Les détracteurs du putschiste Bozizé devenus courtisans du général-président

Bangui - République Centrafricaine ( 24/03/2003) - par Mathurin Momet (1)

La politique est l’art d’hypocrisie et de ruse, dit-on. La rencontre qui a eu lieu entre le nouveau locataire du Palais de la Renaissance et les leaders politiques a donné l’occasion aux centrafricains de relever avec humour et raillerie la volte-face à 180 degrés opérée par des parties. Face à cette course au pouvoir, le nouveau maître de Bangui doit tout mettre en œuvre pour que les opportunistes et courtisans de tout bord qui excellent dans l’art de s’adapter à tous les régimes ne récupèrent pas cette transition.

 

La politique est l’art d’hypocrisie et de ruse, dit-on. La rencontre qui a eu lieu entre le nouveau locataire du Palais de la Renaissance et les leaders politiques a donné l’occasion aux centrafricains de relever avec humour et raillerie la volte-face à 180 degrés opérée par le MLPC et ses alliés ainsi que le Mouvement pour la Démocratie et le Développement (MDD).

               

 En effet, après la tentative échouée du coup d’Etat du 25 octobre 2002, le Conseil Politique National du MLPC s’est réuni en session extraordinaire à Bangui du 12 au 16 décembre 2002 sous la présidence de Ange Félix Patassé qui a affirmé que l’objectif des assaillants était de l’assassiner, de détruire le siège du parti et d’exterminer les responsables et militants de base.

                S’agissant de l’Amnistie, le leader du MLPC a précisé à cette occasion, que les généraux coupables de crimes d’atteinte à la sûreté de l’Etat et les condamnés ne pourront pas bénéficier de cette mesure. Il a réaffirmé qu’il n’est pas question de dialoguer avec des militaires en rébellion.

                La position de Patassé a été relayée par ses partisans MM. Jacquesson Mazette et Gabriel Jean Edouard Koyambounou qui ont déclaré que le dialogue se fera avec qui, des partis qui ont récolté 2% de suffrages?

                Aujourd’hui, le dignitaire du régime du MLPC M. Jacquesson Mazette déclare au nom de son parti qu’il prend acte du changement intervenu à la tête de la nation et remettra prochainement un mémorandum au président Bozizé. A cet effet le co-fondateur du MLPC M. Mazette n’a pas  hésité de préciser à la presse que Patassé n’est pas fondateur de ce parti et que son exil ne peut pas influer négativement sur le fonctionnement de celui-ci.

                L’ancien député de Bambari n’a pas osé condamner le putsch réussi comme il le faisait haut et fort à la tribune de l’Assemblée Nationale.

                Grande a été la surprise des centrafricains d’apprendre que le MDD du président David Dacko et qui fait partie de l’autre aile de l’opposition a salué ce changement. Cette réaction est fondée parce que les observateurs qui ont bonne mémoire doivent se souvenir qu’au cours des débats parlementaires sur les textes initiés par les députés du MLPC et alliés condamnant les attaques du 25 octobre 2002 et l’agression tchadienne,  les députés Simon Bongolapé et Alphonsine Yangongo Boganda ont soutenu «qu’on ne se lève pas un matin pour déstabiliser un président démocratiquement élu et qu’il faut laisser Patassé terminer son mandat».

                Quant aux partenaires du MLPC qui ne cessaient de digérer ses décisions sans les mâcher, ceux-ci ne sont pas passés par quatre chemins pour se présenter comme des ex-alliés de l’ancien parti au pouvoir.

                Finalement durant cette transition qui sera dirigée par le président Bozizé, Presque tous les partis politiques ont rallié l‘actuel pouvoir. Une situation pour le moins anormale en ce qui concerne notamment le MLPC qui vient d’être renversé. Tout porte à croire aujourd’hui que ce parti politique n’avait pas un véritable sous bassement politique, tant sa volte-face a étonné plus d’un centrafricain.

                Sous le règne du dictateur Patassé, il y avait la Concertation des Partis Politiques d’Opposition (CPPO) qui agaçait celui-ci avec des déclarations et communiqués de presse pour exiger une amnistie en faveur de Bozizé et ses hommes, la tenue du dialogue sans exclusive, dénoncer les exactions des forces conventionnelles et non conventionnelles, demander leur rapatriement. La CPPO a organisé avec succès  la journée de deuil et de solidarité  pour soutenir les  victime des tueries et humiliation.

                Il y a aussi le MDREC mais aussi les syndicats qui ont fragilisé le régime de Patassé avec des grèves et les pressions des organisations syndicales internationales.

                Nous n’écarterons pas les contributions de l’Eglise Catholique, des défenseurs de droits de l’homme notamment Me Nicolas Tiangaye, Me Zarambaud Assingambi, Me Lambert Zokoezo, Me Hyacinthe Gbiégba, etc.

                Face à cette course au pouvoir, le nouveau maître de Bangui doit tout mettre en œuvre pour que les opportunistes et courtisans de tout bord qui excellent dans l’art de s’adapter à tous les régimes  ne récupèrent pas cette transition.

                En principe, l’honnêteté voudrait que ceux qui hier traitaient l’ancien chef d’état major général des armées de terroriste, le diabolisaient, devraient rester dans l’opposition pour freiner et corriger ses dérapages.

                Le fait que ceux-ci aient rapidement retourné leur veste pour devenir ses partenaires afin d’accéder au bord de la mangeoire conduit la République Centrafricaine à un régime sans opposants. C’est dommage !

                Actuellement, on est en droit de se poser des questions concernant la volonté de ces compatriotes qui n’ont contribué qu’à maintenir le Centrafrique dans cet éternel recommencement à aider efficacement ce régime.

            Cette transition qui est décisive pour l’avenir du peuple centrafricain doit être placée sous le signe de la  rupture avec les vieilles et anachroniques pratiques mais aussi avec ceux qui sont les fabricants  des différentes dictatures.

© 2003 Le Confident

 

(1) Mathurin Momet, journaliste a été détenu sans jugement sous le régime du président déchu Ange-Félix Patassé : Un journaliste libéré à la faveur du coup d'Etat du général Bozizé (19 mars 2003)

 

En Centrafrique, tous les partis affirment vouloir collaborer avec le nouveau régime (25 mars 2003)


Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 15