et de
l’Etat de droit en République Centrafricaine.
Je
voudrais ici exprimer ma gratitude et celle de toute la Nation à l’ensemble de
la communauté internationale, aux partenaires techniques et financiers, aux pays
amis et frères qui ont soutenu, contre vents et marées, ce processus jusqu’au
bout.
Je
tiens à remercier particulièrement l’Union Européenne, partenaire historique et
privilégié de la République Centrafricaine, pour sa précieuse contribution au
financement de ces élections groupées et pour les actions qu’elle mène en faveur
du relèvement et du développement de la République Centrafricaine, à travers
plusieurs programmes d’appui aux secteurs des services sociaux de base, la
relance de l'activité économique, la stabilisation du pays et la reconstitution
du tissu social qui contribuent à l’amélioration de la qualité de vie de la
population centrafricaine.
Je
voudrais également remercier les Nations Unies, représentées ici par la MINUSCA,
pour le soutien sans faille apporté au processus électoral et les sacrifices
consentis par les soldats de la paix pour permettre aux Centrafricains d’exercer
leur droit le plus fondamental, celui de choisir librement leurs
dirigeants.
Permettez-moi
enfin de remercier mes Frères et Sœurs Unis du Mouvement des Cœurs Unis, les
partis et associations alliés de la Plateforme BE OKO et la Direction Nationale
de Campagne pour leur mobilisation grandiose et leur engagement patriotique qui
ont permis cette réélection.
Une
mention spéciale est réservée à la jeunesse, aux femmes, réunies dans plusieurs
associations et mouvements de soutien à notre candidature et dont les soutiens
ont été déterminants.
A
vous tous, j’exprime ma profonde gratitude.
Je
tiens à préciser que cette victoire qui vient d’être proclamée n’est pas la
victoire d’un camp sur un autre ; elle n’est pas la victoire d’un parti
politique sur les autres. Elle est la victoire de la démocratie sur la dictature
des armes, elle est la victoire du bien sur le mal.
Mes
Chers Compatriotes ;
La
campagne électorale est terminée. Il est temps d’oublier les dissensions créées
par cette période électorale mouvementée et de nous rassembler autour des nobles
idéaux que nous a légués le Père Fondateur de la République, feu Président
Barthelemy BOGANDA, à savoir l’unité, la dignité et le
travail.
En
me renouvelant votre confiance, vous avez voté pour la paix, pour le vivre
ensemble, pour l’unité nationale, pour le développement et pour la prospérité de
notre pays.
Je
suis profondément pénétré du devoir de Père de la Nation qui m’incombe et vous
pouvez croire que je n’y faillirai pas.
Je
vous réaffirme ma détermination à œuvrer davantage et avec vous, pour que notre
pays tant meurtri retrouve définitivement le chemin de la paix, de la sécurité,
de la concorde nationale, du vivre ensemble et de la
prospérité.
Aujourd’hui,
je vous réaffirme que je suis le Président qui rassemble toutes les filles
et tous les fils de la République Centrafricaine.
Je
suis le Président de tous les Centrafricains, sans distinction d’origine
politique, régionale, ethnique, religieuse, philosophique et
sociale.
Fidèle
à ma politique de main tendue, d’addition et de multiplication, je tends la main
à tous les Compatriotes épris de paix, conscients du retard de développement de
notre cher et beau pays, et soucieux de son développement socio-économique de
nous rejoindre pour poursuivre ensemble le combat de la défense de la
souveraineté, du développement et de la prospérité de notre
pays.
Comme
vous le savez, mon projet de société a toujours été de rassembler les
Centrafricaines et Centrafricains autour d’un même idéal : bâtir la République
Centrafricaine dans la paix et l’unité nationale.
Je
tends la main patriotique à l’opposition démocratique afin de sortir notre pays
du cycle vicieux de violences et de destruction.
Mes
Chers Compatriotes ;
Le
contexte électoral ne m’a pas permis de me prononcer immédiatement sur la
situation sécuritaire de notre pays, depuis la tentative manquée d’atteinte à la
sûreté intérieure de l’Etat.
Je
dois rappeler que le mercredi, 13 janvier 2021, à 5 heures du matin, nos Forces
de défense et de sécurité, appuyées par la MINUSCA et les forces amies russes et
rwandaises, ont vigoureusement empêché la réalisation d’un coup d’Etat, perpétré
par la nébuleuse rébellion dénommée Coalition des Patriotes pour le Changement
(CPC), dirigée par l’ancien Président François BOZIZE.
Les
attaques simultanées et coordonnées, déclenchées à la veille des scrutins
présidentiel et législatifs du 27 décembre 2020 contre les populations civiles à
Yaloké, Bossembelé, Boda, Mbaïki, Bouar, Sibut, Damara, Béloko, Bangassou,
Grimari, et qui ont atteint le summum de leur cruauté par celles lancées aux
premières heures de la matinée du 13 janvier 2021 sur la capitale Bangui ont,
comme vous le savez, entraîné de nombreuses pertes en vies humaines et des
pertes économiques énormes pour le pays.
A
l’heure où je m’adresse à Vous, le coup d’Etat contre les institutions de la
République, l’Etat de droit et la démocratie a échoué.
Je
voudrais ici rendre hommage à toutes les victimes de cette barbarie et
particulièrement aux soldats de la paix, à ceux des pays frères et amis et aux
éléments des forces de défense et de sécurité nationales, tombés sur les champs
d’honneur pour la démocratie et la liberté du peuple
centrafricain.
Je
voudrais ici féliciter du fond du cœur nos forces de défense et de sécurité,
pour le courage, la bravoure, le patriotisme et le professionnalisme dont elles
ont fait preuve, en mettant hors d’état de nuire ces criminels sans foi ni loi
qui veulent prendre notre pays en otage.
Je
voudrais remercier et encourager la MINUSCA, les forces spéciales amies russes
et rwandaises pour leurs appuis aux forces de défense et de sécurité de notre
pays qui ont permis de contrer l’offensive rebelle et de protéger les
institutions de la République.
Je
voudrais remercier l’ensemble de la communauté internationale qui a toujours été
au côté du peuple centrafricain pendant les pires moments de son histoire, pour
la réprobation et la condamnation unanimes de la tentative de blocage du
processus électoral et de la tentative de coup d’Etat contre les institutions
démocratiques de notre pays.
Je
remercie également la société civile, la Conférence Episcopale Centrafricaine,
les organisations de la jeunesse et des femmes pour leur soutien indéfectible
aux institutions de la République.
Je
voudrais particulièrement vous remercier et vous féliciter, mes chers
Compatriotes, pour le patriotisme et le courage exemplaires dont vous avez fait
preuve, depuis le début de cette nouvelle crise, en fournissant en temps réel
des renseignements précieux sur les mouvements, les moyens et les stratégies des
assaillants à vos autorités légitimes et aux forces de défense et de sécurité.
Grâce à ces renseignements, nos forces, appuyées par les partenaires, ont pu
mettre en déroute les assaillants.
Mes
Chers Compatriotes ;
J’ai
fait le choix du dialogue et de la recherche permanente du consensus autour des
questions d’intérêt national.
Vous
en êtes tous témoins, et d’ailleurs beaucoup de nos Compatriotes, y compris ceux
qui le réclament aujourd’hui à cor et à cri, me l’ont
reproché.
Mais
j’ai tenu bon jusqu’à obtenir un Accord politique pour la paix et la
réconciliation, avec les groupes armés afin de mettre définitivement fin au
cycle de violences qui ont plombé la chance de développement de notre
pays.
Au
lendemain de mon investiture, nous allons poursuivre la réconciliation nationale
afin de décrisper le climat politique pré et post
électoral.
Mes
Chers Compatriotes ;
Que
personne ne vous trompe par de vaines paroles. Cette rébellion a été préparée
depuis l’exil de l’ancien Président François BOZIZE et devrait être exécutée dès
le retour de celui-ci sur le sol centrafricain.
Mais
il lui fallait trouver un prétexte, même fallacieux, pour exécuter son plan
machiavélique et à des fins purement personnelles et
familiales.
Ainsi,
depuis son retour en décembre 2019, l’ancien Président François BOZIZE n’a eu de
cesse de multiplier des provocations contre les institutions de la
République.
L’argument
spécieux tiré de l’invalidation de sa candidature à l’élection présidentielle
par la Cour Constitutionnelle n’a été qu’un prétexte supplémentaire pour
déclencher les hostilités préparées de longue date.
Mes
Chers Compatriotes ;
Je
tiens à rappeler qu’aux termes de la Constitution de notre pays, le coup d’Etat,
la rébellion, la mutinerie et tout autre procédé non démocratique d’accession au
pouvoir constitue un crime imprescriptible contre le peuple
centrafricain.
Aucun
individu, fut-il général d’Armée ou ancien Président de la République, ne
peut s’approprier la souveraineté nationale pour l’exercer par les
armes.
Ne
nous trompons pas d’ennemis. Il faut éviter les amalgames. Nous savons tous que
c’est l’ancien Président François BOZIZE qui a conçu la rébellion, réuni les
moyens et mis le feu au pays ; bien sûr, avec les mercenaires étrangers qu’il a
recrutés et ses alliés politiques que vous connaissez tous, pour satisfaire son
ambition personnelle ou familiale.
Une
enquête judiciaire est ouverte pour permettre d’aboutir à la manifestation de la
vérité. Les auteurs, coauteurs et complices présumés de ces crimes
imprescriptibles commis contre le peuple centrafricain seront recherchés,
arrêtés et traduits devant les juridictions compétentes.
Je
vous exhorte donc à observer le calme, la retenue et à demeurer vigilants, car
l’ennemi n’est pas encore totalement vaincu.
Je
vous exhorte enfin à reprendre le travail, à vaquer librement à vos occupations
quotidiennes et à ne pas céder à la peur, pour éviter l’effondrement de notre
pays.
Vous
le savez, les conséquences immédiates de ces violences aveugles et du blocage du
corridor Bangui-Garoua Boulaï, sont la pénurie et la flambée des prix des
produits de première nécessité sur l’ensemble du territoire et la privation de
la population des services sociaux de base tels que les écoles et les
hôpitaux.
Je
vous exhorte instamment à continuer à soutenir, par tous les moyens, nos forces
de défense et de sécurité ainsi que la MINUSCA et les forces spéciales amies
russes et rwandaises, jusqu’à la victoire finale sur les forces du
mal.
Vous
pouvez faire confiance à vos autorités, à vos forces de défense et de sécurité,
à la MINUSCA et aux forces des pays amis et frères venus combattre à nos côtés
pour la démocratie et les droits de l’Homme.
J’exhorte
les femmes, les jeunes et tous les compatriotes épris de paix, à se lever comme
un seul homme, comme vous savez le faire, pour barrer la route à la barbarie que
les mercenaires et leurs parrains veulent nous imposer.
La
République Centrafricaine, dois-je le rappeler, est notre avenir
commun.
Nous
devons la défendre contre les agissements de tous ceux qui, rongés par la haine,
la méchanceté, l’esprit de vengeance et l’amertume, usent de tous les artifices
pour empêcher le peuple d’exercer son droit fondamental qui est celui de choisir
librement ses dirigeants.
Vive
la démocratie pour que vive la République Centrafricaine !
Que
Dieu bénisse la République Centrafricaine et son Peuple !
Je
vous remercie.
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1er
Discours du Président réélu, Faustin Touadera [18
janvier 2021]
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