Réduction des salaires:  mesures impopulaires ou inappropriées

De nombreuses réactions de centrafricains expriment le rejet global de la somme des mesures visant la réduction de 30% des salaires des fonctionnaires. Le ministre d'Etat chargé de l'économie et des finances, M. LEBOUDER, s'en explique sur les ondes de RFI le jeudi 26 février 2004; tout en rassurant, il demande de faire confiance et de laisser passer le temps nécessaire pour espérer récolter les fruits. La prestation arrive à un moment où les syndicats, les enseignants, les politiques y compris le personnel du CNT (conseil national de transition - "le parlement provisoire") ont déjà eu à exprimer leur désapprobation ou leur colère publiquement.

Le gouvernement tente de rattraper le "mal" et de désamorcer la poudrière par une campagne d'information. Les agents de l'Etat, pour leur part, font valoir qu'on ne peut pas réduire quelque chose qui n'existe pas, d'autant que l'Etat leur doit plus de 30 mois d'arriérés de salaire: alors il faut commencer par réduire le train de vie des membres du gouvernement, supprimer des ministères et des cabinets  pléthoriques, réduire le nombre de voyages à l'étranger effectués en première classe engageant complaisamment des frais de mission.

C'est tout le système de gestion qui est en cause. Le FMI et la Banque Mondiale pourront-ils à nouveau intervenir pour soulager la République Centrafricaine en bien mauvaise santé. Des séjours d'évaluation devront se poursuivre pour donner lieu ensuite à une contribution ou aides substantielles vers la fin de l'année 2004.

En réponse aux nombreuses critiques et suite à 'intervention de M. Lebouder, ministre d'Etat chargé de l'économie et des finances, le général Maurice REGONESSA revient pour la 3ème fois à la tête des douanes, principal canal d'alimentation du Trésor public. C'est aussi le lieu  où le détournement des biens et des fonds publics est orchestré de manière quasi parfaite.

Victor BISSENGUE, sangonet (28 février 2004)


Un ancien fidèle de Patassé nommé à la tête des douanes centrafricaines

BANGUI, 28 fév 2004 (AFP) - 12h58 - Le général Maurice Régonessa, ancien fidèle de l'ex-président centrafricain Ange-Félix Patassé, a été nommé directeur-général des douanes centrafricaines, a annoncé samedi la radio nationale.

Il a été nommé par l'actuel chef de l'Etat François Bozizé, qui a renversé M. Patassé en mars 2003.

Proche de la soixantaine, le général Régonessa avait déjà occupé ce poste à deux reprises, sous les présidences d'André Kolingba (1981-1993) et de M. Patassé (1993-2003). Sa rigueur et son efficacité dans ces fonctions avaient été remarquées et expliqueraient sa nomination, selon des observateurs.

Sa nomination intervient à un moment où la Centrafrique est confrontée à une grave crise de trésorerie, imputée en partie à l'inefficacité de ses services fiscaux, douanes et impôts.

Nommé à la tête des douanes en mai 2001 par le président Patassé, le général Régonessa avait notamment déclenché une enquête judiciaire sur des importations frauduleuses et de faux dédouanements de véhicules de Belgique, qui avait abouti à l'arrestation de plusieurs dizaines de douaniers ayant fait perdre près de 600 millions FCFA (900.000 euros) à l'Etat.

Il a également été le dernier ministre de la Défense du président Patassé, de janvier 2003 à la chute du régime deux mois plus tard, et avait à ce titre lancé la contre-offensive des forces fidèles au gouvernement contre les partisans de François Bozizé en janvier-février 2003.

Cette offensive avait permis la reprise de plusieurs villes tombées aux mains de la rébellion vers la fin de l'année 2002, mais n'avait pu empêcher la prise de Bangui par les troupes de M. Bozizé, le 15 mars 2003.

Après la chute du régime, le général Régonessa n'avait pas été inquiété par les nouvelles autorités.


Coup de colère d'un centrafricain de France qui écrit : "L'ART DE DIVERTIR"

Il n'y a pas très longtemps, j'écrivais une analyse sous le titre de "Manœuvre politicienne"; deux mois après cela; l'histoire qui est pourtant la science des choses qui ne se répètent pas, vient de se répéter en Centrafrique, une autre manœuvre politicienne.

Cette répétition confirme cette assertion, l'équipe gouvernementale de Bangui, le CNT, la vice présidence, le gouvernement de Goambalet; tout cet ensemble s'est spécialisé dans l'art de l'esquive, du divertissement et de la manoeuvre.

Confronté à l'exercice réel du pouvoir; le gouvernement centrafricain; incapable de prendre ces responsabilités et de faire ce que l'on attend d'un gouvernement responsable; brille par son improvisation et son amateurisme dans tous les domaines; est-ce à dire que l'actuelle classe politique centrafricaine est à jeter aux poubelles de l'histoire; car incapable de relever ce pays. Et pourtant l'environnement intellectuel est complet; même si une bonne partie de l'intelligentsia a pris les chemins de l'exil, suite aux évènements de 96/97/ et 2001. la transition consensuelle est composée de la quasi totalité des mouvements et partis politiques centrafricains.

La question sur un gouvernement responsable se pose: qu'est ce qu'un gouvernement responsable?

 A mon avis, un gouvernement responsable est un ensemble composé d'hommes, qui sont capables de prévoir les évènements et d'y faire face en temps opportun avec les moyens qu'il faut.

La réduction préconisée et/ou annoncée de 30 % des salaires des fonctionnaires centrafricains est une autre manœuvre politicienne, destinée à divertir les centrafricains, à attirer la compassion des technocrates de Paris, Washington et Bruxelles; elle marque en réalité, l'échec, l'incompétence de l'actuelle élite à faire sortir ce pays de l'état dans lequel ils l'ont tous plongé. NON, L'AMUSEMENT DE LA GALERIE A ASSEZ DURE!

A chaque changement de régime(d'hommes à la tête de la république), nous croyons toujours au salut, au sauveur, au libérateur; mais les efforts consentis sont toujours brisés, les espoirs rapidement déçus.

L'excuse du temps(un an d'exercice) ne saurait être évoquer pour expliquer l'incapacité de l'actuelle équipe. Et pourtant Dieu seul sait le nombre de réunions qu'il y'a eu sur les bords de la seine, combien de connexions ont été établies, pour aboutir à cette clochardisation de la société centrafricaine, comme en témoigne les SOS des étudiants centrafricains de par le monde, la misère sans cesse croissante au pays.

L'amateurisme de l'actuelle équipe prouve qu'aucun projet réel de sortie de crise n'a été élaboré, si ce n'est que la quête du pouvoir absolu par tous les moyens. Or lorsque l'on veut avoir le pouvoir, un projet de société, réaliste doit être préparer avant l'arrivée aux affaires, même si cette arrivée s'est faite dans la confusion.

La mesure annoncée ces derniers jours par le gouvernement centrafricain démontre, quand on essaie de lire entre les lignes, que les fonctionnaires centrafricains sont trop payés, d'où cette nécessité de réduire la masse salariale, garantie d'après ce même gouvernement de la régularité des versements des salaires.

A mon avis, le problème ne se situe pas à ce niveau, la masse salariale estimée à près de trois milliards de francs CFA par mois, ce qui fait trente six milliards par an, veut on nous faire croire que les structures de l'état centrafricain sont elles réellement incapables de créer les conditions, pour que rentre dans les caisses du trésor public cette somme d'argent?

Il y'a deux mois, le gouvernement centrafricain, au travers du ministre Marboua, se déclarait en faillite, veut on nous faire croire aujourd'hui qu'en réduisant le salaire des fonctionnaires, on arrivera à les payer de manière régulière?

A t'on estimé les conséquences de cette mesure sur la moribonde économie centrafricaine?

Quelques éléments qui doivent pousser à réfléchir ces faiseurs de mesures qui ne prennent pas en considération l'essence même de l'existence du peuple:

  1. 19 à 23.000 fonctionnaires: 1er corps d'emploi et 1er pouvoir d'achat en Centrafrique;

  2. balance commerciale défavorable entre les importations et les exportations;

  3. 86% de la population active ne vit que l'agriculture de subsistance, donc tributaire de la bonne tenue des bourses des fonctionnaires;

la réduction des salaires des fonctionnaires, enterrera définitivement l'économie centrafricaine qui est déjà morte, cette mesure est anti-sociale, ne résoudra pas le problème des arriérés des salaires. Je peux prendre les paris, cela n'accouchera rien. J'ai l'impression que tous ceux qui arrivent au pouvoir sont frappés d'une amnésie, au point d'oublier que c'est essentiellement le problème des salaires qui a enterré Dacko I et II, Bokassa, Kolingba et Patassé.

Le problème ne se trouve pas dans l'énormité de la masse salariale centrafricaine, à mon avis il est ailleurs:

la question que l'on peut se poser est: les messieurs de la république, ont ils vraiment la volonté de faire sortir ce pays de l'état où il est, ou tout le monde vient se servir dans le chaos et s'en va.

La mesure de réduction des salaires à mon avis, veut détourner les yeux des centrafricains des véritables enjeux qui sont en cours, l'écarter des débats qui s'annoncent, lui voiler la face sur ce scénario écrit d'avance, où l'on verra le général Bozizé candidat indépendant, soutenu par le PDCA et le MLPC devenir président et jouissant d'une majorité parlementaire lui laissant les mains libres, pour écrire à son tour sa page de l'histoire dans la lignée de ses prédécesseurs.

Messieurs de la république, arrêtez de nous divertir quand les choses ne marchent pas, il vaut mieux rendre son tablier, même celui qui a été conquis par les armes, au lieu d'enterrer le peuple chaque jour que Dieu fait. Les mesures que vous préconisez pour résoudre le problème des arriérés des salaires ne sont pas les meilleurs, on ne vous reniera jamais l'essai,mais de grâce cherchez ailleurs.

Clément BOUTE MBAMBA (Villeneuve St Georges, France)


Autres réactions :
- Du caractère anti social de la mesure de réduction des salaires de 30% en République Centrafricaine (26 février 2004)
- REACTION FACE AU PROJET DE LOI SUR LE SALAIRE : "A PROPOS DE LA REDUCTION DE 30% DES SALAIRES (26 février 2004)
- Dix partis centrafricains contre la baisse des salaires des fonctionnaires (26 février 2004)
- L'ONU envoie une mission d'évaluation de la situation humanitaire en République Centrafricaine (25 février 2004)

Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 18