Un mémorandum des partisans de Bemba réclamant sa libération remis aux dirigeants parlementaires de la RDC

 

KINSHASA, 27 mai 2008 (Xinhua) -- Un mémorandum réclamant la libération par la justice belge de l'opposant congolais Jean- Pierre Bemba a été remis mardi aux présidents des deux chambres du parlement de République démocratique du Congo (RDC) après une marche de protestation organisée par les cadres de son parti, le Mouvement de libération du Congo (MLC).

S'exprimant à cette occasion, le secrétaire général du MLC, François Muamba a fait savoir que M. Bemba "ne peut pas être traité comme un bandit de grand chemin", avant d'appeler le parlement à user de son pouvoir et de toute son influence pour qu'il recouvre la liberté.

Dans sa réponse, le président du sénat, Kengo wa Dondo s'est dit préoccupé par cette affaire avant de rassurer les cadres du MLC qu'il suit "de très près le déroulement des faits à Bruxelles".

"Nous allons voir avec les avocats qui ont été déjà choisi pour défendre la procédure, la Belgique n'étant qu'une juridiction d'extradition", a-t-il souligné, ajoutant qu'il va poursuivre son action vis-à-vis de la procédure.

De son côté, le président de l'Assemblée nationale, Vital Kamerhe a affirmé qu'il était prématuré de se prononcer avant de promettre de tout faire pour entrer en possession de tous les éléments du dossier.

Tout en soutenant la démarche du MLC et l'élan de solidarité envers leur leader, M. Kamerhe a souhaité voir la procédure en la matière être respectée tant sur le plan national qu'international.

Jean-Pierre Bemba, ex-vice-président de la RDC, a arrêté samedi à Bruxelles sur base d'un mandat d'arrêt tenu secret. Il est soupçonné par la Cour pénale internationale (CPI) d'être impliqués dans les crimes commis en Centrafrique.

M. Bemba, élu sénateur après sa défaite face à Joseph Kabila à la présidentielle de 2006, avait quitté la RDC pour le Portugal le 11 avril 2007, près de trois semaines après de sanglants combats dans Kinshasa entre sa garde rapprochée et l'armée régulière.

 

 

 

 

Les viols en temps de guerre ont rattrapé Jean-Pierre Bemba

http://www.la-croix.com/ - 27 mai 2008

Le procureur de la Cour pénale internationale reproche notamment à l'ancien chef de guerre congolais les centaines de viols commis par ses troupes en République centrafricaine.

 

La justice belge détient toujours l’ancien vice-président de la République démocratique du Congo (RDC), Jean-Pierre Bemba, arrêté samedi à Bruxelles à la demande de la Cour pénale internationale (CPI).

Placé formellement « sous mandat d’arrêt » dimanche soir, cet ancien chef de guerre devrait connaître avant la fin de semaine la décision de la chambre du conseil, qui disposait de cinq jours pour vérifier si la procédure était conforme. Il pourra ensuite faire appel de la décision de le maintenir en détention avant son extradition vers La Haye.

Jean-Pierre Bemba est poursuivi par le procureur de la CPI pour deux chefs de crimes contre l’humanité et quatre chefs de crimes de guerre, dans le cadre de l’enquête sur les crimes commis à grande échelle en Centrafrique en 2002. Il encourt la prison à vie.

Jean-Pierre Bemba, alors chef rebelle à la solde de l'Ouganda

C’est sans doute la première fois dans sa courte histoire que la Cour pénale internationale parvient à arrêter un suspect capable, de par son parcours et son éducation, de comprendre les charges portées contre lui. Jean-Pierre Bemba, un homme massif, à la quarantaine bien portante, était encore un chef rebelle à la solde de l’Ouganda quand il a commis les faits qui lui sont reprochés.

En octobre 2002, Ange-Félix Patassé, alors président de la République centrafricaine, est confronté à une nouvelle mutinerie. Il appelle à la rescousse son ami Jean-Pierre Bemba, qui occupait alors le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC).

"Une stratégie de terreur et de violence"

« La transaction aurait porté sur 5 milliards de francs CFA payés éventuellement en diamants », selon une enquête menée par la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH). Un contrat juteux pour l’ancien homme d’affaires qui dirige depuis 1998, pour le compte de l’Ouganda, le Mouvement de libération des Congolais (MLC).

Ses troupes sont un mélange d’anciens militaires de l’armée zaïroise du défunt président Mobutu, de jeunes recrues à peine pubères, et d’anciens rebelles congolais d’origine rwandaise qui avaient participé à la première invasion de la République démocratique du Congo par le Rwanda en 1996. Tous formés et encadrés par l’armée ougandaise. La plupart étaient déjà aguerris par six ans de conflit civil dans la jungle congolaise.

Après avoir traversé le fleuve Oubangui pour se rendre à Bangui, la capitale centrafricaine, les troupes se livrent à « une stratégie de terreur et de violence contre les populations civiles », selon un communiqué de la CPI.

La population reste encore aujourd’hui atterrée

Profitant, dans la capitale, de la confusion issue de la tentative de coup d’État puis de la reconquête des territoires aux dépens des rebelles, les troupes de Jean-Pierre Bemba, surnommées « Banyamulenge » par leurs victimes centrafricaines, entrent dans les maisons où elles se livrent au pillage et au viol. La population reste encore aujourd’hui atterrée par l’ampleur des exactions.

« C’était le 25 décembre 2002. Ma maman et moi étions réfugiés chez nos parents quand nous avons appris que les “Banyamulenge” allaient arriver, confiera une jeune fille de 13 ans à la FIDH. Nous sommes parties en direction du marché de PK22. C’est là que nous avons rencontré des “Banyamulenge” qui ont demandé de l’argent à ma maman. Elle n’en avait pas. Ils ont voulu la déshabiller, mais elle a dit qu’elle était malade. J’ai essayé de m’interposer pour la défendre. Un des “Banyamulenge”, un jeune, a alors sorti sa baïonnette et m’a blessée au niveau de la cheville. Après m’avoir blessée, ils m’ont dit que comme je ne voulais pas qu’ils couchent avec ma maman, c’est moi qui serais leur victime. Alors, d’eux d’entre eux m’ont prise. (…) Pendant que je subissais ce qu’ils me faisaient, d’autres ont pris ma maman et l’ont emmenée. »

Des viols par centaines

Ce type de viols accompagnés de pillages commis sur les routes ou dans les maisons par les troupes de Jean-Pierre Bemba à la solde du président Ange-Félix Patassé se sont chiffrés par centaines, souligne la FIDH.

« Il n’y a pas d’excuses pour des centaines de viols, il n’y a pas d’excuses pour le viol d’une petite fille sous les yeux de ses parents, il n’y a pas d’excuses pour un chef qui ordonne, autorise ou tolère que ses troupes commettent des viols et des pillages. Nous avons la preuve que M. Bemba a commis des crimes », souligne le procureur de la Cour pénale internationale, Luis Moreno-Ocampo, dans un communiqué. Si son procès se déroule, les viols en temps de guerre seront au cœur des débats.

 

Adrien de MUN, à KAMPALA (Ouganda)

 

 

NB : De nombreux intervenants dans l’émission « Appel sur l’actualité » sur RFI (28 mai 2008), présentée par Juan Gomez, soulignent la réalité des faits mais s’interrogent sur la non arrestation de l’ancien Président centrafricain Ange-Félix Patassé ou l’absence d’un mandat contre ce dernier ? LA CPI semble-t-il est bien décidée à poursuivre sa mission, et c’est peut-être une question de méthode et d’opportunité.

Actualité internationale et africaine de sangonet

 

CPI : arrestation de Jean-Pierre Bemba en Belgique pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité à la suite de viols, tortures et pillages présumés perpétrés par les forces de son Mouvement de libération du Congo en Centrafrique en 2002 et 2003