Calme apparent à Bangui : les tirs continuent - le pouvoir prend le temps de répondre politiquement et militairement


Calme précaire et attente à Bangui

BANGUI, 26 octobre (AFP) - 12h50 - Un calme précaire régnait samedi matin à Bangui au lendemain de plusieurs heures de fusillades et de tirs d'armes lourdes provoqués par le retour dans la capitale centrafricaine d'éléments de l'ancien chef d'état-major centrafricain François Bozizé, accueilli il y a peu en France.

Inquiète après les événements de vendredi et dans l'attente d'un hypothétique dénouement de la crise, la population quittait massivement samedi matin les quartiers nord de Bangui où s'étaient concentrés la veille les tirs, a constaté le correspondant de l'AFP.

Chargés de baluchons, de nombreux groupes composés essentiellement de femmes et d'enfants, ont mis à profit le calme observé samedi matin pour quitter ces quartiers et chercher refuge dans d'autres secteurs de la capitale centrafricaine ou rejoindre leurs familles dans les villages à l'extérieur.

Selon des témoins, les partisans de l'ancien chef d'état-major des Forces armées centrafricaines (FACA) François Bozizé, à l'origine des tirs vendredi après-midi, tiennent plusieurs sites dans le nord de Bangui.

Ils ont ainsi occupé dans le 4è arrondissement le siège du parti au pouvoir, le Mouvement pour la Libération du Peuple Centrafricain (MLPC), et y tiennent un axe important, menant à l'aéroport. A leur arrivée vendredi, ils ont également saccagé un commissariat d'où ils ont libéré les gardés à vue.

Nombre d'entre eux, en jeans et T-shirts, portant souvent une barbe bien fournie, continuaient à tourner samedi matin dans les quartiers nord à bord de véhicules. Une bonne partie ont le front ceint d'un bandeau jaune ou vert, dépourvu d'inscription et d'un brassard de même couleur. Il pourrait s'agir d'un moyen de s'identifier entre eux puisque la plupart sont en civil, estiment des observateurs.

Selon des témoins, ces hommes, qui ne seraient pas plus d'une centaine, ont été stoppés alors qu'ils arrivaient aux portes de Bangui, au PK 12, un barrage à l'entrée nord de la ville tenu par des éléments de la sécurité présidentielle, des gendarmes et des militaires. Ils occuperaient toujours des positions dans ce secteur du PK 12, à une dizaine de km du centre-ville.

Il n'était pas possible samedi matin de savoir si des négociations étaient en cours entre ces hommes et les autorités centrafricaines qui sont restées muettes depuis le début des événements.

Par ailleurs, sa famille était toujours sans nouvelle du porte-parole de la présidence centrafricaine, Prosper N'Douba, et de son chauffeur, interceptés par les assaillants vendredi après-midi alors qu'ils circulaient en voiture dans les quartiers nord de Bangui.

Les tirs d'armes lourdes et d'arme automatique avaient débuté vendredi peu avant 14H00 GMT et s'étaient prolongés, avec des périodes d'accalmie, jusque vers 20H00 GMT.

Le contingent libyen, qui se trouve à Bangui pour assurer la sécurité du président Ange-Félix Patassé depuis la tentative de coup d'Etat de mai 2001, a eu à nouveau recours samedi matin aux avions de reconnaissance de type Marchetti dont il dispose pour localiser les tireurs.

Sans se déplacer vers les quartiers nord, les Libyens, habituellement postés autour du palais présidentiel, ont également procédé à des tirs, notamment à partir de 4X4 dotés d'orgues de Staline.

Quant aux tirs entendus vendredi en fin d'après-midi dans le sud-ouest de la ville, ils auraient été le fait de soldats loyalistes cherchant à sécuriser le secteur, ont indiqué des témoins.

La radio nationale, qui n'a à aucun moment fait mention des événements, a repris samedi matin ses programmes habituels.

Ces évènements surviennent alors que le général Bozizé vient d'être éloigné du Tchad, où il se trouvait depuis un an, vers la France, dans le cadre d'un accord visant à apaiser la tension entre les deux voisins, Tchad et RCA.


Reprise des tirs à Bangui

BANGUI, 26 oct (AFP) - 14h07 - Des affrontements à l'arme lourde et à l'arme automatique ont repris samedi midi à Bangui après une nuit et une matinée d'accalmie, a constaté le correspondant de l'AFP.

Ces tirs continus, plus nourris par intermittence, ont été été entendus à partir de 11H00 GMT, principalement dans les quartiers nord de Boy Rabe et la zone du PK 12, ainsi qu'au sud-ouest de la ville dans le secteur de l'aéroport.

L'affolement gagnait la population des quartiers nord qui quittait depuis le matin ces secteurs par petits groupes pour se réfugier en des lieux plus sûrs.

Ces combats opposent les forces loyalistes à des partisans de l'ancien chef d'état-major centrafricain François Bozizé, accueilli il y a peu en France.

Ces éléments ont vécu l'année écoulée dans la brousse dans le nord de la Centrafrique après l'échec d'une épreuve de force en novembre dernier entre leur chef et les autorités centrafricaines. Le général Bozizé avait alors trouvé refuge au Tchad avec une partie de ses hommes.

Partis du nord de la Centrafrique, ces partisans ont été stoppés vendredi après-midi à un barrage tenu par la sécurité présidentielle, des gendarmes et des militaires, au PK 12, soit au douzième kilomètre depuis le centre-ville de Bangui sur la route menant au nord du pays.

Nombre d'entre eux, plutôt hirsutes et à la barbe fournie, sont en civils et portent des bandeaux ou des brassards de couleur vive, apparemment pour s'identifier entre eux.

Aucune information officielle n'a été diffusée sur ces événements et les assaillants n'ont fait aucune déclaration ni formulé aucune revendication pour le moment.

Selon des observateurs, il pourrait s'agir d'un baroud d'honneur d'anciens militaires qui, livrés à eux-mêmes depuis un an, se sentent encore davantage abandonnés depuis le départ de leur ancien chef pour la France où il a été accueilli dans le cadre d'un accord visant à désamorcer la tension entre le Tchad et la RCA.


Les tirs à Bangui continuent. Les habitants quittent massivement les quartiers nord