Comprendre la nouvelle donne de la justice prônée au sortir de Khartoum pour la République Centrafricaine, la « Justice Transitionnelle »

 

Que les juristes, les psychologues, les sociologues, les turugu-kpalé, nous viennent au secours.

 

1 - Définition

La justice transitionnelle (JT) est un processus qui se veut le pont entre la justice punitive traditionnelle et le politique et dont l’objet officiel est de cicatriser des meurtrissures du tissu social par l’apaisement des tensions au sein du corps social, la réconciliation et le pardon dans les États en transition. Sa définition reste floue parce qu’elle se veut moins un concept rigide qu’une boîte à outils à utiliser dans différents contextes de transition. Cet article vise à interroger les fondements de ce type de justice et d’en confronter missions thérapeutique, juridique et politique au regard des résultats observés. Nous présenterons d’abord le discours de légitimation dominant dans la littérature relative à la JT et qui la présente tel un processus thérapeutique et pacificateur des sociétés en transition. Constatant l’échec de cette mission affichée, nous relisons ensuite, à l’aune des théories du nationalisme, le rôle plus exact de la JT afin d’en faire ressortir d’autres dimensions plus officieuses qui justifieraient sa pérennité en dépit de ses échecs apparents.[Cf. Nour Benghellab, « Des mythes aux réalités de la justice transitionnelle », Vol. XIII | 2016, mis en ligne le 12 février 2016, consulté le 04 février 2019]

 

 

2 - Pour comprendre ce qu’est la « Justice Transitionnelle. » :

Cf. Processus de paix et Justice transitionnelle.

[Du 1er au 8 juillet 2018 Saint-Étienne-de-Baïgorry Baigorri (Pays basque) Université d’été de l’Institut Universitaire Varenne et de l’Association Francophone de Justice Transitionnelle. https://jupit.hypotheses.org/1654]

 

Privilégier une approche pluridisciplinaire -

L’analyse des questions liées à la Justice transitionnelle nécessite, en raison de sa nature, d’en tre croi ser les disciplines en mêlant au Droit, la science politique, l’histoire et la psychologie. Le programme de l’université d’été est ainsi conçu pour permettre un dialogue entre les disciplines et les participants venant d’horizons divers.

 

Combiner réflexion et action -

Au-delà d’une nécessaire réflexion académique, la compréhension de la Justice transitionnelle implique de connaître et de maîtriser la réalité des situations et des processus. C’est pourquoi il nous est apparu primordial d’offrir aux participants l’opportunité de rencontrer des acteurs à même de leur apporter des regards complémentaires et de partager avec eux des expériences variées. Les organisateurs de cette université d’été ont donc souhaité associer aux universitaires, des praticiens (avocats, magistrats, membres d’ONG), afin d’offrir aux participants une meilleure connaissance de la réalité de la Justice transitionnelle.

 

Dans la même perspective, chaque journée sera découpée en deux temps. Les interventions dispensées dans la matinée permettront aux participants de consolider leurs connaissances dans l’une des thématiques essentielles à la compréhension des interactions entre Processus de paix et Justice transitionnelle : juger, réintégrer, réparer et reconstruire. Les après-midis seront quant à elles consacrées à des études de cas, durant lesquelles les étudiants pourront écouter et échanger avec des acteurs intervenus dans le cadre de conflits spécifiques. Cinq contextes feront ainsi l’objet d’une analyse approfondie mêlant savoirs et expériences : l’ex-Yougoslavie, la Colombie, le Pays basque, la République centrafricaine et Israël-Palestine.

 

S’immerger dans la réalité humaine de la Justice transitionnelle -

La démarche retenue pour cette université d’été s’inscrit dans une vision réaliste de la Justice transitionnelle. Mettant en relation et très souvent en conflit des hommes et des femmes marqués par les épreuves et les traumatismes endurés, la dimension affective liée au contexte et à ses acteurs ne saurait être écartée. La compréhension impose en effet une véritable immersion dans cette réalité et une réflexion quant à la distanciation qu’elle impose. Il faut ainsi « être empathique pour comprendre et rationnel pour juger », comme l’expliquait un magistrat impliqué dans les procès du génocide rwandais.

 

Il apparaît donc essentiel de permettre aux étudiants d’approcher cette réalité particulière notamment lors des soirées consacrées à des projections de documentaires, sur des thématiques recoupant celles abordées lors des journées. Poursuivies par des débats, elles constitueront un festival du film documentaire, intitulé « Mémoires de guerre », qui se déroulera donc en parallèle de l’université d’été. Il se clora autour d’une journée spéciale « Espoirs de paix », mêlant documentaire et table ronde.