En Centrafrique, le drapeau des
ex-Seleka flotte sur la ville de Sibut plongée dans la terreur, le chaos
Des
combattants de l'ex-Seleka dans les rues de Bangui, le 27 janvier 2014.
REUTERS/Siegfried Modola
La situation n'est pas encore
stabilisée à Bangui, tout comme à l'intérieur du pays où des regroupements
d'hommes de l'ex-Seleka ont été signalés dans plusieurs villes. C’est le cas à
Berbérati, à l'ouest, ainsi qu’à Sibut, à
Depuis deux semaines, des hommes de
l'ex-Seleka se regroupent à Sibut. Et selon des habitants joints par RFI, tous
les jours ou presque des véhicules continuent d'arriver. Parfois de Bangui, de
Bambari, de Kaga-Bandoro, ou de Bouca.
Ce jeudi encore, plusieurs pick-up
sont entrés en ville. Selon des témoins, les hommes de l'ex-Seleka auraient
également planté un drapeau rouge en périphérie de la ville pour marquer leur
volonté de partager le pays en deux. Impossible d'avoir un bilan, mais un
habitant assure que chaque jour, des hommes soupçonnés d'appartenir à la
mouvance anti-balaka sont tués. « Les
exactions sont maintenant orientées vers une catégorie de population. Les
musulmans qui sont sur place n’en sont pas victimes, alors que la population non
musulmane en fait systématiquement les frais », rapporte Yoyo
Marcellin, représentant de la région de Sibut au Conseil national de
transition.
« C’est la terreur. Chaque jour, ils tuent, ils
pillent, ils violent, ils incendient des maisons. Selon des informations
recueillies auprès de la population, ils arrivent tous les jours. Les gens sont
dans le désarroi. C’est le chaos total », raconte encore le
député. Mercredi 29 janvier, le bureau d'une ONG internationale a même été
détruit et pillé.
En début de semaine, la Misca a même
fait les frais de cette situation. Cinquante policiers gabonais venus en
reconnaissance ont dû écourter leur mission et rebrousser chemin, sous la menace
des maîtres des lieux. Depuis, personne n'a pris le relais pour sécuriser la
ville. Et beaucoup d'habitants sont partis en brousse, où ils manquent de tout.
Ceux qui sont restés à Sibut se terrent dès la nuit
tombée.
Note :
Les ex-Séléka par colonnes se sont
regroupés à Sibut. C’est la panique et la terreur ; la ville s’est vidée de
ses populations qui errent à la recherche de refuges dans la brousse. Le drapeau
rouge est hissé dans le "QG de SOCADA" pour marquer la volonté de partition du
territoire centrafricain.
Des incursions sont faites sur l’axe
menant vers la capitale. A leur passage, deux jeunes gens ont été abattus.
Alertés par diverses sources, des contingents MISCA et SANGARIS se sont mis en
route dans la matinée du vendredi 31 janvier 2014 pour
Sibut.
Source :
http://www.sangonet.com/afriqg/PAFF/Dic/actuC/ActuC14/sibut-sous-occupat_ex-selka-30012014.html
Sibut, ville-martyre, reçoit le convoi acheminant le matériel du referendum 2004
Une opération a été déclenchée à
Sibut, à
Des soldats de l'opération Sangaris patrouillent dans un quartier de Bangui, le 26 janvier 2014. (ISSOUF SANOGO / AFP)
Bangui, les soldats français se sont massivement déployés après une nuit de tirs. (AFP / MIGUEL MEDINA)
Par Francetvinfo.fr
- 31/01/2014,
21:17
Les exactions en
Centrafrique ne se concentrent pas qu'à Bangui et se diffusent
dangereusement en province. Jeudi 30 janvier, une imposante colonne d'une
cinquantaine de véhicules chargés d'ex-rebelles de la Séléka lourdement
armés est entrée dans la ville de Sibut, à
En quoi consiste cette
opération ?
"Une opération
militaire est en cours sur Sibut", a déclaré un
officier de communication français. "Deux
avions et deux hélicoptères français survolent la ville depuis 15
heures", a confirmé à l'AFP un habitant de la ville réfugié en
brousse. D'après lui, "des éléments de
la force Sangaris [les troupes françaises] et de la Misca [les troupes de
l'Union africaine] sont à
Un responsable du
ministère de la Défense à Paris a confirmé que des appareils français, avions et
hélicoptères, ont survolé Sibut en début d'après-midi, précisant qu'il
s'agissait d'une mission "d'accompagnement" et qu'il n'y
avait pas eu d'intervention des appareils français contre des troupes au
sol.
Par ailleurs, trois
contingents de la Misca (camerounais, burundais et gabonais) ont quitté Bangui
vendredi pour Sibut, selon Jeune
Afrique. Selon le journal La
Nouvelle Centrafrique, des tirs d'armes lourdes ont retenti dans la
soirée.
Pourquoi un tel
déploiement ?
Comme souvent en
Centrafrique lors d'une attaque, les habitants ont fui en brousse pour échapper
aux violences des anciens rebelles. "99% de
la population a quitté Sibut", a expliqué l'habitant à l'AFP. Selon
lui, les ex-rebelles sont "une
centaine", arrivés de "différents endroits de province pour se
regrouper". Maîtres de la ville, "les Séléka se cachent dans des maisons abandonnées
par les civils". Jeune Afrique parle pour sa
part de 500 à 1 000 hommes. Quant à la cinquantaine de policiers
congolais sur place, ils ont dû lever le camp.
En fait, il semble
que les combattants musulmans qui ne s'expriment qu'en arabe affluent depuis
deux semaines vers Sibut, selon RFI. Ils viennent de Bangui, de Mabari, de
Kaga-Bandoro ou de Bouca. Avec eux, vient la mort. Ceux qui sont soupçonnés
d'être membres des milices chrétiennes anti-balakas sont tués. "Les exactions sont maintenant orientées vers une
catégorie de population. Les musulmans qui sont sur place n'en sont pas
victimes, alors que la population non musulmane en fait systématiquement les
frais", rapporte un député de la région à la
radio.
"C'est la terreur.
Chaque jour, ils tuent, ils pillent, ils violent, ils incendient des maisons.
Selon des informations recueillies auprès de la population, ils arrivent tous
les jours. Les gens sont dans le désarroi. C'est le chaos
total", poursuit
le député. Mercredi, le bureau d'une ONG a été détruit et
pillé.
Pourquoi les ex-rebelles se
rassemblent à Sibut ?
Ces mouvements sont
la conséquence du départ du président issu de la Séléka, Michel Djotodia. Il a
été suivi du départ de certains officiers vers le Tchad et du cantonnement de
combattants à Bangui. Mais nombre d'entre eux ont préféré fuir avec armes et
bagages. Ils sillonnent désormais les routes de province sans aucun
contrôle. Un religieux italien signale des mouvements de troupes à travers le
pays.
Des exactions sont
signalées dans de nombreuses villes. Bocaranga (au nord-ouest), par
exemple, est "une ville fantôme, vide,
détruite, pillée. C'est effrayant", a
témoigné Delphine Chedorge, coordinatrice d'urgence pour MSF.
"Les contacts que nous avons en province
nous font part de violences extrêmes et de déplacements de populations. La
population est terrorisée." Un responsable de Human Rights
Watch signale pillages, exécutions et incendies de
villages.
Au-delà de ces
violences, selon une source diplomatique, "il y a eu une redistribution des cartes au sein de
la Séléka". Dans la soirée de vendredi, la nouvelle
présidente centrafricaine, Catherine Samba-Panza, a
dénoncé "une tentative de
déstabilisation" et "l'irruption de groupes armés appartenant à
l'ex-Séléka à Sibut avec des velléités de
sécession". Ainsi, la colonne entrée jeudi
à Sibut est commandée par Mamadou Rakis, ancien directeur
général adjoint de la police centrafricaine de l'ex-président
Michel Djotodia.
De nombreux rebelles
ne veulent pas abandonner le pouvoir dont ils se sont emparés en mars 2013 en
portant Michel Djotodia à la tête du pays. Ils pourraient miser sur une
partition du territoire, entre le nord (où les musulmans sont plus nombreux) et
le sud, très largement chrétien. Selon des témoins, cités par RFI, des rebelles
auraient planté un drapeau rouge en périphérie de Sibut pour marquer la
partition du pays.
liberation.fr avec l’AFP - 31 janvier
2014
La présidente de
transition de la Centrafrique, Catherine Samba-Panza, le 21 janvier. (Photo
Issouf Sanogo. AFP)
La
nouvelle présidente centrafricaine, Catherine Samba-Panza, a accusé vendredi les
ex-rebelles qui ont pris le contrôle de Sibut (
«Des
informations concordantes relayées par les médias internationaux font état de
l’irruption de groupes armés appartenant à l’ex-Séléka à Sibut avec des
velléités de sécession», malgré les appels à
la paix et à la réconciliation du nouveau gouvernement, a dénoncé Catherine
Samba-Panza dans une déclaration vendredi à la radio
nationale.
«Je suis informée des
actes nuisibles en cours pour déstabiliser mon mandat. Je mets en garde ces
aventuriers connus, qui ont pourtant montré leurs limites dans la gestion du
pouvoir dans un passé récent», a-t-elle
ajouté.
Lourdement armés, ces
combattants sont commandés par Mamadou Rakis, ancien directeur général adjoint
de la police centrafricaine de l’ex-président Michel Djotodia, et ont commis des
exactions contre la population de Sibut, selon une source de la gendarmerie
centrafricaine.
«Au moment où le
gouvernement appelle au rassemblement, à la tolérance, et à la réconciliation
nationale, certains de nos compatriotes veulent prendre sur eux la lourde
responsabilité de diviser le pays. Or aucun Centrafricain digne de ce nom ne
peut laisser prospérer un tel projet funeste et antipatriotique, irresponsable
et dangereux. Le peuple centrafricain ne cédera en aucune manière un pouce de
son territoire», a prévenu la
présidente.