En RCA, le caméléon se cache

derrière la feuille du manguier

 

     Le 30 mai 2025 dernier, le rassemblement de l'opposition démocratique qui devait se tenir sur les terrains de l'Ucatex (1), a été perturbé par les membres de la milice du pouvoir, Les Requins, dont le coordonnateur n'est autre que le ministre de la Jeunesse, des sports et de la promotion de l'instruction civique ! Armés de gourdins et de machettes, ces derniers ont prétexté venir s'entraîner au football ; sans doute pour jouer avec les têtes décapitées de leurs victimes ?

Ce rassemblement, qui s'inscrit à la suite du succès de la marche pacifique du 30 avril 2025, avait pourtant reçu toutes les garanties des autorités nationales et des responsables de la Minusca. Mais malgré les violentes agressions physiques contre les militants du BRDC et les journalistes présents, ni les éléments des forces de sécurité intérieur ni les policiers de la Minusca ne sont intervenus ; les premiers par inaction, les seconds invoquant le principe de subsidiarité.

 

Ce principe cache un malentendu. En effet, il ne s'agit pas pour la Minusca de se substituer aux forces de l'ordre locales, mais bien d'accompagner ces dernières lorsqu'elles se mettent en action. En d'autres termes, la Minusca intervient en soutien à la police centrafricaine. C'est le caméléon, tout de vert habillé, qui se cache derrière la feuille tremblotante du manguier !

On comprend pourquoi les Casques bleus de l'ONU sont inopérants, que ce soit au Liban, en Haïti, au Rwanda, au Mali ou en RDC (2).

Certes, en ce qui concerne la République centrafricaine, il faut rendre hommage aux soldats de l'organisation internationale qui ont trouvé la mort sur le sol centrafricain ; c'était au plus fort de l'opération Sangaris, entre décembre 2012 et mars 2016. Mais depuis le retrait des troupes françaises, et la relève assurée par les mercenaires de la société militaire privée russe Wagner, la Minusca semble s'être repliée sur son Aventin, n'ayant pas d'atomes crochus avec le nouveaux « gladiateurs » du régime du président Touadéra et de son ministre conseiller spécial pour les organisations non gouvernementales nationales ; au grand dam de l'opposition démocratique, et au grand drame des populations civiles désarmées !

 

Dès lors, il importe d'exiger le non renouvellement du « mandat robuste » de la Minusca, qui arrive à échéance en novembre prochain (3 les élections devant être reportées). Dans les conditions actuelles cette force ne sert à rien et donne raison aux diatribes du président américain Donald Trump (4).

En un mot comme en cent, le mot d'ordre est désormais : « MINUSCA, GO HOME » !

 

Paris, le 7 juin 2025

 

Prosper INDO

Économiste,

Consultant international

 

(1)   – Il s'agit des terrains appartenant à l'usine centrafricaine des textiles, dont les installations ont été détruites lors de l'insurrection militaire du général François Bozizé accompagné des « Libérateurs » tchadiens, ayant renversé le président « démocratiquement élu » Ange Félix Patassé.

(2)   - L'organisation des nations unies ne disposent pas de troupes en propre, mais dépend des contingents militaires mis à sa disposition par les pays membres ; contingents qui relèvent de leurs états-majors respectifs pour les interventions opérationnelles ; lesquelles peuvent être retardées du fait de la dispersion géographique des pays contributeurs, de leur éloignement et des décalages horaires éventuels.

(3)   - Les élections locales et générales (législatives et présidentielles), prévues respectivement en août et décembre 2025, devant être reportées faute de la disponibilité d'une liste électorale fiable, la présence de la Minusca, qui doit garantir la liberté et la transparence de ces scrutins, n'est plus nécessaire, compte tenu par ailleurs du parti pris notoire de son directeur adjoint aux élections.

(4)   - A 300 dollars d'indemnités journalières en mission, il y a de quoi, sur un an de présence, pouvoir construire une maison ou une villa à Lisbonne, Karachi ou Dacca. Pourquoi s'exposer dans ces conditions ?