La République Centrafricaine vers une précarité durable

"La récente tentative de coup d'Etat a révélé la précarité de la situation en République centrafricaine." (Koffi Annan)
"Une paix durable ne peut se faire en Afrique centrale sans la République centrafricaine." (Amadou Toumani Touré)

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Kofi Annan: la récente tentative de coup d'Etat a révélé la précarité de la situation en Centrafrique.
Nations Unies, New Yokk, 5 juillet 2001 -

La récente tentative de coup d'Etat a révélé la précarité de la situation en République centrafricaine. C'est ce qu'affirme le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, dans un rapport rendu public ce matin sur la situation dans le pays et les activités du Bureau d'appui de l'ONU à Bangui. Après avoir souligné que la pauvreté était "incontestablement" la principale source de l'instabilité en Centrafrique, le secrétaire général a invité les personnalités politiques du pays à oeuvrer au rétablissement de la confiance. M. Annan a également demandé à la communauté internationale d'apporter sans tarder le soutien nécessaire à la restructuration des forces de défense et de sécurité, et aux opérations de recouvrement des armes.


L'émissaire de l'ONU appelle les donateurs à faire plus pour la Centrafrique
(AFP, Nations Unies, New York, 5 juillet 2001 - 0h43)

L'envoyé spécial de l'ONU pour la Centrafrique, le général malien Amadi Toumani Touré, a appelé jeudi les pays donateurs à tenir leurs promesses en aidant ce pays à se relever après une tentative de putsch.

M. Touré doit informer vendredi le Conseil de sécurité de l'ONU des résultats de sa mission en Centrafrique où il s'est rendu après le putsch manqué du 28 mai pour tenter d'y apaiser les tensions.

"Malgré tous les efforts et les déceptions, la République centrafricaine ne ne mérite pas d'être lâchée", a dit à des journalistes l'ancien président malien.

Les Nations Unies ont joué un rôle actif après de précédentes mutineries en 1996 et 1997, en déployant une opération de maintien de la paix, puis en février 2000 un Bureau d'observation des Nations Unies en Centrafrique (BONUCA) pour appuyer les efforts de réconciliation nationale.

En revanche, M. Touré a estimé que, "sur le plan matériel et financier, la communauté internationale a fait beaucoup de promesses, mais elle ne les a pas tenues".

Il a relevé que celle-ci n'avait pas donné suite à la demande d'établissement d'un fonds spécial prévu par une résolution du Conseil de sécurité de novembre 1997.

L'émissaire de l'ONU a aussi critiqué les organisations financières internationales qui posent de sévères conditions à l'octroi d'une aide.

"On ne peut s'enfermer dans un cercle infernal qui dit que sans conditionalité il n'y a pas d'argent. On doit pouvoir traiter les pays africains, surtout ceux sortant de crises, au cas par cas", a-t-il déclaré.

Il a souligné que, à l'origine des crises à répétition en Centrafrique, il existait un problème structurel de pauvreté, aggravé par des retards parfois de plus de deux ans dans le paiement des salaires.

Dans un rapport publié jeudi, le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan a appelé les donateurs à fournir une aide d'urgence chiffrée par le gouvernement centrafricain à 75 millions de dollars.

"Si la communauté internationale ne l'aide pas, la RCA ne pourra sortir seule de ce marasme économique et financier", a souligné M. Touré.

Il a relevé que la Centrafrique, qui partage 1.200 km de frontières avec la République démocratique du Congo, était "le ventre mou" de l'Afrique centrale, une région où la paix se profile après des années de conflits.

Mais, souligne-t-il, "une paix durable ne peut se faire en Afrique centrale sans la République centrafricaine".


Un fonctionnaire français de l'ONU abattu par des inconnus à Bangui
(AFP, Bangui, 6 juillet 2001 - 13h01)

Un fonctionnaire français de l'ONU, Jean-Pierre Lhommée, responsable de la sécurité des Nations unies à Bangui, a été abattu vendredi dans la capitale centrafricaine par des inconnus, a-t-on appris de source diplomatique.

Ce fonctionnaire, un ancien colonel de l'armée française, a été mortellement frappé par une rafale d'arme automatique au moment où il arrivait en pleine nuit au domicile d'une employée des Nations unies, victime d'une agression.

"Après avoir reçu l'appel de l'employée menacée de braquage, il a sollicité une escorte de gendarmerie et de police pour l'accompagner sur les lieux", a expliqué la source diplomatique qui ignorait si l'escorte fournie à l'ancien militaire avait par la suite pu interpeller les assaillants.

Jean-Pierre Lhommée, qui avait occupé le poste de chef d'état-major des Eléments français d'assistance opérationnelle (EFAO) quand la France avait déployé des militaires en Centrafrique, connaissait bien la capitale Bangui, a-t-on appris de même source.

Ce meurtre n'aurait apparemment aucun lien avec le récent coup d'Etat manqué du 28 mai dernier, estiment les observateurs qui font remarquer que la capitale centrafricaine est victime d'une insécurité grandissante depuis plusieurs mois.

Le 18 mai, un diplomate tchadien en poste à Bangui et sa femme avaient été agressés à leur domicile par deux malfrats équipés de fusils d'assaut, rappelle-t-on.


Tentative de coup d'Etat: plus de 9O personnes déjà placées en garde à vue
(AFP, Bangui, 5 juillet 2001 - 19h06)

Plus de 9O personnes soupçonnées d'être impliquées dans la tentative du coup d'Etat du 28 mai dernier sont actuellement placées en garde à vue dans les locaux de la gendarmerie de Bangui, a indiqué jeudi la commission chargée d'enquêter sur le putsch manqué.

"Il s'agit de militaires et de civils", a indiqué sans plus de précisions le président de cette commission, Joseph Bindoumi, dans une interview accordée à la radio nationale.

"La commission mixte d'enquête a reçu à ce jour plus de 3OO dénonciations, verbales ou écrites. Elle a entendu sur procès-verbal 87 personnes et il en reste encore près de 2O à entendre", a-t-il affirmé, ajoutant que les investigations se poursuivaient.

Chargée de rassembler les preuves, rechercher les auteurs, co-auteurs, complices et receleurs de la tentative de coup d'Etat en vue de les traduire en justice, la commission d'enquête se tient aussi à la disposition de toute personne victime des violences du putsch manqué, a rappelé M. Bindoumi.

Ce dernier a par ailleurs tenu à préciser que "la commission n'a rien contre les Yakomas", le groupe ethnique auquel appartient l'instigateur désigné du coup d'Etat, l'ancien chef de l'Etat André Kolingba.

Le président de la commission a néanmoins souligné que le général Kolingba, dégradé au rand de soldat 2ème classe et aujourd'hui en fuite, "s'est appuyé particulièrement sur un cercle très proche des parents de l'ethnie pour réaliser son coup".

Mise en place le 8 juin par arrêté ministériel, la "commission mixte d'enquête" comprend des magistrats et des officiers de l'armée, de la gendarmerie et de la police.

Sa mission doit s'achever avec le dépôt d'un procès-verbal d'enquête préliminaire dans un délai ne pouvant dépasser trois mois.


Actualité Centrafrique - Dossier 5