Réponse de Sylvain DEMANGHO au Communiqué de presse n°4 de la Convergence Kwa Na Kwa France Europe*:

"faire le tri le moment entre les vrais patriotes sincères, intègres, responsables, ses amis et la bande à la composition hétéroclite des thuriféraires des derniers jours."

 

Dans son communiqué de presse n°4 publié en date du 21 mars 2005, la Coordination de la Convergence Kwa Na Kwa France Europe, sous prétexte d’une réaction au dernier communiqué de presse du Collectif des Centrafricains en France (CCF) sur les élections du 13 mars 2005 en Centrafrique, s’est lancée dans une diatribe d’une rare bassesse intellectuelle, éthique et digne des organisations fascisantes.

En plus du caractère inquisitoire et de désignation de la personne du président du CCF, comme principal animateur de l’opposition en France contre le Général François BOZIZE, candidat à sa propre succession au poste de Président de la République Centrafricaine, les rédacteurs du communiqué de presse n°4 de la Convergence Kwa Na Kwa France Europe ont par leurs propos insidieux porté des accusations sans en apporter les preuves formelles.

J’ai préféré faire cette mise au point non pas en ma qualité de Président du CCF, mais à titre personnel, en homme libre et citoyen responsable.

Tout d’abord, je trouve étonnant que des individus devenus subitement membres de la Convergence Kwa Na Kwa France Europe alors qu’ils étaient, il y a de cela encore quelques mois, des militants actifs de formations politiques telles que le MLPC, le FPP, le RDC, le MDD, le MDI-PS, le PSD … parlent aujourd’hui de l’apolitisme du CCF alors que ces mêmes personnages viennent régulièrement abordé des questions politiques au sein de cette association.

Ai-je besoin de rappeler que le CCF a été créé dans le but de lutter contre la mise à terme de la démocratie pluraliste et l’instauration d’un régime d’exception en Centrafrique après le coup d’Etat de septembre 1981 ?

Depuis sa création en 1984, tant au niveau de ses statuts que de ses actions, le CCF n’a pas varié et s’est toujours clairement positionné comme une organisation démocratique de lutte contre la dictature sous toutes ses formes, de revendication pour la démocratie pluraliste, de défense de l’unité nationale et des droits humains en Centrafrique. Les anciens présidents du CCF, Ambroise SARAGA, Josué BINOUA, Léon OUANGANGO, Yves DESSANDE (pour ne cités que ceux-là) sont encore vivants pour en témoigner.

Alors, prétendre que c’est sous la présidence de Sylvain DEMANGHO que le CCF " s’est spécialisé uniquement dans l’organisation des réunions politiques alors que ce n’est pas sa mission " procède soit de l’ignorance, soit de la mauvaise foi et donc d’une grossière contre-vérité visant à nuire à un individu pour des raisons occultes.

D’autre part, ce n’est pas parce qu’un membre de la direction actuelle du CCF, notamment son Vice-président, aurait décidé opportunément de rejoindre la Convergence Kwa Na Kwa France Europe et tente de jouer du zèle pour se faire remarquer ; ou bien qu’un autre membre du CCF ayant estimé qu’il est de son devoir de citoyen d’écrire une lettre ouverte au Président de la République qu’il faille en déduire que ceux qui n’ont rien fait dans un sens ou dans l’autre ou encore qui préfèrent rester fidèles aux orientations, à l’éthique du CCF sont contre le Président BOZIZE.

Concernant les actes condamnables de vandalisme opérés le 13 mars 2005 sur le bureau de vote n°1 installé au sein de l’ambassade à Paris, je voudrais bien qu’on m’explique comment des individus qui prétendent gouverner actuellement notre pays puissent me reprocher en ma qualité de Président du CCF (une des nombreuses organisations associatives centrafricaines en France) de ne pas avoir initié une démarche de dénonciation auprès des autorités de la Police Française de ressortissants centrafricains pour les actes de vandalisme qu’ils ont commis au sein de notre représentation diplomatique mais aussi pour des histoires de titres de séjour ou de comportements anormaux de réfugiés politiques en France.

Je voudrais aussi faire observer qu’au sein du Comité d’ambassade de Paris, chargé de l’organisation des opérations de vote en France, siégent les représentants de tous les Partis qui ont des candidats à l’élection présidentielle ainsi que des représentants d’associations telles que : CCF, ACFEM, Cœur d’Afrique, Centrafrique Sans Frontières, SOLISIDAC… Pourquoi, aucun président ou représentant de toutes ces organisations ait été interpellé ou fait l’objet d’une quelconque mise en cause ou condamnation par la Coordination de la Convergence Kwa Na Kwa France Europe pour " défaut de réaction " ou " refus de délation " à l’encontre des casseurs du 13 mars 2005 à Paris ?

Et puis, pourquoi la Coordination de la Convergence Kwa Na Kwa France Europe qui regrouperait " 30 partis politiques auxquels il faut ajouter des personnalités indépendantes et la société civile " n’a-t-elle pas pris ses propres responsabilités en tant qu’organisation représentative et crédible en faisant ce qu’elles voudrait faire-faire par le seul président du CCF ?

Enfin, si les membres de la Coordination de la Convergence Kwa Na Kwa France Europe pensent que la solution aux diverses dérives de la culture de violence qu’entretiennent de manière permanente quelques compatriotes égarés et manipulés par des Partis politiques bien connus réside dans la délation et la répression de ces derniers par les services de Police française, je pense qu’ils se trompent lourdement et manquent terriblement de pédagogie politique, de sens patriotique.

Faire de la délation une méthode de règlement de conflits au sein de la Communauté centrafricaine à l’étranger comme le suggère si " officiellement " la Convergence Kwa Na Kwa France Europe ne peut que m’amener à m’interroger si nous ne sommes pas en face d’un nouveau groupuscule d’extrémistes à la composition hétéroclite, véritable terreau fertile pour tous les individus sans repères politiques et idéologiques, sans foi, ni lois, traîtres à la Nation et apprentis fascistes des temps nouveaux ?

Affirmer que j’ai des liens particuliers avec le candidat Jean-Jacques DEMAFOUTH pour l’avoir reçu en ma qualité de Président du CCF à l’un des débats citoyens organisés par le Collectif est tout simplement une tentative de manipulation éhontée. Prétendre le contraire, reviendrait alors à dire aussi que j’ai des liens particuliers avec tous les hommes politiques centrafricains que j’ai eu l’honneur et le grand plaisir citoyen et patriotique de rencontrer ou de faire rencontrer par des compatriotes résidents en France lors de manifestations ou de débats publiques que j’ai initié à titre personnel ainsi qu’en ma qualité de responsable associatif au CCF et ailleurs.

Ainsi, si on suit la logique des rédacteurs de la Coordination de la Convergence Kwa Na Kwa France Europe, j’aurai par exemple des liens particuliers avec : Daniel NDITIFEÏ, Jean-Paul NGOUPANDE, Maître Henri POUZERE, Martin ZIGUELE, Joseph KITICKI KOUAMBA, Guy MOSKIT, Claude YABANDA…

Alors que le texte du communiqué de presse du CCF n’a fait aucune mention nominative, ni fait allusion à la fonction de Chef de l’Etat Centrafricain, les rédacteurs du communiqué de presse n°4 de la Coordination de la Convergence Kwa Na Kwa France Europe dans leur désirs obscurs de se prendre au Président du CCF, en l’occurrence moi-même, vont se permettre un raccourci du genre (je les cite) : En vertu de quel pouvoir et sur la base de quoi le CCF met en garde le président François BOZIZE contre le fait que nous citons " si le résultat définitif ne reflète pas la volonté réellement exprimée par la majorité des centrafricains, le pays ira tout droit vers une nouvelle catastrophe humanitaire, militaire, économique, avec le risque réel, d'une implosion nationale comme en Somalie et ses conséquences désastreuses sur l'ensemble de la sous région de l'Afrique centrale ".

Si la Coordination de la Convergence Kwa Na Kwa France Europe voulait réellement être au service du Général François BOZIZE ou du moins l’accompagner efficacement pour un combat patriotique et national, ce n’est pas en répondant au communiqué de presse du CCF.

Elle devrait être plus inspirée en répondant par exemple à la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) qui a, dans son dernier rapport sur la République Centrafricaine publié en mars 2005, fait état d’informations graves et mis en cause bien explicitement les responsables des crimes de sang, des génocides, des viols de femmes et d’enfants, etc. commis dans le pays depuis quelques années ainsi que la problématique de leur poursuite devant la Justice internationale, particulièrement la Cour Pénale Internationale.

Par ailleurs, il m’a semblé avoir noté que ce rapport de la FIDH a également fait mention des tripatouillages qu’auraient commis le régime en place non seulement pour éliminer certains candidats à l’élection présidentielle mais aussi dans le but de truquer le résultat des élections du 13 mars 2005.

Alors, pourquoi la Coordination de la Convergence Kwa Na Kwa France Europe n’a-t-elle pas jugé utile de réagir devant toutes ces informations aussi importantes que graves concernant la situation des droits de l’homme ainsi que le processus de retour à une vie démocratique en Centrafrique qui ont été publiées par le FIDH ?

Le comble des paradoxes dans la tentative grossière de manipulation des faits par les initiateurs/rédacteurs du communiqué de la Coordination de la Convergence Kwa Na Kwa France Europe réside en ces trois paragraphes que je cite ci-dessous  :

1 - " Monsieur Sylvain DEMANGHO doit se rappeler qu’avec ses amis ils ont appelé à l’insurrection du peuple centrafricain contre l’ancien régime. Il s’est produit les événements du 28 mai 2001 avec les conséquences que l’ont connaît. Est-ce que monsieur DEMANGHO et ses amis ont-il assumé les conséquences de cet appel ? Il ne suffit pas d’appeler à l’insurrection mais aussi d’assumer les conséquences "

2 - " La Coordination de la Convergence KNK France Europe s'étonne d'entendre des centrafricains rappeler les souvenirs et les conséquences du coup d’état du 28 mai 2001. Les bourreaux et une partie des victimes de ce génocide, signent aujourd’hui des communiqués au bord de la Seine pour appeler à une résistance populaire "

3 - " Si monsieur Sylvain DEMANGO et Consorts appellent à la rébellion, ils ne doivent pas oublier que le gouvernement de monsieur Abel GOUMBA a transmis au CNT un certain nombre de textes de lois qui ont été votés et qui répriment tout appel à l’insurrection populaire et à la rébellion "

Messieurs Maurice OUAMBO DJENTO, Fabrice Alain WALO, Jean-Paul ENZA… a qui voulez-vous faire croire que vous-même et certains membres actuels de la Convergence Kwa Na Kwa France Europe ne sont pas parmi ceux des centrafricains qui depuis l’année 1996 ont soutenu et continu de soutenir activement la stratégie de coup d’Etat ou encore de rébellion militaire pour la prise et le maintien au Pouvoir en Centrafrique ?

Monsieur Maurice OUAMBO DJENTO, il n’y a pas encore si longtemps, ne faisiez-vous pas partie des personnes très proches des cercles politiques et militaires à l’origine des mutineries de 1996 et 1997 ainsi que du coup d’Etat manqué du 28 mai 2001 ? M’avez-vous rencontré une seule fois dans une réunion de concertation en vue de lancer une quelconque insurrection militaire en Centrafrique ?

Pour rappel, je vous ferais simplement remarquer que depuis toujours, et surtout lorsque j’étais Vice-président du Bureau Exécutif du CCF en 1995/1996, j’ai eu à me positionner et à me battre ouvertement pour l’application stricte des principes et règles démocratiques en Centrafrique, à savoir : la voie populaire pacifique et la voie des urnes comme seuls moyens légitimes et crédibles de prise et de maintien au Pouvoir. Et, pendant plusieurs années, j’ai défendu ardemment cette posture démocratique et pacifique au sein du CCF face aux partisans de la stratégie de coup d’Etat ou encore de rébellion militaro-politique.

François PASSEMA, Léon OUANGANGO, Jean-Pierre MARA, Jean-Pierre REDJEKRA, Jonathan KPIDOU, Jean-Bosco PELEKET, Bertrand KEMBA, Honoré BARAMANZOLI, Henri GROTHE, Pascaline YABANDA, Simon-Pierre KOYT, Claude YABANDA, Faustin ZAMETO, Henri GOUANDJIA, Claude LENGA… sont encore là pour témoigner de cette bataille démocratique, parfois très rude, au sein du CCF entre des compatriotes bien qu’en accord sur l’objectif à atteindre étaient complètement opposés sur la stratégie à adopter ou mieux les moyens les mieux adaptés au contexte de l’époque pour faire partir le Président PATASSE et surtout arriver à un changement qualitatif de la situation nationale.

Et, pour avoir adopté cette posture politique démocratique et responsable de manière constante, sans concession aucune, j’ai eu à faire l’objet des attaques à but de manipulation politique cynique, malveillante du même genre que celles qui sont aujourd’hui bassement et insidieusement portées contre ma personne par la fameuse Coordination de la Convergence Kwa Na Kwa France Europe.

Tenter maladroitement d’établir un lien entre les positions que défendent actuellement des extrémistes politiques, militaristes qui ont l’art des attitudes à géométrie variable pourvu que cela leur permet d’accéder au Pouvoir politique et administratif en Centrafrique et ma posture actuelle de militant au sein du CCF qui tente de rassembler toutes les forces démocratiques et populaires afin de préserver les acquis positifs du régime transitoire instauré depuis le 15 mars 2003 ne saurait être crédible et encore moins profitable à des individus aussi instables politiquement qu’opportunistes qui ont rejoint dans la précipitation et les calculs cyniques et machiavéliques les rangs de la Convergence Kwa Na Kwa France Europe.

Messieurs de la Convergence Kwa Na Kwa France Europe qui veulent aller à la mangeoire (comme diraient vulgairement mes compatriotes de Paris) vous n’êtes rien d’autres que des individus dépourvus de toute conviction sérieuse et qui pensent qu’en ce moment le cheval le mieux placé pour atteindre vos maléfiques desseins c’est le Général BOZIZE.

J’ose seulement espérer qu’en Officier Supérieur et homme politique vacciné par sa longue et difficile combat personnel, le Général BOZIZE saura faire le tri le moment venu entre les vrais patriotes sincères, intègres, responsables, ses amis et cette bande à la composition hétéroclite de ses thuriféraires des derniers jours.

Lyon, le 25 mars 2005

Sylvain DEMANGHO

Historien, Consultant en ingénierie organisationnelle, en affaires et gestion

* Communiqué de presse n°4 Kwa Na Kwa France Europe (21 mars 2005)