Quelqu’un l’avait déjà énoncé et nous reprendrons 
ici qu’un enfant n’avait jamais eu le choix de naître noir, blanc, jaune ou 
rouge.  De la même manière nous 
pourrions ajouter qu’aucun centrafricain n’avait choisi de naître dans une tribu 
particulière de ce pays.  Et chaque 
citoyen avait certainement eu, au moins, une raison légitime pour indiquer avec 
une fierté son ascendance dont l’histoire avait été caractérisée par les valeurs 
guerrières des hommes de la tribu, leur courage en face des dangers de la 
nature, leur ardeur dans la réalisation des travaux communautaires ou 
individuelles, leur habileté dans la fabrication de structures diverses, par la 
beauté particulière exhibée par les femmes de la tribu, et par certaines 
dispositions naturelles de celles-ci à avoir ou non une nombreuse progéniture, 
etc.  A cause de ces attributs, 
chaque fils ou chaque fille du pays avait été capable de se rappeler la tribu de 
ses parents, d’où ceux-ci viendraient à la suite des récentes migrations, 
certaines pratiques culturelles du clan, les alliances à la suite d’arrangements 
nuptiaux, etc.  Parler de ses 
origines ancestrales ou de sa tribu avait donné à chacun l’occasion d’apprendre 
sa propre histoire et de la faire connaître aux autres.  Ce serait donc aussi par ces échanges 
que l’on avait appris cette histoire combien riche et variée des peuples 
oubanguiens, aujourd’hui centrafricains.  
Pour ce qui concerne 
Malheureusement, de très nombreux enfants de ce 
pays avaient oublié toute cette cohabitation pacifique entre les tribus et 
l’humanité des centrafricains que Bathélémy Boganda avait essayé de faire 
traduire dans la devise nationale.  
Hier, le citoyen qui s’était senti plus centrafricain que les autres pour 
des raisons d’appartenance tribale ou à cause d’une alliance quelconque que 
celui-ci aurait avec le clan au pouvoir en place, avait pensé qu’il pouvait 
manquer d’égard à l’endroit de ses autres concitoyens qui avaient eu le malheur 
biologique ou géographique d’être nés dans l’autre tribu.  Mais, est-ce qu’il y aurait dans cette 
Centrafrique des tribus que l’on considérerait de seconde catégorie?   Nous avons cherché en vain les 
références ou les repères qui soutiendraient cette idée.  Enfin, à tourner et à retourner le 
sujet, nous ne comprenons toujours pas pourquoi ni comment cette notion de 
prédominance d’une tribu sur les autres ou cette croyance s’était installée 
comme une idéologique politico-économique dans les esprits d’une catégorie de 
centrafricains.  Mieux encore, nous 
ne comprenons pas pourquoi le citoyen centrafricain, qu’il soit d’origine sango, 
gbanziri, yakoma, ngbaka, issongo, mbimou, gbaya, kaba, souma, mandja, 
ngbaka-mandja, rounga, banda, ngbougou, langbashi, nzakara ou zandé aurait pensé 
qu’il avait plus de droits civiques, aurait plus de mérites, plus d’attributs 
physiques ou intellectuels que celui qui était né dans l’autre tribu?  
Vous serez en train de vous demandez pourquoi nous 
avons décidé d’aborder ce sujet ici?   
A la suite des querelles et des divisions entre nordistes et sudistes, 
des conflits armés, des génocides et autre dans de nombreux pays africains, nous 
avons cru qu’il était important de tirer sur la sonnette d’alarme et d’écrire un 
peu plus largement à propos de tribalisme en Centrafrique.  Parce que le terme “génocide” des 
yakomas ou celui des kabas était sorti des bouches de nombreux centrafricains, 
nous avons voulu profiter d’une occasion pour essayer d’enfoncer le dernier clou 
dans le cerceuil, puis d’enterrer définitivement la mauvaise interprétation que 
de nombreux citoyens de ce pays avaient fait de la notion de tribalisme.  Ceux-ci avaient décidé d’escamoter la 
véritable interprétation du mot tribalisme en l’utilisant comme une forme 
d’idéologie pour accéder au pouvoir et pour réaliser leurs rêves de carrière 
bien réussie.  Nous considérerons 
que l’usage du tribalisme pour satisfaire des ambitions politiques puis 
financières serait comme jouer avec le feu pour les raisons que nous allons 
essayer d’établir ci-après. Quand Dacko, Bokassa, Kolingba, Patassé ou Bozizé 
avaient respectivement été au pouvoir à Bangui, leurs proches, certains 
individus appartenant à leurs clans, des membres influents de leurs tribus, et, 
par extension leurs sbires ou leurs mercenaires, avaient crû avoir acquis, à 
l’occasion, des titres de noblesse.  
Ceux-ci et leurs maîtres avaient organisé des escroqueries financières et 
opéré en toute impunité des magouilles qui avaient contribué à faire de 
l’économie du pays ce qu’elle serait aujourd’hui, c’est à dire une 
mourante.  L’usage du tribalisme 
comme moyen pour accéder et se maintenir au pouvoir ou comme stratégie de basses 
oeuvres, avait aussi servi à éliminer toute compétition régulière dans des 
secteurs lucratifs de l’économie, afin de s’arroger des monopoles et avoir les 
mains libres pour organiser des escroqueries, des raquettes, de la contrebande 
ou autres malversations au détriment de l’Etat.  Ces organisations tribalistes avaient été partout, dans 
l’expoliation des cultivateurs du café, dans l’expropriation de grands domaines 
forestiers pour exploiter le bois, dans l’acquisition de concessions pour 
l’exploitation illicite du diamant, dans la contrebande des produits pétroliers 
et autre produit d’importation, dans les détournements et les recels des dons 
divers de pays amis en faveur de l’état centrafricain.  Ces organisations avaient joué un rôle 
définif dans la corruption des fonctionnaires qui s’étaient crus intouchables à 
cause de leur appartenance au clan de tel ministre, de tel magistrat, de tel 
député, de tel sous-préfet, de tel commandant de brigade ou de tel kalife de 
Bangui.
Et les grands ténors de la méthode avaient été 
bien évidemment les responsables des grands partis politiques et tous ceux qui 
avaient senti qu’ils avaient un brin de pouvoir pour tirer un gain 
quelconque.  Les responsables 
politiques avaient par exemple décidé de mettre dans la tête des militants de 
leurs partis, des adultes, de la jeunesse ou simplement des citoyens que si le 
pays n’avait toujours pas réalisé les grands progrès économiques attendus, 
c’était par la faute des membres de l’autre tribu, des riverains, par exemple, 
qui auraient opéré une main-mise sur tous les secteurs économiques lucratifs du 
pays.  Et lorsqu’ils avaient enfin 
eu les rennes du pouvoir dans leurs mains, ils n’avaient pas manqué une seule 
occasion pour faire pire que leurs prédécesseurs.  Certaines observations par exemple 
révéleraient que lorsqu’un riverain occupait le palais de la renaissance, la 
majorité des hommes d’affaires importants du pays semblait être des 
riverains.  Et lorsqu’un savanier 
s’était établi à la villa adrienne, c’était les hommes et les femmes des régions 
du nord qui prétendaient soudainement être le moteur de l’économie du pays.  Il y avait bien entendu ceux ou celles, 
habiles, qui s’étaient “débrouiller” pour manger à tous les râteliers, à cause 
des alliances qu’ils organisaient savamment.  Et ce jeu, opéré au nom d’un tribalisme 
politique, avait donné l’impression à l’observateur d’avoir en présence dans le 
pays l’organisation d’une loterie nationale où seul le clan, la tribu ou la 
classe au pouvoir gagnait les gros lots et où les autres, les citoyens et l’état 
étaient les gros perdants.  Et dans 
l’organisation de ce jeu, cet autre, le forestier par exemple, n’avait pas eu sa 
license pour y participer, n’est-ce pas!  
Cette dernière remarque volontairement ironique, serait destinée non 
seulement à montrer le ridicule de l’idée de prédominance d’une tribu sur les 
autres, mais aussi pour montrer jusqu’à quel point les grands dirigeants des 
partis politiques centrafricains avaient consciemment ou inconsciemment décidé 
de faire abolir la notion de nation ou encore la notion d’unité nationale qui 
serait essentielle pour la cohésion des habitants, de la jeunesse et pour 
l’avenir du pays.  Comment donc 
arriver à réaliser les objectifs d’un développement socio-économique rapide et 
harmonieux de 
Les dirigeants politiques qui ne savaient pas dans 
quelle direction précise mener la lutte contre le sous-développement de 
Et pour finir nos propos, si un centrafricain 
pense toujours que l’usage d’une idéologie politique ou économique basée sur le 
tribalisme ne devrait pas être vivement combattu par tous les moyens et avec 
rigueur, afin de permettre l’émancipation social et le développement 
véritablement économique de 
Virginie, Etats-Unis 
d’Amérique (31 août 2006)