La Saint-Sylvestre tragique et le bras de fer Koyambounou_Lakoué

La liesse de la Saint-Sylvstre en Centrafrique a tourné court. Des coups de feu malgré la sommation du gouvernement ont tonné toute la nuit marquant le passage de 2002 à 2003. De blessés et de morts d'hommes sont à déplorer. Le nombre exact des victimes n'est pas déterminé. Malgré elle, Bangui continue à vivre dans le cauchemar, et avec elle tout le pays, essayant d'oublier la détresse ou d'échapper à ses conditions qui lui collent à la peau; le malheur veut qu'elle se fasse très vite rattraper par le virus qui le ronge jusque dans ses entrailles. Il faudra sans doute continuer à rêver et à espérer, si le courage et la force le permettent. Ainsi, l'année 2003 pourrait avoir un sens.

- L'opposition centrafricaine dénonce des "arrestations arbitraires"
- Au moins deux personnes tuées par des tirs d'armes automatiques à Bangui
- Mise au point du bureau politique du Parti Social Démocrate suite à la déclaration du porte-parole du gouvernement
- Koyambounou à RFI : «Cet appel n'est autre chose qu'une incitation à la rébellion et à la subversion».


L'opposition centrafricaine dénonce des "arrestations arbitraires"

BANGUI, 2 jan (AFP) - 14h29 - La Coordination des partis politiques de l'opposition (CPPO) a dénoncé jeudi les "exactions et les arrestations arbitraires opérées par les forces de répression" qui ont fait suite au concert de casseroles qu'elle avait organisé, selon un communiqué parvenu à l'AFP.

"La CPPO dénonce les exactions et les arrestations arbitraires opérées par les forces de répression à l'occasion du concert de casseroles et assure les victimes de leur solidarité", indique le texte.

L'opposition "exige par ailleurs la libération des jeunes détenus depuis le premier jour du concert de casseroles parmi lesquels figurent des mineurs de 6 ans".

Le 24 décembre, la CPPO avait invité la population à faire chaque jour, pendant deux minutes, un grand bruit de casseroles au cours de la période du 27 au 31 décembre car le président centrafricain Ange-Félix Patassé demeure, selon elle, sourd à la souffrance de son peuple.

Le porte-parole du gouvernement centrafricain, Gabriel Jean-Édouard Koyambounou, avait accusé le 28 décembre, la CPPO de "manoeuvres subversives", mettant directement en cause M Enoch Derant Lakoué président du parti social démocrate (PSD), comme le premier responsable des actions menées par l'opposition.

"Contrairement aux affabulations de M. Koyambounou, la CPPO (...) est loin d'être une alliance contre nature (...) toute tentative d'isoler et de brocarder le président Lakoué pour fragiliser la CPPO s'avère n'être que manoeuvre vaine et grossière", souligne le communiqué de la CPPO.

Par ce concert de casseroles, l'opposition entend exiger le départ des rebelles du Mouvement de libération du Congo de Jean-Pierre Bemba, alliés du régime du président Patassé.

Pour la même raison, la CPPO avait lancé le 17 décembre une opération dite "journée de deuil et de solidarité" qui avait été largement suivie par la population.

"En participant massivement et de manière pacifique aux deux manifestations qu'elle vient d'organiser successivement (...) les centrafricaines et centrafricains ont exprimé leur volonté de prendre en charge leur destin et le rejet d'un régime qui a préféré déployer une armada de forces armées en tout genre pour tenter de briser le mouvement de protestation en cours", conclut le communiqué.


Au moins deux personnes tuées par des tirs d'armes automatiques à Bangui

BANGUI, 2 jan (AFP) - 13h54 - Des tirs d'armes automatiques lors du réveillon du nouvel an à Bangui ont fait au moins deux morts et plus d'une dizaine de blessés, a annoncé jeudi une source hospitalière à l'AFP.

"Une adolescente blessée à l'abdomen et une femme atteinte au thorax ont succombé à leurs blessures", a précisé la même source.

"Certains blessés ont pu rentrer chez eux après l'extraction des balles qu'ils ont reçues" notamment, Roy Nicolas Djamndo, journaliste-présentateur à la télévision nationale et attaché de presse au ministère des Finances "blessé au pied dans son lit par une balle perdue", a-t-elle poursuivi.

Aucune réaction officielle n'a été encore faite sur ces tirs nourris qui ont crée un grand vent de panique dans certains quartiers.

Des mesures avaient pourtant été prises le 31 décembre par les autorités militaires pour mettre fin aux tirs intempestifs nocturnes effectués le plus souvent par des militaires ivres.

Le ministre délégué à la Défense, le général de division Xavier Sylvestre Yangongo, avait même invité la population de Bangui à signaler les zones d'où pouvaient éventuellement provenir ces tirs.


MISE AU POINT DU BUREAU POLITIQUE DU PARTI SOCIAL DEMOCRATE
SUITE A LA DECLARATION DU PORTE-PAROLE DU GOUVERNEMENT

1 . La Concertation des Partis Politiques de l'opposition dont le Parti Social Démocrate fait parti a décidé d'appeler la population de Bangui et de ses environs a faire du bruit en frappant sur les casseroles vides, tous les jours à 18 heures pour faire entendre au Président Patassé et au Gouvernement leurs cris de souffrance et exiger le départ des troupes libyennes et la horde des mercenaires de Bemba et de Baril.

2. La première journée de concert de casseroles a été une réussite totale malgré les tentatives d'intimidation du Gouvernement.

3. Devant ce succès de l'opposition entière, Monsieur Koyambounou agissant en sa qualité de porte-parole du Gouvernement et du Président de la République, s'en est pris directement au Président du Parti Social Démocrate le Camarade Enoch Dérant LAKOUE, les rendant responsable de cette action, qualifiée par lui de trouble à l'ordre public, d'appel à l'insurrection alors qu'il s'agissait d'une manifestation pacifique à partir de 18 heures pendant 2 minutes

4. Par ailleurs, Monsieur Koyambounou a indiqué que le Président du PSD, lorsqu'il était Premier Ministre n'a versé aucun mois de salaire aux fonctionnaires,

5. Le PSD rappelle que la mission du Gouvernement de transition était essentiellement de préparer les élections de 1993 et non pas de s'attaquer à tous les problèmes structurels et conjoncturels du pays. Nonobstant pendant la courte période de 8 mois, le Gouvernement conduit par le Camarade Enoch Dérant LAKOUE a payé 4 mois de salaires. Il aurait certainement fait plus si une grève générale n'avait pas paralysé l'ensemble du pays. Les archives nationales sont là pour attester de cela.

6. La mission première de ce Gouvernement a été une réussite, saluée par le Président PATASSE lui-même le jour de son investiture et par la communauté internationale.

7. Le Camarade Enoch Dérant LAKOUE et le PSD ne sont nullement responsables de l'incapacité du régime PATASSE à gouverner ce pays.

8. Le PSD prend à témoin le peuple Centrafricain et la Communauté Internationale des menaces d'arrestation et autre projet de liquidation physique qui pèsent sur les dirigeants des Partis Politiques de l'Opposition et rend d'emblée responsable le Gouvernement de tout ce qui attentera à la vie du Président Enoch Dérant LAKOUE.

Fait à Bangui le 29 Décembre 2002
LE BUREAU POLITIQUE

Source : Le Citoyen, quotidien centrafricain en son N° 1526 du lundi 30 décembre 2002


KOYAMBOUNOU A RFI _ «CET APPEL N'EST AUTRE CHOSE QU'UNE INCITATION À LA RÉBELLION ET À LA SUBVERSION».

 Les autorités centrafricaines ont qualifié, hier, les concerts de casseroles comme des manœuvres subversives.

Gabriel Jean Edouard Koyambounou à RFI: Cet appel n'est autre chose qu'une incitation à la rébellion et à la subversion. Malheureusement on se rend compte que tous ceux-là qui sont encore dans l'opposition n'ont pas eu la chance de gagner les élections et se sont inscrits dans une logique, celle des provocations et des va-t-en guerre. Lorsque nous avions pensé que c'étaient des démocrates convaincus et que par suite, on se rend compte, que ce sont des manèges pour parvenir au pouvoir par la force des armes ou par des subterfuges... Mais ils nous trouveront sur leur passage. Et à partir de maintenant, nous allons prendre nos responsabilités. Cet appel n'est autre chose qu'une incitation à la rébellion et à la subversion. Et la loi prévoit et punit. C'est pour cela que nous les renvoyons aux articles 4 et 5 de la loi organique sur les partis politiques en République centrafricaine. La Constitution du 14 janvier 1995 proscrit ces genres de pratiques, ce n'est pas nous qui allons nous imposer, mais force reste à la loi.

Source audio RFI – journaux Afrique du dimanche 28 décembre 2002


Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 13