Décès du professeur Abel Goumba, combattant et figure de la politique centrafricaine


Abel GoumbaBANGUI, AngolaPress, 11/05/09 13:48 - Le professeur Abel Goumba, ancien président intérimaire de la Centrafrique et ancien Premier ministre, est décédé lundi dans une clinique de Bangui à l'âge de 82 ans, a-t-on appris de source proche du Conseil national de la médiation qu'il dirigeait.

Plusieurs fois ministre sous le premier président de la République centrafricaine Barthélemy Boganda, il avait brièvement été président intérimaire du pays à la mort de celui-ci en 1959.

Il a également été Premier ministre de mars à décembre 2003 après l'arrivée au pouvoir par les armes de François Bozizé, et vice-président de ce dernier pendant la transition de 2003 à 2005.

Il était médiateur de la République depuis 2006.Professeur agrégé de médecine de santé publique, Abel Goumba était marié, père de 15 enfants.

 

 

Centrafrique : Le gouvernement adresse ses condoléances à la famille du Profeseur Abel Goumba

Bangui, ACAP,  11 Mai 2009 - 15:43- Le ministre d’Etat chargé de la Communication et porte parole du gouvernement, Cyriaque Gonda a présenté lundi 11 mai 2009, dans un communiqué radiodiffusé les condoléances du gouvernement à la famille du Professeur Abel Goumba, décédé ce jour à Bangui.

Selon les termes de ce communiqué gouvernemental, le Président de la République François Bozizé, le Premier ministre Faustin Archange Touadéra et tous les membres du gouvernement affirment avoir appris avec une profonde douleur, une amertume et une consternation, l’annonce de la mort du Professeur Abel Goumba.

Signalons au passage que dès l’annonce du décès, le Président de la République François Bozizé, le Président de l’Assemblée Nationale, Célestin Leroy Gaombalet et le Premier ministre, le Professeur Archange Faustin Touadéra se sont succédé à la morgue de l’hôpital communautaire de Bangui où il se sont recueilli sur le corps du disparu en attendant les obsèques officielles.

Président fondateur du Front Patriotique pour le Progrès (FPP) le Professeur fut Vice Président de la République, Premier ministre et Président du Conseil national de la Médiation.


 

Décès du Pr Abel Goumba : Omar Bongo écrit à François Bozizé

 

Monsieur le Président et cher frère,

 

J’ai appris avec une profonde émotion le décès du Professeur Abel Goumba, figure majeure de la scène politique centrafricaine. Votre pays perd là, l’un de ses valeureux fils dont le combat a été constant dans la marche de la République centrafricaine sur  les chemins de la paix, du progrès et de la démocratie.

Je voudrai alors, en cette douloureuse circonstance, au nom du peuple gabonais, du gouvernement de la République et en mon nom propre, exprimer ma fraternelle solidarité au peuple centrafricain et à vous-même ainsi que toute la compassion à la famille du disparu.

En même temps que nos condoléances émues, je vous prie d’agréer, Monsieur le président de la République et cher frère, l’assurance de ma haute considération.

 

El Hadj Omar BONGO ONDIMBA

 

Mercredi, 13 Mai 2009

http://www.upg-gabon.org


Une réflexion à méditer du professeur Abel Goumba sur « Le rôle des élites africaines » ou le mal centrafricain n° 1, septembre 1998

 

On a coutume de qualifier la plupart des dirigeants africains de << Révolutionnaires au bord de la Seine, mais bourgeois en Afrique >>. Cela n'est pas faux. Pour la République Centrafricaine en tout cas, c'est l'origine et la cause, en grande partie, de tout le mal dont souffre aujourd'hui le peuple mise en tutelle internationale, en fait, de notre pays.

 

Il ne pouvait en être autrement, si l'on se réfère à l'histoire récente du continent africain en général et du Centrafrique en particulier :

 

 << Continent marginalisé, mal parti, en état de survie, aux populations arriérées, analphabètes, ignorantes, pauvre, misérables ;

 

. Gouvernement des copains, incompétents, corrompus, dirigés par des roitelets, caractérisés par des abus de pouvoir, du favoritisme, du tribalisme, du régionalisme;

 

. Economie extravertie, encore dominée par l'économie de traite, offrant l'image de métropoles géantes aux assises fragiles, coexistant avec celle des villages affamés, aux taudis pourrissants et croulants, mondialisation de la misère et de l'incurie, etc.>>

 

Tels sont les quelques qualificatifs attribués couramment aux pays africains et à leurs populations.

 

Certes, des causes exogènes et endogènes sont souvent avancées pour expliquer le retard de l'Afrique Noire et le fossé qui se creuse de plus en plus entre pays développés et pays en voie de développement. Mais parmi ces causes, il convient de noter plus particulièrement le rôle néfaste joué par les élites et cadres africains dans le développement de leurs pays, notamment celui des élites et cadres centrafricains.

 

Pour mieux souligner l'origine et la cause du mal centrafricain, il suffit de suivre l'itinéraire politique des jeunes cadres centrafricains depuis leur entrée dans la Fonction publique locale jusqu'au pouvoir suprême de l'Etat.

 

Le jeune cadre national muni de son diplôme obtenu dans une université étrangère ou locale, dépose joyeusement et fièrement son parchemin, sur la table d'emploi du ministère de la fonction publique, comme une clé dont on se sert pour ouvrir une porte. Dès lors, il commence à lorgner du côté des personnalisées, de ses amis ou de ses collègues proches du pouvoir se familiariser avec les membres du Parti dirigeant. Poussé par l'appât du gain, il abandonne progressivement sa propre idéologie adoptée, développée et exposée depuis les bancs de l'université et à son entrée dans la Fonction publique, au profit de l'idéologie et des pratiques du Parti du chef de l'Etat. Il commence alors à se rapprocher des membres influents du Parti-Etat et à encenser le chef de l'Etat dès que l'occasion se présente, avec le désir secret de se faire remarquer. Il adhère au Parti-Etat, un parti qu'il avait pourtant combattu et critiqué naguère, surtout s'il s'agit d'un parti unique opposé à ses convictions démocratiques ou socialisantes.

 

Une fois dans le Parti au pouvoir , unique ou non, il cherche à entrer dans le comité de direction dudit parti, afin de se rapprocher des centres de décision , concernant surtout les postes ministériels, dont l'attribution est décidée par le Parti.

 

Par le jeu des luttes d'influence, des alliances éphémères intéressées, des magouilles et autres astuces , il finit par se hisser à la tête de l'appareil du Parti, ou à une place importante, avec l'arrière-pensée d'accéder au poste de ministère dans le futur gouvernement, fonction tant rêvée pour améliorer sensiblement son << confort digestif >> et son rang social.

 

Une fois parvenu au poste de ministre, notre jeune loup cherche à accéder, par le même mécanisme de luttes d'influences et autres ficelles, grâce à un réseau bien tissé de relations au poste de Premier ministre, tremplin pour l'accès aux plus hautes fonctions de l'Etat. Dès lors, la voie est ouverte et la tentation grande pour se présenter à l'élection présidentielle.

 

Voilà approximativement, en tout cas sûrement pour beaucoup, l'itinéraire administratico-politique de la plupart des élites et cadres centrafricains. Comme on peut le constater, cet itinéraire repose exclusivement sur la recherche obstinée du <<confort digestif >>. Car , adieu ! les principes démocratiques, adieu ! les sentiments nationalistes et patriotiques défendus naguère sue les bancs de l'université, dans la rue pendant les manifestations estudiantines, au sein des associations et corporations estudiantines dont les positions ont souvent été radicales en faveur de la démocratie, de la justice sociale, de la lutte acharnée contre la pauvreté et la misère , sous-tendue par l'intégrité, l'honnêteté, le courage pour braver les prisons et les brimades, le dévouement aux causes justes, etc.

 

Toutes ces belles théories, toutes ces prises de position seront et sont effectivement remplacées par ce que leurs auteurs appellent << réalités du terrain ou real-politik >>, mais qui, en réalité, n'est que la << politique du tube digestif >>, autrement dit la politique de la recherche exclusive du confort digestif, la politique des intérêts personnels et égoïstes au détriment de la démocratie, de l'intérêt général, du Bien commun.

 

En fait, les élites et cadres qui ont reçu les éléments d'une culture universelle les ont utilisés pour la satisfaction de leurs propres besoins personnels, abandonnent les analphabètes et les ignorants à leur sort. C'est ainsi que nos élites et nos cadres en sont arrivés à abandonner leur idéologie première et leurs sentiments d'humanisme puisés au << bord de la Seine >> pour s'installer en Afrique dans le fauteuil moelleux laissé par le colonisateur, devenant ainsi, << bourgeois en Afrique >>, pour le plus grand mal de leur pays.

 

 

Professeur Abel Goumba (in Ezingo N°1, septembre 1998)

 

Source: Une réflexion à méditer du professeur Abel Goumba à méditer sur « Le rôle des élites africaines » ou le mal centrafricain n° 1, septembre 1998

 


Curriculum vitae du Professeur Abel GOUMBA (08 mars 2005)

Tribunes des candidats à l'élection présidentielle en Centrafrique: Les candidats en lice, professions de foi, informations diverses :Goumba Abel (2005)

Deux ouvrages du professeur Abel GOUMBA à lire Vol 1 et 2 : « Mémoire & Réflexions politiques du Résistant… »

Professeur Abel GOUMBA, combattant de la démocratie, de la dignité et de la justice en Afrique par Jean-Pierre Redjekra - Cayenne, le 12 mai 2009

En souvenir du professeur Abel GOUMBA NGUENDE, le patriote, le panafricaniste, décédé le lundi 11 mai 2009 à Bangui, par Victor Bissengué

Lettre de condoleances de Clement Belibanga, ancien ministre, à la famille Goumba - Bangui

ABEL GOUMBA, UNE VIE BIEN REMPLIE - Travailleur infatigable, il était encore à l’œuvre au crépuscule de sa vie. leconfident.net

Les obsèques du Professeur Abel Goumba auront lieu samedi 23 mai 2009 à Bangui


La tribune des officiels pendant le déroulement des obsèques d'Abel Goumba - Avenue des Martyrs
La tribune des officiels pendant le déroulement des obsèques d'Abel Goumba - Avenue des Martyrs (photo Acap/D.Koutou


Actualité Centrafrique de sangonet