La jeunesse doit construire l'espérance

Par Nestor BIDADANURE

 

De par sa force, son âge et sa fougue, on dit de la jeunesse qu'elle est l'avenir, l'espérance pour la communauté.
Cette catégorie sociale a toujours étonné les observateurs. Elle sait rompre la routine et le pessimisme plat qui veut faire admettre l'oppression et l'injustice comme des fatalités.

On dit de la jeunesse qu'elle est idéaliste parce qu'elle croit presque instinctivement dans l'avenir. Elle a, en général, une utopie même si elle n'est pas toujours bien définie. Un sage indien a dit des jeunes et des vieux qu'ils étaient plus proches de la vie car ils chérissent chaque instant.

La jeunesse intéresse tous les stratèges politiques. Ceux qui aiment leur peuple et qui veulent construire un avenir meilleur pour tous tapent à la porte car ils savent que rien de fondamental et de durable ne peut se faire sans elle. Ceux qui refusent le droit des autres hommes à la justice et à la dignité et imposent la dictature, tapent également à sa porte car ils savent que leurs idées de domination ne sauraient aboutir sans un appui de la force la plus active de la société.
Les jeunes furent présents dans tous les bouleversements de l'histoire de l'humanité. Ils incarnèrent l'héroïsme au côté de Simon Bolivar, de Miranda, de José Marti, de Augusto Sandino, de Toussaint Louverture. Ils furent du côté de Nwame Nkrumah, de Patrice Lumumba, de Nelson Mandela, De Julius Nyerere pour l'indépendance et la dignité des peuples. Ils furent au cœur de la révolution américaine et de la prise de Bastille. Quand le fascisme arriva en Europe, ils furent parmi des millions d'hommes et de femmes à donner leur vie pour le droit de tous les hommes à la liberté.
Cependant, si l'histoire nous offre les plus beaux exemples de courage, nous ne pouvons pas oublier que c'est au sein de la jeunesse que les différents fascismes et populismes ont trouvé leurs adeptes. Le fanatisme tribal qui vient de secouer la région des grands lacs, s'est aussi servi d'elle comme fer de lance de ses crimes.
Après Burundi, ce fût le Rwanda. La Tragédie est telle que les observateurs se demandent comment on en est arrivé là, comment des populations qui ont vécu côte à côte pendant des millénaires en viennent à être manipulées jusqu'à appliquer une politique d'extermination qui n'a rien à envier à la solution finale hitlérienne. C'est à peine si le mal régional, à défaut d'être biologique n'est pas assimilé à une espèce de folie collective. Pourtant les causes sont, avant tout, structurelles et politiques. Nul enfant n'est venu au monde programmé pour tuer. Ce sont les structures d'accueil, l'environnement familial, politique et scolaire, qui forgent l'individu.
Si les pères de la déclaration universelle des droits de l'homme n'ont pas oublié d'inscrire dans leur charte le droit au travail, au logement, à l'instruction, à la culture, c'est qu'il y a un minimum vital chez tout être humain sans lequel la marginalité, l'ignorance et la vulnérabilité s'installent.
C'est sur ce terrain de pauvreté et d'ignorance que prend racine la manipulation politique. Ce fût le cas en Allemagne, en Italie et récemment sous nos cieux. C'est au sein de la jeunesse non scolarisée, sans perspective d'avenir, que l'extrémisme ethnique s'est le plus facilement implanté. Cependant, on ne peut dire qu'être pauvre et non instruit rende inexorablement adepte du fascisme. Le milieu social et politique joue un rôle capital dans la formation de la conscience. Celui-ci fût dominé pendant plus de trente ans au Burundi comme au Rwanda par l'idéologie ethniste, régionaliste, voire clanique.
Deux facteurs majeurs semblent avoir contribué à l'exacerbation des extrémisme dans notre sius-région. D'une part, la violence structurelle avec ses exclus du système scolaire, ses chômeurs, ses paysans restés en dehors de tout accès au système de santé et à un logement adéquat et d'autre part, l'idéologie tribale qui ne donnera aucune approche critique des causes réelles de la pauvreté mais exhortera telle composante de la nation à exterminer telle autre. Celle-ci est alors désignée comme étant l'obstacle, le mur qui empêche d'accéder aux biens matériels.
Les récents événements au Rwanda et au Burundi nous interrogent. Il faut prendre le mal par la racine. Nous ne pouvons plus faire semblant de construire si demain, il faut détruire. Investir dans l'avenir, c'est investir dans la jeunesse. Maintenant qu'au Burundi un compromis politique vient d'être trouvé, et qu'au Rwanda les forces démocratiques et patriotiques sont au pouvoir, il faut gagner le pari de l'avenir.

Ce sont de vrais projets socio-économiques contre l'exclusion et pour une éducation à la liberté et à la tolérance qu'il faut élaborer. Nos peuples ont trop souffert, ce sont des grands hommes qui pensent en terme de nation, de région, de continent, voire du monde dont nous avons besoin et non des fossoyeurs de leur propre peuple.
Il y eût des jeunes dans notre sous région dont on peut dire qu'aucune lanière n'a pu briser leur courage, aucune opprobre n'a dérouté leur volonté de liberté.

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